Enlevez les 'illères !

Deux poids, deux mesures pour la jeunesse, même si celle du Nord n'est pas confortablement lotie en termes d'emploi, de logements et de loisirs, pour ne citer que ces types de besoins fondamentaux. Le Sud, cette partie la plus riche du pays, continue de voir ses jeunes laissés pour compte par les pouvoirs publics qui semblent ignorer les effets néfastes de leur inconséquence en termes de gestion. Le problème n'est pas nouveau, mais aucune solution n'a été apportée à ce jour à un mal qui persiste et qui risque de gangréner tout le pays. Les jeunes chômeurs se révoltent régulièrement, réclamant qu'on leur ouvre les portes des entreprises basées dans la région, au lieu de procéder à des recrutements dans le Nord, souvent en mettant en avant (c'est le malheur de ce pays) le clientélisme et le népotisme. Restés longtemps assommés face aux décisions de responsables qui ne voient pas que l'exclusion peut aboutir à des conséquences que l'on ne pourra contrôler, les jeunes chômeurs du sud du pays ont fini par réagir à leur marginalisation quant à la question de l'emploi notamment. Ils ne cessent de manifester leur existence de différentes manières ? un rassemblement a été organisé mardi dernier à l'ouverture du Salon international des fournisseurs de services pétroliers ? sans que cela émeuve un tant soit peu ceux qui officient à la conduite de ce volet (emploi) et au management des différentes entreprises sur place. Ce ne sont pas les promesses, lancées dans la foulée des manifestations de colère pour calmer les jeunes, qui changeraient la situation, puisque aucun acte ni aucune démarche concrète ne font suite à la parole donnée. C'est la même attitude à laquelle sont confrontés ces jeunes qui ne voient aucune issue à leur désespoir. On leur tourne le dos et on continue à ignorer leur existence, rameutant toujours les proches, les amis et les voisins même pour les postes ne requérant aucun niveau et ne nécessitant aucune qualification. Les déclarations ne sont pas suivies d'effets et les responsables agissant de la sorte ne sont ni inquiétés, ni rappelés à l'ordre. Les jeunes de Ouargla, de Ghardaïa, d'Illizi, de Tamanrasset, de Laghouat et d'autres wilayas du Sud sont des Algériens à part entière, les ignorer relève de la provocation. Pourvoir cette région (avec ses propres richesses d'ailleurs) qui, apparemment, ne fait pas les yeux doux aux différents programmes d'investissement, constitue une urgence pour rattraper le retard cumulé tout au long des décennies post-indépendance. Lui dénier ce droit, c'est conforter la gabegie qui a marginalisé ces jeunes qui n'en peuvent plus d'espérer et d'attendre. Il s'agit d'un droit, ce n'est nullement de la charité. Il faut enlever les ?illères qui masquent la réalité et qui peuvent même empêcher de voir les risques de débordement.R. M.