Les tirs sont
croisés. Les prétendus frères sont devenus les pires ennemis. Les révolutions
régionales infestent le climat continental. L'Algérie subit l'invective et le
prélude à je ne sais quoi. Le chroniqueur de province ne peut se figer dans un
marbre par instinct grégaire et se défend sans commande et sans défendre
quiconque.
Jennifer Rubin, journaliste au Washington
Post dans un éditorial daté du dimanche 6 novembre et intitulé : «Démonstration
de force d'Al-Qaeda au Maghreb» accuse un tant soit
peu l'Algérie de se «cantonner dans une posture de blocage systématique de tout
règlement de la question du Sahara» arguant que ceci «se témoigne par le rapt
de travailleurs humanitaires occidentaux à Tindouf, ainsi que de
l'intensification du trafic de drogues et des être humains». Jennifer Rubin trouve d'ailleurs
«curieux» que les militants d'AQMI aient pu être en
mesure de contourner des check-points mis en place
par l'armée algérienne. L'on susurre aussi que les refugiés
sahraouis sont «une population séquestrée» que l'Algérie n'ait pu en assurer la
protection.
L'Algérie est
devenue, depuis l'indépendance du Soudan du Sud le 9 juillet 2011, le plus
vaste pays d'Afrique de par la superficie. Il est le deuxième pays arabe le
plus peuplé après l'Égypte. Ce nouveau statut attise bien des convoitises et
suscite des appréhensions. L'intérêt géopolitique qui tend de plus en plus à
gérer un monde par souci de domination, s'accroit au
fur et à mesure que s'accroissent les convoitises stratégiques. Hier n'est pas
aujourd'hui. La guerre pure et dure s'est raréfiée au profit d'une autre plus sournoise et fangeuse.
Nonobstant
quelques relents militaires encore en cours dans certaines régions, au nom
d'une légitimité internationale trop controversée ; la justification est loin
d'être une conquête à un espace territoriale. Les batailles des territoires
étant révolues. D'autres cependant s'ouvrent au travers d'un droit universel étriqué dont le seul mobile demeure la faculté juridique
d'intervention et d'ingérence. La présomption de l'égalité des Etats ou de leur
inviolabilité n'est devenue en fait qu'une disposition malléable et flexible
selon l'humeur du puissant et la densité de sa persuasion. L'Irak,
l'Afghanistan, la Lybie et bientôt la Syrie, le Yémen et l'Iran
sont les discours musclés liminaires à tout un plan d'hégémonie planétaire.
L'Algérie apparaissant aux yeux du monde de par son héroïque histoire comme un
symbole de la lutte pour l'autodétermination des peuples et de la lutte contre
le terrorisme sous toutes ses formes, n'est pas indemne de tentatives de
déstabilisation.
LE SALUT DE LA NATION
Le pays a adopté
le multipartisme et la démocratie, après tant de péripéties sous un régime de
parti unique. Mais assez vite le changement démocratique est un peu disséminé
et une cacophonie meurtrière ravageait durant presque dix ans le fondement du
corps social national. Les forces barbares, criminelles et antidémocratiques
voulurent prendre par la force le pouvoir national. Ce qui n'allait pas sans
faire occasionner des dégâts considérables tant sur le plan humain que
matériel. L'armée, appelée à la rescousse, s'est vue dans la morale
constitutionnelle, obligée d'agir par des actions salutaires afin de sauver la
nation d'un véritable désastre. Elle ne transcendait pas ses missions
originelles dans le domaine politique, car depuis les événements d'octobre
1988, l'institution militaire s'est instinctivement dessaisie de toute
immixtion du genre dans la gestion des affaires du pays. Se limitant à la noble
prescription de protection du caractère républicain du pays et de la sauvegarde
de la souveraineté nationale. Cette force militaire qui au cours du siècle
dernier a mis à genoux la puissance coloniale et ses alliées outre-Atlantiques avait pu
spontanément et graduellement s'adapter à une situation à laquelle elle ne fut
guère préparée non sans un bilan humain assez lourd. Initialement une armée
populaire vouée à la libération, elle se transformera, avec doigté et dextérité
vers la fin de la guerre de libération nationale en une authentique armée de
métier constituée de compétences, de corps d'élite et d'une solide expérience.
