L'Union européenne (UE) affirme avoir accepté les arguments de l'Algérie
de vendre localement son gaz à un prix plus bas que celui qu'elle applique à
l'étranger. Mais les Algériens qualifient cet accord européen de «fausse
concession». L'on a appris auprès de la Commission européenne (CE) à Bruxelles
que l'Algérie a bien défendu son choix de vendre localement ses produits
énergétiques, notamment le gaz à un prix plus bas que celui qu'elle applique à
ses partenaires dans des pays étrangers. Pour rappel, les Européens ont
toujours trouvé «illégal» le fait que l'Algérie applique un prix interne
différent de celui externe à ses produits énergétiques. Ils l'ont même accusée
de faire du dumping, une méthode interdite et passible de sanctions selon les
règlements commerciaux internationaux. «Les arguments présentés il y a près de
deux mois par l'Algérie pour défendre le prix interne de l'énergie, nous ont
parfaitement convaincus, nous les avons trouvés bien solides, nous avons ainsi
réglé la question avec les responsables algériens», nous a affirmé un
responsable à la CE de l'UE.
Reste que l'Algérie se doit de faire valoir ce choix auprès de
l'Organisation mondiale du commerce auprès de laquelle elle négocie son
adhésion. L'OMC, elle surtout, n'accepte pas ce genre de concessions
économiques et commerciales faites au profit des besoins internes. «L'Algérie
devra maintenant convaincre l'OMC sur sa nécessité à maintenir ce prix interne
pour la vente de ses produits énergétiques à ses entreprises», nous dit la même
source européenne. «Mais si les arguments qu'elle a présentés nous ont
convaincus, on ne voit pas pourquoi ils ne convaincraient-ils pas les
responsables de l'OMC», nous dit notre interlocuteur de la CE à Bruxelles.
Contactés à plusieurs reprises par nos soins pour savoir de quels
arguments s'agit-il, les responsables algériens, qu'ils soient du ministère du
Commerce ou de celui des Affaires étrangères, n'ont pas daigné répondre à nos
appels. Les Européens estiment que c'est un bon point que l'Algérie vient de
gagner auprès d'eux après la tempête qui a été provoquée par les déclarations
de responsables du ministère du Commerce remettant en cause la rentabilité de
l'accord d'association.
L'on croit savoir que l'argument premier avancé par l'Algérie est le fait
que les entreprises nationales achètent les produits énergétiques à bas prix
parce qu'elles ont besoin d'être aidées pour relancer leur outil de production
et se remettre à produire des marchandises. C'est du moins ce que les Européens
affirment avoir retenu en premier. «Faux !» nous dit un responsable algérien
qui a préféré ne pas être cité nommément comme l'ont fait les Européens. «Le
fait de vendre du gaz aux entreprises nationales à bas prix n'a rien à voir
avec l'accord d'association», souligne-t-il. Le plus important à propos du prix
interne du gaz algérien est que, selon le responsable algérien, «il n'y avait
pas lieu d'en faire une affaire d'Etat, c'en n'est pas du tout une, ce sont les
Européens qui ont voulu lui accorder une importance qu'elle n'a pas. Ils n'ont
aucun droit d'exiger de l'Algérie de vendre son gaz localement à un prix plus
cher.»
Pour ce responsable, «les décrets du gouvernement algérien sont très
clairs à ce sujet et les textes de Sonatrach le sont davantage, les Européens
ont fait dans l'excès de zèle pour intimider les Algériens». Il est convaincu
qu'en insistant sur cet aspect, les Européens, dit-il, «ont voulu nous obliger
à les laisser intervenir dans notre marché du gaz. Ils ont voulu nous faire
croire à une illusion d'optique.» Ainsi, a-t-il affirmé, «ils disent aujourd'hui
qu'ils nous ont fait une concession alors que c'en n'est pas une, c'est une
fausse concession». L'argument premier et indéniable des Algériens est qu'«il
n'existe pas de marché international du gaz, alors il n'est question pour aucun
pays d'obliger aucun autre à appliquer un barème précis à son prix de vente
interne», explique notre interlocuteur.
Reste les résultats de la dernière réunion du Conseil d'association qui a
réuni les deux parties au Luxembourg il y a près d'un mois et qui ne sont pas
jugés convaincants ni pour l'Algérie ni par l'UE. Les deux parties n'ont pas
encore trouvé de compromis à propos des dernières mesures décidées par le
gouvernement Ouyahia relatives à l'investissement étranger. L'UE a émis de
grandes réserves à ce sujet. L'Algérie reste cependant persuadée que toutes ces
mesures sont nécessaires pour protéger l'économie nationale et inciter les
investisseurs étrangers à plus de transparence et d'engagements notamment
financiers. L'UE ne l'entend pas de cette oreille.
«Les décisions prises pour réglementer l'investissement étranger en
Algérie sont en contradiction avec trois dispositions contenues dans l'accord
d'association que les plus hautes autorités du pays ont paraphé et se sont
engagées à le mettre en oeuvre», nous disent nos sources auprès de l'UE. Cela
signifie, disent-elles, que «le gouvernement algérien a violé cet accord qui a
force de loi». L'UE pense à recourir à l'arbitrage qui est un mode de règlement
des conflits opposant ses instances à un pays étranger. Il est choisi pour cela
deux ou trois pays européens pour juger de la fiabilité des arguments des deux
parties. Pour l'instant, la Commission européenne exige qu'il soit trouvé à ce
conflit avec le gouvernement algérien «une solution juridique» parce que, nous
disent nos interlocuteurs à Bruxelles, «il est impossible de laisser ce
problème en suspens ou de l'ignorer, les engagements des uns et des autres pris
à travers l'accord doivent absolument être respectés».
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 08/07/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com