Algérie

ENCEINTE DE TLEMCEN - LE GRAND BASSIN-LE MÉCHOUAR- AGADIR



ENCEINTE DE TLEMCEN  - LE GRAND BASSIN-LE MÉCHOUAR- AGADIR
Ce qui reste aujourd'hui à étudier des anciens ouvrages défensifs de Tlemcen se compose : 1er d'une enceinte principale dont il n'est pas trop malaisé de restituer le tracé ; 2eme d'avant-murs, d'ouvrages avances dont il est fort difficile de faire une étude exacte. Avec les guerres dont, au XII, au XIII ; au XIV siècles, Tlemcen fut le théâtre et souvent l'enjeu, l'appareil de défense de la place s'agrandit, et dut singulièrement se compliquer. Les textes mentionnent fréquemment qu'elle reçut des fortifications nouvelles, mais sans se montrer explicites sur l'importance et l'utilité de ces ouvrages. En fait, aujourd'hui, les abords de la place seul parsemés de vieux murs, de tours [bordj) écroulées. L'esprit populaire en a été frappé' et c'est un dicton courant que » Tlemcen avait sept murailles, sept enceintes el que ses habitants ne dormaient ni jour ni nuit -1 ». En présence de ces ruines de pisé, de construction et d'aspect uniformes, il nous est presque impossible d'établir le plan général du système de défense de la place, et d'attribuer à chacun des maîtres qui s'y succédèrent la part qui lui revient dans la fortification tlemcenienne.
Nous avons dit plus haut que le plateau d'Agadir fut le siège de la Tlemcen primitive, et nous avons rapporté la sommaire description laissée par El-Yaqoûbi et Ibn-Haouqal de la muraille qui l'entourait -2. Le premier la déclare en pierre, le second en brique cuite. Cette singulière divergence ne doit pas trop surprendre. Pour nous, il est douteux qu'elle fut en brique, comme le veut Ibn-Haouqal. Il est possible qu'elle fût en pierre, à l'image des murs romains qu'elle remplaçait; mais, si quelque hypothèse est légitime en l'espèce, nous croirions volontiers qu'elle était, de même que la plupart des ouvrages milliaires d'Espagne et du Maghreb, laite de pisé très dur, et entièrement revêtue d'un enduit de chaux qui empêchait d'en connaître la véritable composition. Seuls les pores et quelques points importants, pouvaient être bâtis en brique ou en pierre de grand appareil empruntée aux vieilles constructions romaines.
Au X e siècle El Bekri, en nous donnant la liste des portes ; permet de déterminer à peu près le périmètre oriental d’Agadir. La ville avait cinq entrées : trois au Midi, Bab El Hammam, Bab Wahb, Bab El Khoukha, une à l’Ouest Bab Abi Qorra, une à l’Est Bab El Aqba. Nous ne savons rien de trois d’entre elles. Retenons simplement que l’une portait le nom du vieux chef Cofrite Abou Qorra, peut être parce qu’elle avait été construite par lui : qu’une autre s’appelait Bab El Khoukha, ce qui signifie « La Poterne-3 », et renvoyons à ce que nous avons dit plus haut de Bab El Wahb, et de Bab El Aqba « La porte de la Montée -4». Cette montée, avec la muraille qui la couronne, fut la limite extrême de Tlemcen vers l’Est, et la ville en se déplaçant, s’en éloigna toujours d’avantage. Il est remarquable, d’autre part, qu’aucune ouverture ne fût percée dans l’enceinte nord de la ville. C’est que de ce coté le plateau d’Agadir offrait un escarpement qui en rendait l’accès difficile.
Nous avons dit plus haut dans quelle condition se créa la ville nouvelle de Tagrârt-5. Désormais le périmètre de Tlemcen était au moins doublé. Aussi voyons ses maitres successifs se préoccuper de la mettre en état de défense. Les destructions partielles, dont la ville eut à souffrir au cours des guerres du XII e siècle, occasionnèrent de nouveaux travaux, un renforcement de ses ouvrages militaires-6. Au début de la dynastie Abd El Wadite, la ville avait vraisemblablement atteint les limites occidentale et septentrionale qu’elle ne devait pas dépasser. Nous savons en effet que Yarmoracen construisit les ouvrages défensifs de Bab Kechchout qui occupait à peu près l’emplacement actuel de la porte de Fez ; que, d’autre part, passant ses troupes en revue auprès de Bab El Kermadin (encore debout au Nord-Ouest de la ville)-7, il fut victime d’une tentative d’assassinat de la part de la milice chrétienne. A l’orient, Tlemcen conservait toujours la première enceinte d’Agadir. Cinquante ans après, Yahia Ben Khaldoun nous donne le nom de cinq portes de la ville : Bab El Jiad au Midi, Bab El Aqba au levant, Bab El Halwi et Bab el Kermadin au nord, Bab Kechchout au couchant-8. Nous indiquerons leur situation respective en étudiant le pourtour del’enceinte. Il convient de noter qu’à peu près vers le même temps Abou El Fedda parle de treize portes-9. Peut être est ce qu’il fait entrer dans le décompte les portes intérieures qui établissaient communication en Tagrârt et Agadir, et aussi des poternes, qui devaient perce un périmètre de murs aussi considérable-10.
