La réussite du
nouveau programme de développement des énergies renouvelables en Algérie, qui
porte notamment sur une soixantaine de projets, nécessite une bonne préparation
en matière d'études et de mobilisation de financements, ont estimé hier des
experts.
Revenant sur le
programme de développement dans ce secteur, annoncé récemment, par le ministre
de l'Energie et des Mines, Youcef Yousfi, se résumant à 60 projets (solaire et
éolien), avec comme objectif, à l'horizon 2020, la production d'électricité de
l'ordre de 3.000 MW et une couverture de 40% des besoins d'électricité du pays
en 2030, Mustapha Mékidèche, vice-président du conseil national économique et
social (CNES), a rappelé que l'Algérie est un pays continent qui dispose de
sources potentielles importantes en matière d'énergies alternatives, même si
leur contribution ne représente, pour le moment, pas plus de 2% de l'ensemble
de la production électrique nationale. Selon lui, même si ce nouveau programme
est très intéressant, il faudra d'abord se focaliser sur ses coûts, les
conditions de réalisation et d'exploitation, ainsi que ses retombées
industrielles sur le pays. M. Mekideche a retenu à titre comparatif,
l'expérience algérienne dans le domaine du dessalement de l'eau de mer, une
expérience jugée, selon lui, de réussite à la faveur d'un long processus de
préparation technique, humaine et économique, comme l'atteste l'organisation de
premiers séminaires technico-économiques, vingt ans avant le démarrage des
premiers investissements. Cela fait de l'Algérie d'aujourd'hui l'un des
premiers pays en la matière, dans la région Afrique du Nord et Moyen-Orient,
a-t-il rappelé. En clair, le responsable du CNES considère que «le tout est de
bien préparer ces projets, et la nécessité de bien mûrir les projets inscrits
dans ce programme et dont les détails n'ont pas encore été divulgués, notamment
leurs coûts et leur mode de financement». M. Mékidèche a fait remarquer, par
ailleurs, que l'Algérie est appelée à définir ses choix stratégiques en la
matière pour les prochaines années, afin de bien anticiper cette transition. Il
a, en outre, estimé difficile d'établir une évaluation, même approximative, du
coût d'un tel investissement en raison notamment des conditions de
développement des différentes technologies liées à l'exploitation des sources
d'énergie alternatives. «Si l'on prend comme hypothèse la production de 80%
d'électricité à partir du solaire, il est clair qu'il est difficile, dans les
conditions actuelles, de développer cette technologie, plus récente par rapport
à la technologie éolienne, d'en fixer les niveaux d'investissements.
Pour sa part, Chemseddine Chitour, professeur
à l'Ecole nationale polytechnique d'Alger, estime qu'un état des lieux des
perspectives et des moyens disponibles en matière de production électrique, à
partir de sources alternatives, qu'elles soient solaires ou éoliennes, demeure
la condition primordiale pour la réussite d'un tel programme. M. Chitour juge
très difficile, voire impossible d'atteindre l'objectif de produire 40% des besoins
d'électricité du pays, à partir des énergies renouvelables, à l'horizon 2030.
Il argumente en estimant que le pays a beaucoup perdu en matière de
savoir-faire, durant les dix dernières années, en raison notamment de la fuite
des compétences nationales vers l'étranger, et de ce fait se trouve ainsi dans
l'incapacité de reconstituer, dans quelques années son tissu d'industrie et de
sous-traitance. Selon lui, la mise en place d'un modèle énergétique viable et
cohérent, demeure une nécessité pour que l'Algérie puisse discuter valablement
avec ses partenaires pour optimiser l'exploitation de son potentiel solaire et
éolien.
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Posté Le : 16/01/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : S C
Source : www.lequotidien-oran.com