Algérie

Ennahdha accentue la pression sur le Premier ministre tunisien


La première formation politique en Tunisie, Ennahdha, est revenue jeudi à la charge dans le bras de fer qui l'oppose au Premier ministre Elyès Fakhfakh, réclamant désormais la démission de ce dernier. "Je conseille au chef du gouvernement de présenter sa démission", a déclaré sur les ondes de la radio Express FM le président du conseil du mouvement d'obédience islamiste, Abdelkrim Harouni, ajoutant que son parti "va reconsidérer sa position envers le gouvernement et va prendre la décision appropriée". M. Harouni a expliqué que cet appel est motivé par "les derniers rebondissements dans l'affaire de soupçons de corruption et de conflit d'intérêts pesant sur Elyès Fakhfakh". "Cet appel (démission, ndlr) est motivé par l'existence de nouveaux rebondissements dans ce dossier", a-t-il expliqué, en affirmant que "cette affaire a nui à la coalition gouvernementale".Il a fait savoir ensuite que le parti prendra demain dimanche une décision définitive quant à l'avenir du gouvernement Elyès Fakhfakh. Mais au-delà des soupçons de corruption et de conflit d'intérêts pesant sur le chef du gouvernement, l'appel à la démission lancé par le parti islamiste est en fait motivé par d'autres considérations, politiques cette fois.
Cet appel intervient, rappelle-t-on, après plusieurs tentatives du parti de Rached Ghannouchi à imposer à Elyès Fakhfakh un élargissement de la composition gouvernementale à d'autres formations politiques, notamment Qalb Tounès, son allié au Parlement, et Al-Karama. Devant le refus catégorique du chef du gouvernement, Ennahda tente un passage en force, en exigeant désormais sa démission. "Le parti doit prendre position compte tenu de la situation générale du pays.
On ne peut rester dans l'attente", a soutenu le président du conseil d'Ennahdha. Le 5 juillet, le mouvement islamiste avait pourtant soutenu M. Fakhfakh avant de faire volte-face. "Cette question (affaire de corruption) a nui à l'image de toute la coalition gouvernementale", a affirmé Abdelkrim Harouni, en rappelant que son parti avait "soutenu Fakhfakh, toléré ses choix et également discuté avec lui afin qu'il puisse développer son gouvernement.
Toutefois, le Premier ministre tient à la composition gouvernementale actuelle et refuse de l'élargir. On a besoin aujourd'hui d'un gouvernement au-dessus de tout soupçon de corruption", a-t-il ajouté. Selon Harouni, l'urgence est de se doter d'un "gouvernement plus large et solidaire" et soutenu par la base au sein du Parlement pour qu'il puisse mener des réformes et faire avancer les projets de développement dans les régions.
Mais dans le cas où le gouvernement Fakhfakh tomberait, soit par la démission, soit par un retrait de confiance, la Tunisie entrerait dans une nouvelle phase politique des plus incertaines. Cette nouvelle crise ne ferait qu'ajouter au marasme dans un pays déjà au bord de l'explosion sociale et englué dans les ronces inextricables d'une banqueroute économique.

K. Benamar
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