Quoi qu’il en soit, le témoignage de Yahia Ben Khaldoun, qui vécut de longues années à Tlemcen, doit être sans aucun doute préféré : il nous montre une seule enceinte entourant deux quartiers qui, par leur réunion, forment une ville unique-11.
A partir de cette époque, il est vraisemblable que cette vaste superficie ne fait que décroitre. L était difficile de pourvoir d’un nombre suffisant de défenseurs l’énorme périmètre des murailles : Ibn Khaldoun raconte que déjà Yarmoracen, ayant attendu sous Tlemcen l’armée d’Abou Zakaria, et se voyant repoussé par le corps des archers, pensa trouver le salut en se réfugiant dans la ville, mais que, n’ayant pas assez de monde pour garnir les remparts, il ne put empêcher l’ennemi d’y prendre lui-même position ; il fut alors forcé de sortir par la porte de la montée, et, la trouée faite, de s’enfuir vers le désert-12. Cependant l’examen direct des lieux montre que l’excellente position stratégique d’Agadir devait faire hésiter les Sultans à abandonner le périmètre oriental primitif, alors même que le quartier qu’il défendait était peu à peu déserté-13. Dominant au Sud la vallée peu large, mais assez profonde, de l’Oued Metchkana, suivant à l’Est et au nord la crête du plateau, les remparts d’Agadir avec leurs tours et leurs travaux avancés opposaient aux engins du XIII e siècle une sérieuse résistance. Il nous faut maintenant étudier ce système défensif d’après les vestiges qui en sont demeurés à Tlemcen.
De même que l’architecture religieuse, l’architecture militaire des arabes d’Occident parait avoir des origines byzantines. Dans la fortification byzantine, une première enceinte, composée de tours carrées et barlongues et de courtines reliant les tours. Un avant mur, séparé de la courtine d’un quart de la hauteur de cette dernière. A cette double enceinte, s’en ajoutait une autre, formée par un fossé, et par le talus des terres rejetées. Les tours étaient barlongues, faisant un faible relief sur la courtine, ou carrées et placées dans les positions importantes de la défense, aux angles des places, auprès des portes.
Cette disposition habituelle des citadelles byzantines influença fortement la vieille architecture militaire arabe du Nord de la Syrie. L’enceinte Fatimide du Caire construite par Bedr El Djamali est encore toute byzantine d’allure-14 ; et il semble bien que le système de fotification des templiers, à l’époque des croisades, ait emprunté beaucoup d’éléments à cette vieille école-15. En occident, les villes d’Espagne, Cordoue, Grenade, Seville, Ahmunecar, celles du Maghreb, Tlemcen et Mansourah, permettent d’étudier des systèmes défense très analogues.
Ces ouvrages sont presque exclusivement en pisé soigneusement battu, formant de grandes assises, que séparent parfois des lits de sable ou de chaux. Rarement la base, faite de moellons, présente un fruit, assez faible d’ailleurs ; on en trouve cependant des exemples dans l’enceinte Nord-Est de Cordoue, et aux tours de Bab El Qarmadin, à Tlemcen. Il ne semble pas qu’en Occident les musulmans se soient servis de mâchicoulis : les matériaux dont ils disposaient en rendaient au reste la construction difficile, dans l’enceinte principale, les courtines et les tours portaient un chemin de ronde pris sur l’épaisseur des murs et un crénelage très simple. Les merlons devaient avoir le plus souvent un couronnement en glacis établis sur une assise de briques, ainsi qu’en présentent encore les remparts des villes marocaines : quant aux créneaux proprement dits (c’est-à-dire les vides compris entre les merlons), ils portent à Mansourah et à Séville, une proéminence médiane, laissant deux petites échancrures entre elles et les merlons-16. A Tlemcen, il ne parait pas que les courtines aient renfermé, à l’intérieur, de réduits, chambres de tir ou dégagement, sous les chemins de ronde, comme on en rencontre dans l’enceinte fatimide du Caire.