De ce fait, et lorsque l'Etat s'est trouvé menacé dans ses fondements par les
actes subversifs perpétrés par les groupes terroristes, l'ANP a été aux
premières lignes de la lutte pour restaurer et maintenir la sécurité, la
stabilité du pays et préserver la République et les institutions étatiques.
Concomitant à ceci, l'institution militaire a poursuivi dans un élan studieux
la mise en Å“uvre du vaste programme de modernisation dans lequel elle s'est
engagée pour répondre aux exigences de la défense nationale et être au diapason
des armées modernes. Avant la survenance du crash des tours World Trade Center le 11 septembre
2001, la notion du terrorisme n'avait pas la même définition. Les grandes
puissances, l'opinion officielle internationale en faisait un menu fretin,
croyant à un brin local de révolte ou de soubresauts fiévreux d'ordre politique
interne. Au Washington Post en cette époque en faisait
les éloges « aux défenseurs et victimes des droits de l'homme ». A Londres,
Paris on leur offrait le gite et le couvert, plus une
camera et un micro. L'Algérie ne cessait alors de déployer par preuve et
conviction le caractère transnational de ce fléau, ses capacités de nuisance,
sa connexion direct avec le trafic de drogue et les stupéfiants et son aptitude
à frapper à tout moment et en tout lieu. Ainsi lors d ‘une conférence d'une
instance des nations unies tenue à vienne en Autriche, en 1995, l'Algérie en
son nom, au nom des états arabes et puis africains s'est vue le veto américain
et britannique lui s'opposer en face de l'initiation d'un projet de résolution
voulant mettre une liaison franche entre le terrorisme et le trafic des
psychotropes. Depuis le monde a changé. Fortement. L'apparition des foyers de
tensions de par le monde a contraint la réticence des puissances mondiales à
plus de mesures et de compréhension. Ainsi l'Algérie commençait, par le biais
de son armée à exporter l'expérience acquise dans la lutte antiterroriste et
l'ingénierie militaire à contraindre à la réduction, voire à l'anéantissement
du potentiel criminel des groupes lancés dans l'assassinat collectif. Elle joue
actuellement dans la gestion de la galaxie garnie d'opacité et de non dits
régnant au sahel, un rôle des plus importants et que les grandes puissances,
Etats unis en tête, n'ont de cesse à stimuler et courtiser. L'ANP demeure dans
ce contexte un pivot incontournable et essentiel dans la démarche
professionnelle qu'entreprend l'effort international afin d'éradiquer les
nouveaux fléaux naissant d'entre enlèvements, rapts et demandes de rançons. Les
effets pervers engendrés par le bouleversement des révolutions arabes et le
charivari libyen ont incité à plus d'engagement, de dispositions. Un
accroissement maximum de vigilance y est observé.
INTEGRITE DU
TERRITOIRE : UNE URGENCE PERMANENTE
L'Algérie, le
plus grand pays africain, le plus peuplé partage aussi ses frontières avec sept
pays (Libye, Maroc, république sahraouie, Mauritanie, Mali, Niger et Tunisie).
Cette amplitude territoriale densifiait davantage le rôle de l'armée algérienne
à devoir couvrir securitairement l'ensemble du pays.
C'est à juste titre que par-devant la réplique des menaces et l'implantation du
terrorisme d'Al-Qaïda sur son aile sud (le Sahel)
qu'elle s'est mise dans la permanence d'une attention accrue. Le savoir dans le
redéploiement de certaines de ses unités dans le grand Sud et la méthodologie
d'usage de moyens de reconnaissance aérienne et électronique devaient permettre
l'aisance de traquer des groupes hautement mobiles évoluant sur l'immensité
spatiale désertique située en tenaille notamment entre le Mali, le Niger et la Mauritanie. Objectif
fondamental la défense du pays contre toute atteinte à son intégrité
territoriale.
Ce qui accroit
encore l'appréhension de cette menace, c'est assurément le conflit libyen. Les
groupes de rebelles, doté anarchiquement d'armes et de moyens de guerre, par la France, l'Italie et autres
entités européennes sont devenus comme une horde sauvage agissant sous un coup
de gueule plus qu'ils ne le font sur une stratégie maitrisée
militairement. Le brouillard et l'anarchie qui sévit en ce pays constituent non
seulement pour l'Algérie mais aussi pour les autres pays limitrophes, un danger
permanent et pérenne tant des armes de valeur destructrice sont à l'air libre.
