Algérie

Enfants nouvellement arrivés en France



« D?étranges étrangers pour une école étrange » La revue grenobloise Ecarts d?identité associée aux Centres ressources enfance famille école de Rhône-Alpes (CREFE) vient de publier un nouvel opus sous le titre Enfants nouvellement arrivés en France, le rendez-vous avec l?école. Grenoble : De notre correspondant Aujourd?hui, en France, l?entrée sur le territoire d?enfants, dont on peut dire qu?ils ne sont pas vraiment « désirés », pose problème, d?autant que l?éducation pour tous est une obligation imposée par la loi. Etrangers et pas toujours en situation régulière, il faut, malgré tout, prendre en charge, avec tout ce que peut poser comme contraintes, ce public venu d?ailleurs. Ecarts d?identité y consacre un brillant ouvrage. Dans un entretien, Anne-Marie Visicchio, enseignante au primaire, estime que chaque élève est différent. « Tous arrivent avec un vécu et un passé différent. Plusieurs facteurs sont à considérer. Dans un premier temps, la scolarité dans le pays d?origine est à prendre en compte. C?est un facteur déterminant. » Juliette Lamarche, enseignante français langue étrangère (FLE) pointe « beaucoup de difficultés liées à l?inertie administrative et à la lenteur des mentalités à évoluer ». « Les enfants des squats ont droit à l?école », estime Elisabeth Gagneur, de l?association Classes (Collectif lyonnais pour l?accès à la scolarisation et le soutien aux enfants des squats à Lyon). « Que d?embûches et d?impasses institutionnelles pour scolariser les enfants des squats. » Dominique Glasman, sociologue de l?université de Savoie met ainsi en négatif le doigt « sur les politiques non pensées relatives à la gestion des enfants issus de... » dénonçant les politiques de l?à-peu-près menées en matière d?interculturalité qui, souvent, à l?école comme ailleurs, sont synonymes « d?assignation à résidence dans la culture d?origine », pour reprendre une expression du regretté sociologue Sayah. Il critique le « modèle commun » dans lequel on voudrait couler ces enfants. Il n?est pas tendre lorsqu?il regarde dans le rétroviseur : « Ces élèves étrangers » ou « issus de... », volontiers empaquetés en un seul ensemble, s?avèrent en fait beaucoup plus divers qu?on ne voulait bien les imaginer, leurs trajectoires familiales sont fortement distinctes, ainsi que les moyens dont disposent leurs parents pour élaborer et mettre en ?uvre des projets. » Sous l?intitulé « Entre accueil des enfants nouvellement arrivés et écueils de la formation des enseignants », Stéphanie Galligani, maître de conférence à Paris et à Grenoble, constate aussi la nécessité de la formation : « Les enseignants du premier degré sont encore majoritairement des enseignants généralistes sans compétence spécifique dans le domaine du FLS (français langue seconde) ou encore, dans le meilleur des cas, des enseignants ayant reçu une formation en français langue étrangère (FLE). » L?ethnologue Daniel Pelligra, cinéaste et militant de « Peuplement et migrations » (Lyon), en conclut qu?ethnologues et anthropologues doivent « impérativement et par tous les moyens pacifiques, investir le monde scolaire. Pour aider à respecter mais aussi à relativiser le modèle occidental, pour apprendre à reconnaître l?expérience de l?autre et la validité des réponses qu?il donne aux questions communes à tous, pour apprendre enfant à écouter, à provoquer des leçons de vie qu?apportent avec eux les ressortissants d?autres cultures. » Elodie Razy a, enfin, ce beau et inquiétant raccourci : « D?étranges étrangers pour une école étrange. » L?anthropologue accentue la spécificité que « renvoie une société qui laisse se creuser le fossé entre ceux qui disposent des codes et qui, étrangers ou non, n?en disposent pas et investissent autrement l?avenir de leurs enfants ou ne l?investissent pas, tout comme ils ne peuvent investir le leur. » Une revue à lire pour comprendre que derrière les exils, il y a des enfants en devenir qui ne demandent qu?à se construire. Pour plus d?informations : www.ecarts-identite.org


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