Algérie - A la une

« Encourager le dialogue social permanent »



L'Algérie célébrera le 1er Mai dans un contexte de crise économique et financière. Comment appréhendez-vous cette situation ' Quelle analyse faites-vous de cette conjoncture ' Plusieurs pays connaissent la même situation et des réformes ont été engagées. L'Algérie peut-elle entreprendre les mêmes réformes 'Je pense que non. Toutefois, nous pouvons prendre certains aspects et les adapter à notre pays. Il faut faire la différence entre crise économique et crise financière. L'Algérie connaît un manque de financement suite à la chute des cours du pétrole, mais pas une crise économique, car nous ne possédons pas une économie compététive. Nous n'avons pas une richesse qui émane d'autres secteurs à part les recettes des hydrocarbures. Donc, il nous reste beaucoup à faire par exemple dans l'agriculture, l'industrie de transformation. Nous aurons beaucoup à gagner. De la richesse, de l'emploi, de la croissance. Mais aussi la baisse de la facture des importations. Si nous concrétisons tout ce qui a été discuté et prévu dans le pacte économique et social et de croissance, nous allons surmonter cette crise parce qu'elle est juste liée au manque de financement suite à la chute des recettes des hydrocarbures.On s'accorde à dire que le pays dispose d'atouts pour surmonter cette crise. Etes-vous de cet avis 'Il faut en premier lieu encourager et renforcer l'économie primaire, c'est-à-dire l'agriculture et l'industrie de transformation. Il y a un grand potentiel de ce côté. Le secteur agricole représente 31% du PIB, et l'industrie est à 5%. D'autres secteurs sont également à développer.Des mesures ont été prises par le gouvernement en matière de rationalisation des dépenses et sur le plan législatif. Sont-elles suffisantes pour contrer les effets de la crise 'A l'heure actuelle, nous ne pouvons pas nous exprimer sur leur efficacité. Mettre en place des mécanismes pour rationaliser les dépenses, amortir le choc financier, nous pensons que c'est la meilleure chose à faire dans un contexte où les financements manquent. La loi de finances pour 2016 s'étale sur une année et ses articles sont là pour optimiser les dépenses. Et si la situation ne s'améliore pas, d'autres restrictions seront prises. Dans cette loi, la hausse des prix, des taxes... touche plus les familles aux revenus faibles. Si la courbe des prix du pétrole ne remonte pas, la situation va encore s'aggraver. Pour s'affranchir de la rente pétrolière, comme je l'ai déjà souligné, il faut créer d'autres richesses à travers l'activité économique.La tripartite se tiendra en juin prochain durant laquelle le gouvernement présentera son nouveau modèle économique. Avez-vous une idée sur son contenu 'A notre niveau, nous n'avons pas eu d'échos sur ce nouveau modèle que le gouvernement voudrait mettre en place. Mais à mon avis, il faut d'abord faire le bilan de ce qui a été déjà fait. Des stratégies économiques, des commissions, des conseils ont été mis en place, des tripartites ont été tenues depuis 2009. Nous ne pouvons pas mettre en place un modèle économique avec d'autres perspectives, si nous n'avons pas établi un bilan de ce qui a été déjà entamé depuis des années. Peu importe que le bilan soit positif ou négatif, mais l'essentiel c'est de le faire.L'article 66 de la loi de finances pour 2016 a été contesté. Un commentaire 'Je ne suis pas hostile au capital privé et je n'en fais pas un dogme. Pour ouvrir le capital public, il faut d'abord avoir des entreprises économiques privées. Notre économie aujourd'hui est à 55% informelle. Il y a 600.000 PME dont la majorité sont des TPE. Ouvrir le capital public à qui ' Aux importateurs qui ont ramassé des fonds. Nous recherchons à travers cette opération la relance de l'entreprise, un transfert de savoir-faire et de technologie, la performance. Or, en Algérie, les industriels privés se comptent sur les doigts d'une seule main. Si maintenant cet article est là juste pour permettre d'injecter des fonds privés dans les entreprises publiques, je pense que ce n'est pas judicieux.L'UGTA a brillé par son absence dans les mouvements sociaux de ces derniers mois. Pourquoi ce défaut d'encadrement dans les contestations sociales ' Cela ne risque-t-il pas de vous décrédibiliser dans le monde du travail 'Les contestations et les grèves dénotent une santé sociale. La société donc est en mouvement et tant mieux. Personnellement, je m'inquiète au contraire quand il n'y a pas de mouvements sociaux. Nous, en tant que syndicats, par exemple dans le cas des enseignants contractuels, nous ne devrons pas être seulement solidaires, nous devons agir et créer les conditions idoines pour permettre aux protestataires et à l'administration d'entamer des négociations et apaiser les esprits.Le commerçant du coin peut être solidaire, un citoyen aussi peut l'être, mais un syndicaliste responsable et intègre a le devoir de s'impliquer dans ces conflits sociaux et faire des propositions pour trouver des solutions et arriver à dénouer la situation. Il faut encourager le dialogue social permanent. Les différentes parties doivent s'asseoir autour d'une table et échanger leurs points de vue sur les questions qui les préoccupent. Dans tous les secteurs économiques il existe des personnels contractuels. Dans mon secteur, par exemple, je me bats quotidiennement pour la régularisation de ces travailleurs dont certains ont plus de 10 ans de service dans le cadre des conventions collectives.Je lance des négociations avec les différentes parties pour intégrer ces personnels. Cela peut prendre des années mais j'essaie d'arracher le maximum. Dans le conflit qui oppose le ministère de l'Education et les enseignants contractuels, les syndicats du secteur assumeront leurs responsabilités devant l'histoire. La solidarité des syndicats de l'éducation avec ces contestataires ne suffit pas. Il fallait engager un dialogue entre les deux parties et apaiser la situation. Notre travail en tant que syndicat, c'est de poursuivre le dialogue. Il n'y a pas de solution toute faite.




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