Les tours qui ont un faible commandement sur les courtines, sont, à de très rares exceptions près, carrées ou barlongues-17. Ces dernières n’eurent peut-être, au début que l’importance de contreforts consolidant les murs, ainsi qu’on en peut juger, à Grenade, dans la vieille enceinte de l’Albayein. Nous étudierons, à propos de Mansourah, quelle était la disposition intérieure de celles qui faisaient partie de l’enceinte. Pour Tlemcen, nous devons signaler plu spécialement les tours isolées, qui, à l’exemple des tours de guet romaines et grecques, protégeaient un point faible ou surveillaient la campagne voisine.
Le Byzantin se trouve nettement indiqué dans els fortifications d’Andalousie. C’est une avant-mur éloigné de 3 à 4 ,50 m du mur principal, ayant environ le tiers de la hauteur de ce dernier, muni comme lui d’un chemin de ronde et d’un crénelage, et suivant assez exactement le contour de la courtine et des tours flanquantes. Ces dispositions que l’on observe dans l’enceinte Sud-est de Cordoue, dans l’enceinte Nord de Séville, avaient pour but d’opposer à l’assiégeant une première ligne de défense, de retarder l’attaque directe des murs par les machines de guerre et les tentatives d’assaut. Sa faible élévation n’en faisait pas une position bien redoutable pour les assiégés, quand l’ennemi s’en était rendu maitre. Il fortifiait donc d’une manière efficace l’enceinte d’une ville dont l’assiette était peu au-dessus de la campagne avoisinante.
Tel n’était pas le cas à Tlemcen : ses maitres avaient fait suivre à l’enceinte, au moins à l’orient et au nord, toutes les sinuosités d’un plateau escarpé. L’avant-mur devenait alors un établissement difficile et n’offrait plus que de médiocres avantages. Nous pensons qu’il existait cependant. Déjà El Yaqoubi parle d’une double enceinte entourant Agadir -18: et nous croyons, d’autre part, qu’on peut reconnaître dans les ruines d’ouvrages avancés qui sèment les abords de la place les vestiges d’un succédané du style byzantin. Seulement les dispositions primitives de cet avant-mur avaient été beaucoup modifiées. Reporté au pied de l’escarpement ; éloigné parfois d’une centaine de mètres du mur principal, de hauteur presque égale, ayant son chemin de ronde et ses tours de flanquement , il constitua une première enceinte qui, le plus souvent, utilisa comme fossé un vallonnement naturel.
Cette préoccupation d’occuper les escarpements pour empêcher l’ennemi d’y prendre position, et d’établir ses machines de guerre et ses contrevallations, poussa même peut-être les tlemceniens à donner sur certains points à leur ville deux enceintes avancées, écartées entre elles de près de 100 m, et présentant à l’assiégeant un front extrêmement étendu. Mais, à cet égard, l’examen des ruines qui jalonnent le voisinage immédiat de Tlemcen ne peut prêter, nous le répétons, qu’à des hypothèses. Ces deux lignes d’ouvrages avancés coopérèrent-elles, à une même époque, à la défense de la ville ? L’une, au contraire, remplaça-t-elle l’autre ruinée et abandonnée ? C’est ce que l’on ne saurait décider catégoriquement.
Quoi qu’il en soit, il semble certain que la construction des avants-murs ne fut jamais motivée par un accroissement de la ville proprement dite : l’agglomération demeura, à de très rares exceptions près, en deçà de la première enceinte ; c’est immédiatement en dehors de cette enceinte que sont placés les tombeaux de saint protecteurs des portes, que nous étudierons plus tard, et ces tombeaux furent vraisemblablement les seuls édifices élevés dans cette sorte de zone militaire s’étendant entre le périmètre réel de Tlemcen et la courtine des ouvrages avancés.
Nous avons parlés d’Agadir et de l’enceinte orientale. L’oued Metchkana lui servait de fossé sur une partie de son parcours. Elle s’en éloignait de Bab El Aqba pour couronner le plateau supérieur. L’oued, en cet endroit, devenait plutôt un danger qu’une défense naturelle-19. Des ennemis pouvaient, protégés par l’escarpement, s’approcher des murs, et, suivant la vallée, tenter un coup de main sur la ville. Pour prévenir ces éventualités, des tours de guet assez rapprochées l’une de l’autre réunies entre elles par une courtine, puis plus écartées et isolées dans la campagne, commandent le cours de l’oued, et, postes avancés, surveillent toute la plaine de la Safsaf et les hauteurs qui l’entourent.