Point de place au fait de vouloir faire une forte impression par cette armada.
L'Algérie, dans un passé récent, lors de la guerre des sables, eut à connaitre un nuage menaçant. Sans la mobilisation de ses
énergies alors naissantes, sans l'engagement inébranlable de son armée à être
sur un qui-vive perpétuel, le pays aurait connut quelques démêlés. Ce ne sera
pas cette auteure le «Huffington
Post» et leurs relais marocains qui agiront par la force sur la force de frappe
d'une Algérie maintenant nouvelle et puissante ou sur ses positions face aux
situations d'autodétermination des peuples.
La modernisation
de l'armée projette une approche didactique de défense moins agressive
singularisée par une politique de défense et de sécurité du territoire. L'enjeu
qui se greffe à cette approche reste confiné dans le comment rallier le souci
de la sécurisation interne, le besoin de s'affirmer en tant que force
tranquille et le besoin d'ouverture vers un monde pluridisciplinaire, multipartisan et démocratique ?
LA DEMOCRATIE EN PARTIE PRENANTE
L'armée
algérienne ne fait plus de politique. Ceci effaroucherait plus d'un qu'il
n'étonnerait plus un autre. Eh oui, ceci est devenu une réalité tangible. N'en
déplaise à quiconque. Depuis son retrait des instances exécutives du parti du
front de libération nationale et à la lumière des nouvelles dispositions
constitutionnelles, elle s'est mise au service de la nation en gardant avec
beaucoup d'ardeur les compétences attributives conventionnelles qui sont les
siennes : La protection du pays. Même l'amalgame crée par, justement l'exercice
de l'acte politique par certains acteurs en mal d'égérie, n'a pu l'engendrer
vers les méandres d'une ingérence dans la trame politique nationale. Gardienne,
elle surveille d'un sens attentif le développement de la démocratie et fait en
sorte qu'elle s'épanouisse. De nombreuses élections ont eu lieu, aucun mot
d'ordre ne fut lancé par ses dirigeants, si ce n'était certaines voix voulant
l'impliquer. La liberté d'expression élective est reconnue, sous le sceau de la
confidentialité à tout élément faisant partie de cette institution. Par
définition son effectif supérieur ou subalterne est déclaré légalement
apolitique. En aucun cas depuis l'instauration d'un climat politique ouvert aux
charmes de la démocratie, l'institution militaire avec tous ses démembrements
n'ait eu à faire d'intrusion dans les trajectoires d‘ordre politique qui
transcendent le pays, si ce n'est encore certaines voix qui voulaient
l'impliquer. Bien au contraire, l'on a vu celle-ci inciter par un silence actif
et de non-ingérence les forces nationales politiques à plus de débats et de
cadres concertationnels. Il reste cependant qu'il
existe des interférences à ne relever qu'au plan de l'acte personnel et non
institutionnel.
LE
PROFESSIONNALISME AU SERVICE DE LA DEFENSE NATIONALE
La défense totale
et entière du pays, reste une déclaration frontale, sans équivoque, soutenue
par toutes les composantes militaires et paramilitaires d'une Algérie se
voulant libre et souveraine. Composée des commandements des forces terrestres,
navales et aériennes, ainsi que d'un état-major responsable de l'emploi et de
la préparation des troupes au combat, l'institution s'organise selon un schéma
général conforme aux normes des armées contemporaines. Le sommet de la
hiérarchie militaire aboutit directement au Chef de l'État,
constitutionnellement chef suprême des Forces armées et ministre de la défense
nationale. La restructuration organique et la professionnalisation entamée ont
fait de l'armée nationale populaire une entité respectée, savamment gérée. Les
conflits régionaux ont eu certes des effets pervers sur la quiétude régnant
jusqu'à à un temps récent au niveau de nos frontières. Cependant, depuis le
prélude de la guerre de Libye en février 2011, conflit dans lequel l'Otan est
le principal belligérant, le statut géostratégique de l'Algérie demeure situé
dans une notion aléatoire, voire menacé. Le bombardement des dépôts d'armes et
de munitions de l'armée libyenne par les forces aériennes et navales de l'Otan
et leur pillage par les rebelles dont des membres de l'organisation terroriste
AQMI (Al-Qaïda au Maghreb Islamique) a entrainé un accroissement comminatoire et pesant des armes
conventionnelles en Libye et au Sahel. C'est toute la hardiesse des services de
sécurité générale d'entre police et gendarmerie qui est mise en épreuve.
