Algérie

Énergies renouvelables en agriculture La prochaine grande révolution


Énergies renouvelables en agriculture La prochaine grande révolution
Publié le 01.06.2024 dans le Quotidien l’Expression
De nouvelles sources d'énergie ont dû faire leur apparition sur le marché énergétique pour, justement, prévenir les chocs énergétiques et les récessions économiques.
L’énergie solaire bénéficie aux finances des agriculteurs
L'histoire de l'homme a été substantiellement marquée par l'évolution des sources d'énergie libre qu'il a su et a pu utiliser au profit de la croissance économique et à l'évolution des structures sociétales ainsi que pour une amélioration continuelle de niveau de vie. Remontant à il y a environ 500 mille ans, la seule énergie libre à la disposition de l'homme était sa propre énergie puis il a franchi la première marche de son apprentissage énergétique en maîtrisant le feu pour différents usages comme le chauffage, la cuisson et le travail des métaux. Par la suite, il a utilisé l'énergie des animaux apprivoisés dans la traction et le transport puis il a accédé à l'énergie hydraulique. Et après la révolution industrielle à ce jour, l'homme a développé beaucoup de systèmes d'exploitation de sources énergétiques pour satisfaire ses besoins énergétiques à des proportions différentes dans la limite de sa disponibilité naturelle ou assurées par l'importation en constituant ce qu'on appelle un mix énergétique ou un bouquet énergétique qui désigne la répartition de ces différentes sources d'énergies primaires utilisées pour les besoins énergétiques dans une zone géographique donnée incluant les énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon), le nucléaire et les diverses énergies renouvelables (bioénergies, hydraulique, éolien, solaire, géothermie).

Critère de choix

Néanmoins, ce mix s'il est très différent d'un pays à l'autre, la part des énergies fossiles demeure toujours dominante à l'échelle mondiale à plus de 80% et les progrès importants que le monde a vus dans tous les domaines sont dus essentiellement à leur utilisation mais leur consommation excessive au cours de ces dernières années a bel et bien causé la diminution et la raréfaction de ces ressources non renouvelables et par double souci constant qui est d'une part, la préservation de ces ressources et d'autre part, la sécurisation des stocks pour répondre à la demande effrénée des différents secteurs économiques afin d'éviter que le secteur énergétique ne soit exposé à des crises cycliques et contextuelles alimentées par des conflits géopolitiques qui ont affecté négativement sur le dynamisme économique mondial d'où la consommation des énergies fossiles ne peut être indéfiniment, car vu les embêtements écologiques et environnementaux, de nouvelles sources d'énergie ont dû faire leur apparition sur le marché énergétique pour justement prévenir les chocs énergétiques et les récessions économiques et pour faire face à cette fatalité historique et naturelle, il y a lieu de réfléchir à développer des stratégies de sécurité et de transit énergétiques dans le cadre du développement durable.
Donc, la stratégie de transition énergétique et de passage aux énergies vertes est un choix politique qui découle du contexte historique, économique, environnemental et géopolitique surtout pour les pays où les sources énergétiques fossiles exploitables non disponibles, inscrites dans le cadre de développement durable ayant pour but à moyen et à long terme de diminuer la part des ressources énergétiques fossiles dans la composition de mix énergétique qui évolue fortement d'une période à l'autre mais cela demeure très difficile vu que les besoins économiques en forte croissance font que la part des énergies renouvelables reste mineure dans la limite de 10% de mix énergétique.
Avec l'émergence des systèmes d'énergies renouvelables(EnR) issues des sources naturelles renouvelables à savoir: l'énergie solaire, éolienne, hydraulique, géothermique, de grands horizons se sont ouverts dans de nombreux domaines économiques et de services, et les critères de choix optimal de ces systèmes reposent sur leur capacité à être mis en oeuvre, sur leur rentabilité et leur durabilité.
Pour le secteur de l'agriculture, ce domaine a amplement bénéficié des énergies fossiles surtout avec l'évolution de l'industrie du machinisme ce qui a permis la mécanisation des pratiques agricoles en facilitant le travail agricole et en améliorant la productivité agricole mais aujourd'hui ce secteur à l'instar des autres secteurs a besoin d'un transit énergétique pour faire face aux défis énergétiques futurs.
Aujourd'hui, l'utilisation des énergies renouvelables dans l'agriculture est incontournable par le développement des solutions agrivoltaïques Combinant la production agricole et la production d'électricité verte ce qui va assurément révolutionner les pratiques agricoles et apporter de nombreux avantages aux agriculteurs, notamment la réduction de la dépendance et des dépenses sur les combustibles fossiles en contribuant à un avenir plus vert et durable.
L'exploitation de l'énergie verte en agriculture est une démarche écologique dont son principe est la transformation des exploitations agricoles en un havre de durabilité permettant de réduire considérablement l'empreinte carbone, aidant à lutter contre les changements climatiques et à préserver la planète contre les différents polluants au profit des générations futures étant donné que l'agriculture est considérée comme un secteur polluant aux côtés des transports, du secteur résidentiel et de l'industrie qui contribue fortement à l'émission des gaz à effet de serre notamment le méthane à partir des différents élevages.
Actuellement en agriculture, les EnR sont distinguées en deux types selon leur intégration dans la production et leur dépendance de l'espace agricole. Le premier type est constitué par les EnR dépendantes de l'espace agricole et pouvant engendrer des conflits d'usage sur la terre mais ne s'intégrant pas dans la production telles que les 'EnR éolienne et solaire, mais celles de deuxième type s'intègrent dans la production agricole et en dépendent ce qu'on appelle les bioénergies(les biocarburants et la méthanisation) qui utilisent une part des produits agricoles comme le cas d'utilisation des maïs pour la fabrication des biocarburants en entrant en concurrence sur le produit agricole avec la consommation humaine et animale.
Néanmoins, le choix de l'un de ces types est relatif à la spécificité de la filière agricole et à l'existence d'autres sources pour la fabrication des carburants et le choix le plus judicieux pour notre pays est bien le premier type des EnR qui ne dépendent par de la production agricole et l'agrivoltaïsme aujourd'hui s'avère le choix plébiscite et plausible à développer comme un système combinant la production agricole et la production d'électricité verte à une grande vitesse grâce aux installations photovoltaïques, et aux panneaux solaires thermiques.
Plus encore, le solaire peut être exploité à très grande échelle vu son meilleur rendement en zones très ensoleillées comme en l'Algérie hormis le coût relativement important à l'installation contrairement à la plupart des autres énergies vertes non seulement budgétivores mais sont sujettes aux caprices de la nature et aux aléas climatiques. La particularité de l'énergie solaire dans l'agriculture c'est qu'elle fournit une source constante et fiable d'énergie en promouvant des pratiques agricoles durables dans la réalisation des ouvrages hydrauliques pour la mobilisation de la ressource hydrique et la gestion des systèmes d'irrigation ainsi que l'équipement des installations agricoles, notamment les bâtiments d'élevage dont la finalité est d'augmenter considérablement les rendements et la productivité agricoles.
Aussi, l'énergie solaire bénéficie aux finances des agriculteurs, notamment par les incitations financières gouvernementales, aux coûts opérationnels réduits pour l'entretien de système d'énergie solaire qui nécessite un entretien minimal par rapport aux autres systèmes énergétiques et la possibilité de vente d'énergie excédentaire surtout pour les habitations et les exploitations agricoles situées dans les zones hors réseau qui nécessitent des systèmes off grid autonomes vis-à-vis de plusieurs prestataires de services publics tels que l'eau, le gaz, l'électricité ou les services publics similaires.
En revenant aux filières agricoles les plus adaptées à l'utilisation de l'énergie solaire, on constate que les filières de production animale sont les domaines privilégiés avant tout, suivies de l'irrigation et de la mobilisation des ressources hydriques. À noter que les filières d'élevage ont connu un grand tournant en ce qui concerne la question énergétique dans les élevages qui disposent, désormais, des référentiels précis sur les consommations d'énergie directes dans les bâtiments d'élevage ce qui permet de repérer les principaux postes de dépense énergétique des différents élevages et d'évaluer les économies possibles.

