Engagement et spiritualité

Le Maroc à AlgerLes fans algérois ont pu enfin savourer en live la musique de ce groupe dont les textes, mais surtout les rythmes maghrébo-africains, n'ont pas pris une ride...Le célèbre groupe marocain et emblématique des années 1970, Lemchaheb, s'est produit samedi dernier en ouverture de la nouvelle édition du Festival culturel international de musique diwane dont l'organisation échoit cette année à l'Aarc avec à sa tête un nouveau commissaire, à savoir Rachid Briki. Le troisième croit -on au fil des ans et une programmation initiée cette année à la rescousse avec une grosse dose de musique diwane et des artistes connus et reconnus dans le domaine d'ici et de là-bas, alliant par la même occasion l'esprit de la pure tradition aux influences contemporaines.Aussi, après le groupe Diwan Gnawa El Kandoussia, premier lauréat du festival diwan de Bechar, le public qui s'est déplacé d'abord timidement en allant crescendo au Théâtre de verdure, bois des Arcades de Riad El Feth a pu Apprécier les notes rebelles, chaleureuses qui ne Manquent pas de rythme du groupe légendaire, Lemchaheb qui a gratifié le public de ses plus beaux morceaux, lui, qui ne possède après une si longue carrière que trois albums, à savoir «Khayi», «Fekrek», et chanson populaire du «Marco». Présenté comme un groupe engagé Lemchaheb tient sa particularité aussi du fait qu'il introduit des instruments électriques modernes et de composer des textes dénonçant les excès du régime politique marocain. De ce fait, il a maintes fois été comparé au Sex Pistols. Riche d'influences musicales diamétralement opposées comme le raï, la musique berbère, la musique gnawie et mis au diapason du rock et de la musique pop, Lemchaheb est reconnu pour avoir participé au renouveau de la musique marocaine des années 1970 jusqu'aux années 1980, date à laquelle le groupe disparaît de la scène.Aujourd'hui, le groupe revient en force au-devant de la scène et entend entamer à partir du mois d'octobre une grande tournée maghrébine qui le mènera également en Tunisie et en Algérie en sillonnant, notamment Tlemcen, Constantine, Alger et Annaba. Pour l'anecdote d'ailleurs, il est bon de rappeler que l'un des membres fondateurs du groupe feu Cherif Lamrani, auquel la formation a rendu hommage, avait comme parents, une mère algérienne et un père issu de Sidi Boubker au Maroc. Il viendra tôt s'installer au Maroc. Son père d'ailleurs était chef d'orchestre à Oran.Mais c'est le fils, Chérif Lamrani qui introduira la mandoline dans le groupe des Lemchaheb, cet instrument étant typiquement algérien. Comme quoi il existe un lien étroit entre nos deux musiques et nos cultures respectives, lesquelles ont été renforcées par ce groupe. En témoigne aussi cette belle reprise Hakmet Lakdar, sublime interprétation faite par Hamid Baroudi qui remettra ce titre des Mecheheb au-devant de la scène internationale.Un titre qui a été repris aussi par de nombreux groupes de par le monde y compris en Egypte, nous fera remarquer dans les coulisses après le concert, Mebarek Chadli, auteur, compositeur et interprète, membre fondateur du groupe Lemchaheb. Un groupe qui fera transpirer le public hétéroclite, venu s'abreuver samedi des mélodies entraînantes de ce groupe teinté d'engagement, notamment envers la cause palestinienne en dénonçant le manque de soutien des Arabes. Aussi, nous apprendra Mebarek Chadli, un film sera réalisé bientôt autour de cette musique par Larbi Lakhal en partenariat avec l'Algérie.Comme quoi l'aventure continue et ce que la politique entend séparer, la musique le fait rapprocher immanquablement. La preuve en est la présence du ministre de la Culture Azzedine Mihoubi qui a tenu à saluer le festival Partant, ce groupe frère, dont une partie du public reprenait, à notre grande surprise, par les paroles des chansons.