Algérie

Energies renouvelables : consolider un démarrage perceptible


Après maintes hésitations, l'Algérie a élaboré un programme ambitieux d'énergies renouvelables. Il y est question de produire 22 000 Mégawatts (MW) entre 2011 et 2030 dont 10 000 MW dédiés à l'export). A cet horizon, la production domestique d'électricité devrait être couverte à hauteur de 40% par les énergies renouvelables. Un an après son adoption par le gouvernement le 3 février 2011, quel premier bilan peut-on faire'Rappelons en d'abord les objectifs assignés et l'agenda retenu. Ces objectifs peuvent être déclinés en trois axes majeurs. D'abord assurer la couverture à long terme des besoins énergétiques nationaux par la conservation des hydrocarbures en intégrant progressivement l'énergie solaire dans les centrales électriques. Ensuite exporter, à moyen terme et de façon massive, de l'électricité solaire vers l'Europe en substitution progressive au gaz naturel. Enfin et surtout construire une industrie nationale des énergies renouvelables rentable à terme à l'inverse de l'industrie des hydrocarbures et même de celle du dessalement d'eau de mer complètement extraverties. Quant à l'agenda, les pouvoirs publics ont retenu trois phases: une première phase portant sur la réalisation de projets pilotes " pour tester les différentes technologies disponibles (2011-2013) ", une deuxième phase de démarrage opérationnel du programme (2014-2015) et enfin une troisième phase portant sur le développement du programme à grande échelle (2016-2020). Même si c'est encore un non dit, cet agenda devra, pour être tenable à long terme, être adossé à des prix acceptables industriellement sur le marché domestique mais adossé surtout à des augmentations tarifaires significatives sur le marché européen de l'électricité. Pour l'instant ces deux contraintes ne bloquent pas le lancement du programme prévu.
Examinons à présent quelques éléments de bilan. Nonobstant la mise en service de la centrale hybride de Hassi R'mel, un premier projet important a été engagé en 2011.C'est celui de Rouïba Eclairage. Il s'agit d'une usine de fabrication de modules photovoltaïques d'une capacité 116 MWC/AN. Le deuxième type de projets lancé porte sur l'électrification d'un certain nombre de villes et de localités du Sud et des Hauts Plateaux par énergie photovoltaïque. Le plus important d'entre eux est celui du projet pilote de Ghardaïa consistant en une centrale de 900 kWc en panneaux photovoltaïques. En dépit des lenteurs et même des difficultés d'obtention de l'assiette foncière ce projet a pu être lancé. Le troisième type de projets est plus complexe ; il est relatif au lancement de la réalisation des premières centrales solaires dites " concentrating solar power " (CSP). Les appels d'offre lancés portent sur " l'ingénierie, la fourniture, la conception, la supervision du génie civil, la supervision du montage et la mise en service des équipements " de deux CSP à El Oued et Béni Abbes d'une puissance de 150 MW chacune. On peut ainsi noter que pour le moment seule la réalisation du génie civil et le montage sont confiés aux entreprises algériennes. Il faut relever néanmoins, à ce propos, la mise en place par la Sonelgaz d'un comité d'intégration nationale (CIN) pour élargir la part nationale dans les nouveaux projets puisqu'ils seront répétitifs. Sur ce sujet l'inclusion du secteur privé apparait encore insuffisante. Compte tenu des enjeux un observatoire indépendant devrait en suivre l'évolution de façon transparente.
Enfin la promotion de ressources humaines qualifiées est aussi une des clés de la réussite du programme. De ce point de vue des progrès sont également perceptibles. Ainsi, au plan de la recherche et de la formation, le réseau de la recherche scientifique en matière d'énergies renouvelables comprend dix huit établissements. On peut citer notamment la création d'une école doctorale "énergies renouvelables" au sein de l'université de Tlemcen en partenariat avec l'école nationale polytechnique, l'université Mentouri de Constantine et le centre de développement des énergies renouvelables(CDER). C'est déjà un premier pas. Une coopération internationale bien ciblée fera le reste. Cette dernière a déjà été initiée dans ce domaine et même dans le domaine industriel. Ainsi la Sonelgaz a signé un protocole d'accord avec les promoteurs allemands du projet DESERTEC.
Dans cet ordre d'idées la crise de croissance des industries de l'énergie solaire en 2011, du fait des crises des dettes souveraine et des restructurations internationales en cours (difficultés du français Photowatt, faillite de l'allemand Solar Millenium, et fermeture de BP Solar), peut être transformé en opportunité pour les investisseurs publics et prives algériens. A cet effet une veille technologique, commerciale et financière de la branche est requise. Mais disposons-nous des institutions et des ressources pour ce faire ' Dans le cas contraire cela devient une priorité stratégique pour la bonne conduite du programme national des énergies renouvelables. On en reparlera l'année prochaine. J'en suis persuadé.
M. M.
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