Encore un outrage envers nos futures élites

Cette année a été particulièrement perturbée par les fuites de sujets du bac avérées ou contrefaits. Ces goujateries ont concerné plus particulièrement les sciences expérimentales, et certaines matières approchantes.La concentration des élèves sur leurs ressources propres fut désorganisée juste avant les épreuves par cette avalanche d'informations, où s'enchevêtraient le vrai sujet sur lequel plancher, parmi les faux, et inversement, à tel point que le ministre de la Justice en fut saisi pour ordonner aux procureurs de la République «de plusieurs wilayas d'ouvrir des enquêtes sur les faits liés à la fuite des sujets de la session 2016 du baccalauréat.Ces fuites organisées, si elles ne sont pas le privilège de la session 2016, n'en demeurent pas moins récurrentes tous les ans, même si celles de 2016 ont été beaucoup plus diversifiées sur les plateformes informatives et communicatives. Selon le communiqué du ministère de l'Education nationale : il fut «utilisé un impressionnant arsenal technologique et télématique.Les enquêtes diligentées immédiatement ont permis au centre de prévention et de lutte contre la criminalité informatique, et cybercriminalité de la Gendarmerie nationale, d'identifier plus de quinze plateformes d'échanges». Si la loi est claire, s'agissant des sanctions contre les auteurs de «crimes électroniques», il convient de souligner que le nombre d'impacts négatifs sur la crédibilité et la probité des enseignants, des élèves qui ont déployé des efforts toute l'année, puis, ceux de l'institution, sont sérieusement écorchés, suite aux fuites des sujets du bac, pas toujours aussi erronés que prétendus.La prévention de telles dérives aurait été souhaitable d'autant qu'une certaine catégorie de truands en col blanc s'est depuis le temps vivement intéressée au business qu'on pourrait tirer de ce sésame donnant droit à l'accès aux études supérieures. Des sujets ont été vendus à 50 000 dinars, sans certification pour des parents acheteurs peu regardant sur les critères de performances réelles de leur enfant dans le domaine du savoir.Faudrait-il imputer le laxisme au seul ministère de l'Education ' Conviendrait-il d'accuser un instrument de communication tel Internet ' Ces fuites en cascades des sujets du bac, s'avèrent les craintes de ceux qui s'y attendaient de la part d'une certaine catégorie de dévastateurs de notre société, usant de la corruption en tout lieu. Si nos futures temples du savoir sont altérés, c'est inévitablement l'avenir des générations appelées à assurer la relève qui est compromis.Que vaudrait un diplômé universitaire s'il ne maîtrise pas ses sujets une fois qu'il sera confronté à l'obligation de résultat dans le monde du travail ' Sur les 800 000 candidats combien seront reçus et combien à la fin de leur cursus universitaire seront réellement aptes à mettre en pratique leur savoir.Pour l'instant, nous savons que seuls 10% seront effectivement performants, tout le reste est considéré comme un déchet du parcours scolaire, et universitaire d'autant que l'enseignement technique est encore sinistré, et que l'enseignement professionnel est boudé par les recalés des différentes étapes scolaires.Copieurs de sujets, ou acheteurs, businessmen sans vergogne ou corrupteurs de la société de demain, devraient savoir que nous sommes tous responsables de l'état de déliquescence de la qualité de notre enseignement, car il est écrit dans le Saint Coran : «Qu'Allah ne modifie point l'état d'un peuple, tant que les individus ne modifient pas ce qui est en eux-mêmes».