La porte de la montée Bab El Aqba, qui semble avoir joué un rôle important dans l’histoire militaire de Tlemcen, était encore debout dans les premiers temps de l’occupation française. Son soubassement, fait de pierres de grand appareil empruntées à des murs antiques, était couronné d’une arcade de brique en fer à cheval brisé. Deux tours ayant également un soubassement de pierre la flanquaient à droite et à gauche-20.
L’enceinte se continuait au nord, en couronnant le bord du plateau, renforcée par l’avant-mur sensiblement parallèle au premier. Vers le milieu d’Agadir, une galerie voutée se détachait perpendiculairement de l’enceinte supérieure, c’est-à-dire dans une direction Sud-Nord. Elle était percée, à l’Est, d’une porte encore visible à laquelle une rampe en pente douce permettait d’arriver. Cette galerie formait ainsi un passage coudé donnant vraisemblablement accès dans la ville. La voute, continuée jusqu’à l’extrémité de la galerie, portait sans doute une plate-forme qui surveillait le chemin d’arrivée et le pied des murs. L’enceinte supérieure était elle-même, à la hauteur de cette galerie, surmontée d’une tour assez élevée, qui permettait d’inspecter les abords. Un important fragment de cette tour subsiste encore on l'appelle aujourd'hui Chonqâr bab-er-Rowâh le fragment de bâb-er-Rowâh-21.
Le mur avancé, dont on retrouve çà et là des traces dans les jardins du bas Agadir, devait, en s'écartant un peu du mur principal, traverser le chemin de Sîd El-Halwi et passer tangentiellement au village en le laissant à l'intérieur. Trois vestiges de tours marquent ce périmètre extérieur, éloigné d'une centaine de mètres de l'enceinte véritable.
Avant d'arriver à l'angle Sud-ouest de la ville un trouvait l'endroit appelé El-Monia, où avait eu lieu l'attentat contre Yarmorâsen, mentionné plus haut, et l'entrée appelée Bâb-El-Qermadin. Des vestiges importants de cette porte subsistent encore ils se composent d'un pan de mur médian de I2 m ,50 percé d'une ouverture assez étroite, et flanqué à l'Est et a l'Ouest de deux tours carrées de 6 mètres de côté. Deux nouvelles tours irrégulières, laissant doux passages entre elles et le corps central, continuent, des deux côtés, l'enceinte. En arrière de ce premier mur et asymétriquement posées, se trouvent deux hautes tours rondes et pleines. Deux murs, partant des tours, remontent vers la ville : celui de limite allait joindre l'angle d'un bâtiment transversal voûté, corps de garde ou casemate barrant le fond du couloir. Le passage n'était libre qu'à l'extrémité du mur de gauche. Enfin un dernier mur, dont un angle seul subsiste, encadrait le bâtiment transversal. Les murs, les bordj sont en pisé, et leur base est en moellon. Notons en passant que, dans le pisé, l'on rencontre de nombreux fragments de poterie; leur présence, rapprochée du nom même de Bàb-el-Qermâdin, qui signifie « porte des tuiliers » semblerait indiquer que ce lieu était antérieurement occupé par-une industrie céramique-22.
Quel était le véritable but de cet ensemble de travaux? De quel danger, de quels retards embarrassait-il la marche d'un assiégeant faisant irruption dans la ville? Quel chemin le constructeur entendait-il lui imposer? Si l'on en croit les souvenirs de vieux Tlemceniens, la petite porte médiane et le passage Ouest n'existaienl pas. Seul le passage Est était ouvert, directement protégé par la tour ronde qui lui faisait face. On peut supposer que la seule route possible était alors le couloir compris entre les deux tours el les murs qui leur font suite. L'apparence d'un chemin de ronde subsistant au sommet «les murs et extérieur à ce passage rend probable cette interprétation. Quoi qu'il en soit, la porte El-Qermàdîn devait constituer pour l'époque un ensemble de fortifications très sérieuses, autant pour protéger la ville contre un coup de l'orée que pour faciliter une sortie des assiégés.
Sur le front occidental, la double enceinte se continuait. Le mur principal suivait assez exactement le rempart actuel, d'abord extérieurement, puis intérieurement, laissant le Grand Bassin en dehors, et était percée peu après par la porte Kechchout-23.
Le Sahridj-el-Kebir, bassin rectangulaire ayant 200 mètres de long sur 100 de large et 3 mètres de profondeur, est resté pour les archéologues une énigme difficilement explicable.
