Algérie

Engagé sur plusieurs fronts à la fois



Bush confronté aux limites de sa puissance Enlisé sur deux théâtres extérieurs de guerre, confronté à deux menaces nucléaires et apparemment impuissant à éteindre le nouvel embrasement au Proche-Orient, George Bush est en train de faire l’amère expérience des limites de la puissance américaine. Alors qu’il est pratiquement à la moitié de son second mandat à la Maison Blanche, le président des Etats-Unis est confronté à un nombre croissant de défis extérieurs qui pèsent lourdement sur ses capacités d’actions militaires et diplomatiques et invalident l’approche unilatérale qu’il avait fait sienne après les attentats du 11 Septembre. «La diplomatie de cow-boy de Bush ne peut plus fonctionner», résume Stephen Wayne, politologue à la Georgetown University. «Les faits dictent une approche multilatérale. C’est la seule option». En tête de la liste des situations de crise se trouve, bien sûr, l’Irak où les forces américaines sont prises dans une guerre impopulaire dont personne ne voit le bout. Les conditions ont également commencé à se détériorer en Afghanistan, où Washington pensait pourtant avoir la situation en main. Pour plusieurs analystes, le guêpier dans lequel la superpuissance s’est fourrée en Irak - où les violences font toujours rage plus de trois ans après la chute de Saddam Hussein - a enhardi tous les adversaires de Washington que compte la planète. La Corée du Nord et l’Iran poursuivent leurs programmes nucléaires; les Etats-Unis semblent n’avoir aucun moyen de pression sur le Hezbollah libanais. Trop de lièvres à la fois... La conversation privée entre George Bush et Tony Blair captée par un micro resté branché lundi lors du déjeuner de clôture du sommet du G8 en Russie en dit long sur les nouvelles réalités auxquelles le président américain fait face. «Annan doit demander à la Syrie d’arrêter cette merde de Hezbollah», disait Bush qui exprimait toute son impuissance. Ces propos ont stupéfié les experts en politique étrangère plutôt habitués au scepticisme de Bush à l’égard du rôle que peuvent jouer les Nations unies dans le règlement des conflits. «Nous n’avons plus les mêmes leviers à notre disposition» déplorait Martin Indyk, ambassadeur des Etats-Unis en Israël sous l’administration Clinton. «Imaginez les Etats-Unis dépendre de Kofi Annan pour obtenir des Syriens qu’ils nous sortent de ce merdier», s’est-il étonné. La doctrine post 11 Septembre défaillante Bush se retrouve coincé par la doctrine qu’il a lui-même définie après les attentats du 11 Septembre 2001, à base d’»Etats voyous» mis au ban des nations et de frappes préventives. Dans les mois ayant suivi ces attentats, sans précédent, il a classé l’Irak de Saddam Hussein, l’Iran et la Corée du Nord dans un «axe du mal». Ces trois pays hantent à présent ses dernières années de présidence. Et parce qu’il a gelé tout contact diplomatique au nom de l’isolement des «rogue states», il ne dispose plus aujourd’hui de moyens de pression à la hauteur des défis. La mobilisation des capacités militaires des Etats-Unis en Irak et, dans une moindre mesure, en Afghanistan, contraint par ailleurs George Bush de privilégier l’action diplomatique et le multilatéralisme pour ce qui est des ambitions nucléaires de Téhéran et de Pyongyang. Mais il doit composer avec la Russie et la Chine, guère enclines à approuver des sanctions. Un pilier tombe Les six mois écoulés font vaciller un pilier de la diplomatie Bush au Proche-Orient: l’idée selon laquelle la propagation de la démocratie contribuerait mécaniquement à un règlement pacifique du conflit israélo-arabe. La démocratie palestinienne a porté le Hamas au pouvoir; au Liban, le Hezbollah a fait élire 14 députés lors des législatives ayant suivi l’assassinat de Rafic Hariri et siège depuis pour la première fois au gouvernement. C’est cette démocratie que combat Israël.


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