Consommation d'énergie

Cette percée technique a permis de développer le concept des bâtiments d'élevage à basse consommation énergétique (Bebce) qui consiste à la réalisation des bâtiments à énergie positive similaires aux constructions à basse consommation d'énergie (BBC) dans l'habitat qui doivent à travers leur structure, leur organisation et leurs équipements, permettre de minimiser les consommations d'énergie en dessous d'un certain seuil pour obtenir la qualification Bebce quel que soit le type d'élevage.
En effet, dans tout les pays où l'agriculture est totalement régie par le principe de la primauté de technique et de la priorité de l'écologique, toutes les recommandations techniques allant de choix de site de mise en place des bâtiments d'élevage jusqu'à la phase d'exploitation sont codifiées et appliquées avec observance et cela a permis la mise en place des systèmes de production animale avancés et performants, organisés et intégrés, basés sur des fondements scientifiques et respectueux de l'environnement contrairement à notre système de production animale qui ne se préoccupe guère que partiellement de l'aspect sanitaire du contrôle et de l'autorisation d'implantation de diverses installations d'élevage sans s'intéresser à leur aspect architectural et aux aménagements nécessaires et sans aborder la question de l'introduction des techniques de gestion de l'énergie et des techniques d'élevage les plus avancées conformément aux normes Hccap.
Pour cette raison, il est nécessaire de recentrer le débat sur les systèmes d'élevage actuels dépourvus d'infrastructures répondant aux normes techniques requises et caractérisés par une gestion révolue puis de mettre en avant les différents problèmes et contraintes qui freinent l'essor des secteurs d'élevage et la finalité est de proposer un cadre réglementaire et directif pour toute une mise en place de projet dans le domaine des productions animales en faisant de l'inclusion des énergies renouvelables dans la mise en oeuvre et l'animation de ces projets une priorité et une condition fondamentale et indiscutable dans un contexte de développement qui ne peut être durable que s'il respecte les limites en ressources et les services écosystémiques.


Kamel BOUDJADI