Plusieurs tentatives d'introduction frauduleuse de ces armes furent avortées.
Les services spécialisés ont la tête partout. Si avant cette mutation
géopolitique régionale vécue par nos voisins, les frontières étaient quelque
peu tranquilles, avec la survenance justement de ces derniers événements, elles
constituent l'objet d'un souci permanent. Les services y veillent comme on le
fait pour le lait sur le feu. Un regard, une présence, une concentration en
veille continue. L'Algérie se retrouve sans ambages, menacée de tous les
flancs.
UN ŒIL VIGILANT
FACE AUX NOUVELLES MENACES
La sécurité
extérieure du territoire, tel un rempart infranchissable de par la foi et
l'engagement de ses acteurs aurait été l'une des meilleures au monde pour avoir
à temps opportun su déjouer le complot et l'aversion guettant le pays. Digne
héritière du fameux MALG, la sécurité générale du territoire obéit aux
principes constitutionnels de défense du pays, en tant qu'organe réflexif,
préventif et informatif ; voire de formation spéciale professionnelle de
l'armée, tout en adoptant un agencement structurel qui avait conduit à une
adaptation de la doctrine militaire sur la sûreté sectorielle. La menace ainsi
n'est pas sans rapport de pouvoir peser sur les infrastructures sensibles dans
des domaines tels que la circulation des personnes et des biens, l'énergie,
l'industrie, la santé ou la communication. Il y va sans doute de la stabilité
globale du pays dans toute son entièreté. De nouvelles menaces de niveau
stratégique apparaissent, telle la prolifération des armes nucléaires,
bactériologiques, chimiques et balistiques, la grande criminalité organisée, le
blanchissement d'argent, le financement des activités terroristes et leur
soutien, la liaison connexe avec la drogue et les réseaux mafieux,
l'immigration clandestine, les rapts ; sont des créneaux potentiellement
sérieux déjà pris en charge. Ainsi tout service dédié à la sécurité nationale
s'investit dans l'exercice d'actions tendant à « rechercher et prévenir, sur le
territoire de la république, les activités inspirées, engagées ou soutenues par
des puissances étrangères et de nature à menacer la sécurité du pays, et plus
généralement, pour lutter contre ces activités ». A ce titre, il s'exprime par
un service de renseignement de sécurité disposant de pouvoirs de police
judiciaire spécialisée. Donc, si tous les pays du monde, de surcroit
ceux prétendant porter tout haut l'étendard des droits de l'homme et de la
liberté, disposent de tels services, sans pour autant crier à une quelconque
entrave aux libertés fondamentales, pourquoi tient-on à denier à l'Algérie
l'exercice élémentaire par ses services d'un droit naturel de sauvegarde et de
prévention contre toute tentative nuisible étrangère ?
La paix, son maintien, la cohésion sociale et
la sacralisation de l'intégrité territoriale demeurent l'objectif principal
d'où se tire toute la puissance managériale de nos différents services de
sécurité. La sécurisation de la vie citoyenne passe inévitablement par la
présence puissante de services aussi puissants et forts. L'Etat de Droit est là
justement par tous ses organes à garantir et stabiliser la situation
sécuritaire qui prévaut, nonobstant quelques poches d'insécurité par-ci par-là.
Le travail est long, et pérenne. La sécurité comme enjeu et défi n'est-elle pas
l'affaire de tous ?
Que Jennifer de
Washington DC et ses lampistes cambrés à nos cotés dans un hypothétique plan
d'autonomie contrenature, relisent l'épopée d'un
peuple, certes se déchirant, se chamaillant, se vilipendant mais refusant
l'extérieur et l'OTAN.
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Posté Le : 10/11/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : El Yazid Dib
Source : www.lequotidien-oran.com