Objet d'un rapport détaillé, publié mercredi dernier à Paris, la question agricole et alimentaire dans le bassin méditerranéen évolue dans un panorama de contrastes et de déséquilibres accrus.
Réalisé par le Centre international de hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) en association l'Institut européen de la Méditerranée (IEM), la Fondation de la diète méditerranéenne et avec la collaboration d'un panel d'experts et de chercheurs, le document en question intitulé «Méditerra 2012 : la diète méditerranéenne pour un développement régional durable» aborde l'état de la sécurité alimentaire dans la région dans ses différentes dimensions. Le rapport présente également des éléments non moins importants sur la situation qui prévaut dans chaque pays des deux rives de la Méditerranée.
L'état de l'agriculture algérienne et ses capacités à faire face aux nouveaux défis alimentaires ont été ainsi passés en revue. Le point le plus remarquable qui en ressort est le retard, combien énorme, qu'accuse l'agriculture algérienne par rapport à ses voisins de la région en termes d'adaptation aux nouvelles évolutions. Ce décalage est typique dans le domaine du commerce agricole, constate-t-on à travers les différents exposés contenus dans le document en question.
25% des exportations agricoles vers l'Algérie
En effet, au moment où des pays ayant une agriculture qui présente des similitudes avec le secteur agricole algérien ont d'ores et déjà développé des circuits d'exportation et surmontent de nouveaux défis comme celui de la qualité (les labels), l'Algérie continue à observer une croissance spectaculaire de ses importations agricoles.
A titre indicatif, en 2008, alors que l'Algérie présentait un déficit dans sa balance des échanges agricoles dépassant les 7,7 milliards de dollars, la balance tunisienne était déficitaire d'un milliard de dollars uniquement et le Maroc de 3,3 milliards USD. Cependant, alors que ces deux pays voisins ont réussi à intégrer le cercle des principaux fournisseurs européens en produits agricoles (fruits et légumes notamment), l'Algérie n'a aucune perspective concrète en la matière alors qu'elle est le principal débouché pour le produit agricole européen.
Il est souligné à cet égard : «Les pays méditerranéens producteurs de produits agricoles à destination de l'Union européenne sont la Turquie, le Maroc, Israël et, dans une moindre mesure, l'Egypte et la Tunisie. Au cours de la dernière décennie, ces cinq pays, Turquie en tête, ont fourni plus de 90% des importations agricoles de l'UE en provenance des pays méditerranéens. Côté exportations, l'Algérie est de loin le premier client de l'UE, puisqu'elle a absorbé à elle seule, sur la même période, environ 25% des exportations agricoles de l'UE vers les pays méditerranéens».
18 entreprises seulement certifiées
L'autre volet où l'Algérie se distingue au bas du tableau est bien celui de la qualité. A cet égard, le rapport en question tient compte du processus de certification des produits locaux. Evoquant le cas de l'Algérie à ce sujet, il est noté : «La certification est un phénomène assez récent pour les sociétés agroalimentaires algériennes : de 2000 à 2006, seules 18 firmes avaient été certifiées. Plusieurs contraintes accroissent les difficultés liées au processus de conformité et, plus généralement, empêchent les entreprises de prendre en charge les problèmes de qualité. Technologies insuffisantes : des investissements sont nécessaires pour mettre à niveau la production et la commercialisation et autoriser les laboratoires privés à effectuer des tests et à délivrer des certificats de conformité.
Manque de connaissance, de savoir-faire et de formation : les sociétés agroalimentaires souffrent souvent d'un manque de salariés qualifiés, plus particulièrement dans le domaine de la gestion et de la qualité. Ce problème concerne également les organismes (') Les organismes de contrôle semblent incapables de traiter les problèmes de qualité des denrées alimentaires, ce qui a des effets désastreux sur la santé, la production, la commercialisation et la compétitivité (').»
De point de vue global, concernant la place de l'agriculture dans le processus de coopération régional, les perspectives sont peu réjouissantes : «Le processus d'intégration euro-méditerranéenne dans le domaine de l'agriculture a connu depuis son lancement un certain nombre de difficultés. L'agriculture, et en particulier le secteur des fruits et légumes, a été et demeure l'un des sujets les plus conflictuels dans les relations entre l'UE et les pays méditerranéens. Les restrictions imposées aux échanges agricoles persistent en Méditerranée. Les organisations agricoles du Nord sont opposées à l'idée d'accorder de nouvelles concessions commerciales aux pays du Sud, car elles craignent qu'une concurrence internationale accrue ne mette en danger les moyens de subsistance des agriculteurs d'Europe du Sud».
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Posté Le : 12/03/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Naili
Source : www.elwatan.com