Le long-métrage de fiction "Enemy Way" (la voie de l'ennemi) de Rachid Bouchareb a été projeté à la presse hier matin à la salle El-Mouggar. L'avant-première devait avoir lieu, hier en soirée, toujours au même endroit. Le scénario, signé Rachid Bouchareb, Olivier Lorelle et Yasmina Khadra, suit les traces de William Garnett, qui se bat contre lui-même pour devenir une meilleure personne.Il est commun que les temps changent, mais il est commun également que les gens changent ' Il nous arrive souvent de dire que telle ou telle personne a changé, mais est-ce que c'est vraiment le cas ' Est-ce que c'est nous qui changeons ou alors c'est le contexte qui change ' Ce sont-là quelques interrogations qui ont surgi à l'issue de la projection du long-métrage de fiction Enemy Way (la voie de l'ennemi) de Rachid Bouchareb, projeté hier à la salle El-Mouggar à Alger. Son personnage principal, William Garnett (incarné par l'excellent Forest Whitaker) est mis sous liberté conditionnelle, après avoir passé dix-huit années en prison pour avoir tué l'adjoint du shérif. Converti à l'islam en prison, cet Afro-Américain se bat contre lui-même et contre ses pulsions meurtrières pour construire une nouvelle vie, une vie simple et paisible, dans une ferme, avec une femme, des enfants, un chien... William Garnett trouve du travail, et même l'amour auprès de Teresa (joué par Dolores Heredia), tout en bénéficiant de l'aide et de la bienveillance de son officier de probation, Emily Smith (interprété par Brenda Blethyn), qui outrepasse quelque peu ses prérogatives, en essayant non pas de l'aider mais de le sauver. Mais entre la réalité et le rêve, il y a tout un monde, et le héros de ce film en fera l'expérience à ses dépens, car dans la petite ville paisible du Nouveau Mexique, il y a le shérif Bill Agati (interprété par le remarquable Harvey Keitel) qui ne pardonne pas à William d'avoir assassiné son adjoint, qui lutte lui aussi contre une envie de vengeance, et qui est convaincu que l'ancien détenu n'a pas vraiment changé et que son naturel finira tôt ou tard par le rattraper ; il y a aussi Terence (incarné par Luis Guzman), qui a toujours besoin des services de son ancien collaborateur et homme de main. En plus du premier niveau de lecture où il est question d'une description du monde extérieur de William Garnett, et des personnages qui gravitent autour de lui dans sa nouvelle vie, il y a également les démons du passé (la mère interprétée par Ellen Burstyn, et Terrence), le deuxième niveau de la narration nous introduit dans le monde intérieur de William, en colère contre le monde entier. La prière et ses lectures qui portent principalement sur la religion musulmane n'y changeront rien. Le personnage ? qui ne quitte pas son costume comme pour signifier au monde extérieur (qui l'entoure) que son apparence soignée renseigne sur sa nouvelle nature ? est brillamment incarné par Forrest Whitaker, qui est resté éloquent, même dans ses silences. Il y va de même pour les autres comédiens qui ont su donner de la nuance à ce film qui explore le thème de la rédemption.À ce foisonnement thématique s'ajoute également la situation des émigrés clandestins, qui traversent la frontière pour une vie meilleure, et qui sont présents (en images ou par l'allusion) tout au long du film. Tourné aux USA et adapté d'après Deux hommes dans la ville de José Giovanni (qui mettait en scène Jean Gabin et Alain Delon) par Rachid Bouchareb, Olivier Lorelle et Yasmina Khadra, Enemy Way s'intéresse à des vies brisées par la vie, qui peinent à réparer leurs âmes. Rachid Bouchareb, qui fait dans son film une sorte d'éloge de la lenteur, semble chercher dans le plan, dans l'image, une perfection jamais atteinte par l'Homme.S KNomAdresse email
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Posté Le : 11/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Sara Kharfi
Source : www.liberte-algerie.com