Algérie

Enjeux d'Une visite



Le secteur de l'environnement à Béjaïa est malade d'une désorganisation totale. Des projets retenus mais jamais concrétisés, faute d'une compétence tant administrative qu'élue, à même de lever les grands obstacles rencontrés. En visite, depuis hier, de travail et d'inspection de 2 jours, la ministre de l'Environnement, Samia Moualfi, aura tout le loisir de passer en revue l'état des lieux et prendre des mesures qui s'imposent, maintenant que les Assemblées sont renouvelées. La réalisation des décharges contrôlées, des centres d'enfouissement technique, l'éradication des décharges sauvages, tout au long du littoral et les routes nationales, l'état de pollution des oueds, tout un programme de défis qui attendent la responsable du département environnement. Béjaïa doit savoir quoi faire de ses ordures et comment les ramasser et pourquoi pas comment les trier. La situation hygiénique et environnementale, qui se dégrade d'année en année, a atteint son comble. Ayant réussi à concrétiser un unique projet sur les dizaines, dont elle a été dotée par les pouvoirs publics, la wilaya de Béjaïa, et plus particulièrement le chef-lieu, s'est vite retrouvé dans une situation inextricable. Mal réfléchi, le CET a vite montré ses limites, avant de se voir fermer, provisoirement, suite à une contestation populaire et depuis 2 mois, de manière définitive à la faveur de la visite de l'ex-ministre de l'Environnement. Que ce soit sur la côte Ouest ou la cote Est, des décharges sont improvisées tout au long de l'accotement des RN24 et 09, longeant le littoral de Béjaïa, sur les territoires relevant de la commune de Toudja, Beni Ksila, Béjaïa à l'ouest, Tichy, Aokas Souk El Tenine à l'est. «Les décharges sauvages» poussent comme des champignons et elles sont rarement collectées. Le même constat est valable aux abords des routes nationales, du littoral, à la montagne, sur le mont de Gouraya, au cap Carbon, aux Aiguades... au Lac noir, dont les vertus n'ont été découvertes qu'il y a de cela 2 ans. Les ordures sont parties intégrantes des sites «dits» touristiques... L'engagement de l'Etat à la préservation des caractéristiques écologiques des zones humides doit être au rendez-vous. L'exemple de l'oued Soummam, qui s'étale sur le territoire de quatre wilayas dont principalement Béjaïa, subit toutes les formes de pollution possibles. Un réceptacle à ciel ouvert, par excellence, de tous les déchets humains et industriels. Reconnue, officiellement, comme zone humide protégée par un arrêté de la wilaya, qui stipule clairement que «le rejet des eaux usées et des déchets ménagers et industriels sans traitement préalable est strictement interdit», la ministre constatera de visu l'étendue des dégâts. De l'embouchure vers la mer, jusqu'aux frontières limitrophes des wilayas, l'oued Soummam reçoit divers rejets, dont les effets s'illustrent, à chaque décrue, par le nombre de poissons morts, rejetés, sur les rivages. L'absence de stations d'épuration dans les grands centres urbains, à haute densité de la population, la prolifération des décharges sauvages au bord de l'oued, le phénomène de lessivage du sol par les eaux pluviales, les produits phytosanitaires utilisés dans l'agriculture et les industries, qui déversent leurs rejets (100 points) dans ce cours d'eau, sont autant de facteurs qui tuent, à petit feu, l'oued Soummam. Une mort précipitée due à l'extraction anarchique et abusive des matériaux alluvionnaires par les exploitants des sablières implantées sur le lit de cette rivière.Le même constat est valable au niveau d'autres grands cours d'eau de la wilaya de Béjaïa. L'oued Aggerioune, qui prend sa source dans la wilaya de Sétif et traverse la région est de la wilaya de Béjaïa, fait l'objet des mêmes inconséquences. Il dépérit chaque jour. Décharge par-ci, rejets polluants par- là, son lit se rétrécit comme une peau de chagrin. Une forte décrue peut entraîner facilement des dégâts considérables. L'engagement d'études sérieuses pour sauvegarder ces deux oueds, pour ne citer que ceux-là, est l'impératif de l'heure. Le ministère de l'Environnement a l'occasion pas seulement de constater mais également d'agir au plus vite. Face aux bouleversements climatiques en cours et la sécheresse à répétition, l'action du gouvernement doit s'orienter, en priorité, vers la conservation de ces zones humides, non seulement à Béjaïa, mais également à travers tout le pays par une politique environnementale adéquate. Autrement, c'est la catastrophe.


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