L'emprise des psychotropes a pris des proportions inquiétantes. Achat, vente
et consommation se font en plein jour. Certains n'hésitent pas à recourir à des
produits volatiles et solvants organiques telle la colle. Au centre-ville, non
loin du petit jardin de la rue Larbi Ben Mhidi à Miramar, des enfants âgés
entre 8 et 12 ans s'adonnent à cette pratique, au vu et au su de tous. Des
sachets contenant de la colle en main, ces enfants se mettent à inhaler en
groupe et ne s'en cachent pas. Ils inhalent des solvants différents tels que
les colles à séchage rapide, les carburants comme la gazoline, les diluants de
peinture ou les dissolvants à vernis à ongles, les liquides servant au
nettoyage, l'essence à briquet, les hydrocarbures en aérosol comme les fixatifs
à cheveux, les désodorisants et les insecticides, mais aussi la peinture ainsi
que certains médicaments. L'usage régulier de ces produits crée, malheureusement,
une addiction qui nécessite une augmentation de la dose pour obtenir l'effet
désiré. Le phénomène ne touche pas une couche sociale précise. Conscients de la
vulnérabilité de ces jeunes, les dealers jettent, parfois, leur dévolu sur les
environs des lycées et collèges pour écouler leur marchandise. En général, certains
jeunes de milieu social aisé découvrent la drogue par curiosité et imitation. C'est
pour eux un moyen de distraction qu'ils peuvent se procurer facilement. Des
stratagèmes très élaborés sont utilisés pour attirer, peu à peu, les jeunes
proies dans l'univers de la drogue. Nombreux sont ceux qui se tournent vers le
vol et les agressions pour s'en procurer. D'autres jeunes, devenus dépendants, ont
été facilement «récupérés» par la rue. Ils deviennent eux-mêmes dealers par la
force des choses et «fournissent» d'autres innocents. La toxicomanie n'est pas
le propre des jeunes en difficulté ni des cités populeuses et populaires. La
poudre blanche s'écoule plus facilement dans des quartiers dits huppés.
Un centre de désintoxication à Haï El-Akid Lotfi
Comme dans les autres wilayas du pays, notamment dans la région Ouest, le
nombre de toxicomanes se multiplie d'année en année alors que les centres de
prévention et de désintoxication existants sont
incapables de les prendre en charge. Les jeunes âgés entre 18 et 25 ans
représentent 43,5% des consommateurs de drogue au moment où la tranche 25-35
ans constitue 38%, selon une étude réalisée par l'Office national de prévention
et de lutte contre la toxicomanie. Les données actuellement disponibles, insuffisantes
et parcellaires, ne permettent pas d'apprécier l'ampleur du problème de la
toxicomanie. Toutefois le nombre des consommateurs ne cesse d'augmenter. A
titre d'exemple, le centre de désintoxication de l'EHS
de psychiatrie de Sidi Chami reçoit annuellement
quelque 2.000 toxicomanes, soit une moyenne de 5 cas par jour. Selon une étude
menée par l'équipe de ce centre, 50% des toxicomanes pris en charge par le
centre rechutent pour diverses raisons. Et devant le nombre croissant des
consommateurs, cette structure n'arrive plus à répondre aux besoins de la
wilaya en matière de prise en charge. Il est ainsi prévu la réalisation d'un
nouveau centre de désintoxication à la cité Akid Lotfi, à l'est d'Oran. Selon une source de la
direction de la Santé,
ce projet a été inscrit durant le mois de mars en cours et les travaux ne
devront pas tarder à être lancés. Une fois réalisé, le nouveau centre
antidrogue va contribuer à alléger la surcharge que connaît le centre de
désintoxication de l'établissement hospitalier spécialisé de Sidi Chahmi. D'une capacité de 30 lits, le centre de
désintoxication de l'EHS Sidi Chahmi
ne permet pas l'hospitalisation de tous les toxicomanes orientés vers cette
structure. La majorité des cas est suivie à distance. Selon une étude réalisée
par l'EHS de Sidi Chahmi, 50%
des toxicomanes pris en charge par le centre rechutent pour diverses raisons, dont
l'absence de volonté du malade et le manque de structures de prise en charge
après la cure de désintoxication. Pis encore, nombreux d'entre eux sont sujets à
d'autres complications psychologiques, notamment la schizophrénie. Selon la
même étude, 4% des cas ont touché à la drogue avant l'âge de 10 ans et 33% sont
devenus toxicomanes durant l'adolescence.
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Posté Le : 30/07/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : J Boukraâ
Source : www.lequotidien-oran.com