Enfants d'inputs
C'était il n'y pas si longtemps. L'Algérien cultivait sa terre et en récoltait les fruits. Même s'il ne mangeait pas toujours à sa faim, son plat était à portée de main. Puis il se mit à importer des machines, des semences puis des engrais, pour finir par importer son blé, en attendant d'importer directement son pain et ses croissants. Au début, l'Algérien avait un rapport assez sain avec son Dieu, Lui aussi à portée de main et de prière. Puis, pour pallier son manque évident de foi, il se mit à importer des imams, des hauts-parleurs et des hidjabs. Au début, l'Algérien allait au marché à portée de pieds. Puis il se mit à importer des produits alimentaires, des ports, des bateaux, des containers et, dernièrement, à importer directement des sociétés étrangères pour gérer ses ports, dépassés par le flux.Au début, l'Algérien exportait un peu de tout, aujourd'hui il importe à manger, à boire, à fumer, à voir, à lire et même des matelas pour dormir. Dans sa frénésie d'intrants, il importe des présidents pour les faire élire ensuite, à l'envers, tout comme il veut réduire les importations ' ce qui est une très bonne idée ' mais à l'envers, oubliant qu'il faut d'abord commencer par produire. A l'endroit, que produit l'Algérie aujourd'hui ' Des hydrocarbures par Américains, Chinois ou Européens interposés. Deux kilos de dattes, des clandestins pour l'Europe et, dans le cadre de récents accords bilatéraux, du terrorisme pour le Sahel. Et des lois. Oui, l'Algérie produit énormément de lois et circulaires, véritable industrie nationale de masse. Pourquoi ne les exporte-t-elle pas ' Parce qu'aucun pays au monde ne veut les acheter. Un économiste apolitique dirait que si les lois ne sont pas vendables, il faut les changer. Un économiste courageux dirait qu'il faut changer tous les ministres. Un économiste suicidaire dirait qu'il faut même changer de président.
Posté Le : 17/09/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Chawki Amari
Source : www.elwatan.com