Azéma de Montgravier y voit un ouvrage des Romains-24. D'autres l'attribuent avec plus de raison à Abou-Tâchfin et fixent la date de sa construction entre les années 718 et 737. L'abbé Barges imagine que ce fut uniquement là une fantaisie de sultan désirant se procurer des réjouissances mondaines et s'offrir aux portes de Tlemcen le spectacle de coûteuses naumachies-25. Cette explication, qu'il convient d'ailleurs de rapprocher de l'attribution analogue faite par Almegro Cardenas au grand étang de l'Alcazar Genil, nous semble assez difficilement acceptable-26. Nous inclinons plutôt à penser que cet énorme bassin, de même que les réservoirs plus petits que l'on rencontre a l'Est aux abords de la ville-27, au Nord et au Sud disséminés dans la campagne, de même que le Sahridj de Marrakech, son ancêtre d'un siècle, fut creusé et revêtu de pisé pour assurer a la culture de la banlieue une abondante provision d'eau. On sait Le soin que les Arabes ont apporté aux travaux d'irrigation : la campagne tlemcenienne est tout entière sillonnée d'aqueducs, de conduits, parsemée de citernes, plus ou moins profondes; il y avait là non une vaine recherche de luxe, mais une exigence vitale, et le maître d'une agglomération aussi considérable que Tlemcen ne devait rien ménager pour y satisfaire.
Ce réservoir était alimenté par des sources de Lalla-Setti. Les restes d'un véritable château d'eau se rencontrent à la hauteur du Grand Bassin, en dessus de la route actuelle de Maghnia. Suivant une tradition assez répandue, Aroudj, étant entré en vainqueur dans Tlemcen, aurait fait noyer dans le Sahridj les derniers membres de la famille souveraine des Beni-Zeiyân-28.
L'enceinte avancée, traversant la route d'Hennaya, enfermait l'ancien cimetière juif, et, courant parallèlement au mur principal, laissait à l'intérieur le grand bassin. Des ruines importantes, incorporées en partie aujourd'hui à des habitations européennes, semblent avoir constitué, à 150 mètres environ de cette seconde enceinte, un troisième périmètre muni de tours assez élevées. Elle domine du côté de Mansourah une dépression naturelle, peut-être ancien lit d'un oued desséché. C'est vraisemblablement à ce groupe d'ouvrages qu'il faut rattacher le château- fort d'Imàma, qu'Otsmàn le Mérinide détruisit, en 689 de l’hégire, sans pouvoir atteindre a l'enceinte principale de Tlemcen-29.
Le point le plus faible de la place était sans doute le front Sud. Là, la ville, abandonnant à l'Est l'oued Metchkâna, se trouvait dominée par la crête de Lalla-Setti. C'était là pour l'assiégeant une position de choix ; c'était de la brèche voisine d'Es-Sakhratein qu'Abd-el-Moumin s'était précipité sur l'armée almoravide; et bien souvent les Tlemceniens durent voir, sur la côte qui descend d'El-Qala à Mansourah, prendre position les troupes marocaines. De sérieux travaux de défense étaient nécessaires pour conjurer le danger. L'extension du périmètre des murs et l'édification de la citadelle de Tlemcen tirent de cette face une des mieux défendues de l'enceinte.
A l'extrémité orientale, une pointe de l'avant-mur accompagnait vers le Sud le cours de l'oued Metchkâna; sur la côte, un bordj dominait la ville, et pouvait servir à surveiller les mouvements de l'ennemi-30. Enfin un avant-mur, précédé d’un fossé creusé de main d'homme, quittait l'oued Metchkâna à la hauteur du cimetière chrétien et courait vers l'Ouest jusqu'à la hauteur de l'angle Sud-Ouest du rempart actuel. Un bordj important le limitait à son extrémité occidentale. Cette première ligne de défense s'opposait aux assiégeants, à cent mètres environ de l'enceinte principale, et devait considérablement resserrer leur champ d'action. Un épisode, raconté par Ibn-Khaldoun, précise cette disposition : « Le sultan mérinide Abou El-Hasen avait coutume de faire chaque matin une inspection personnelle de ses postes d'attaque. Il s'avançait à cheval, et à quelque distance de son escorte. Abou-Tâchfin résolut de s'emparer de la personne de son ennemi et plaça à cet effet des hommes en embuscade. Quand le sultan fut arrivé à l'endroit situé entre la ville et la montagne, les hommes de l'embuscade furent sur le point de le saisir; même leurs meilleurs coureurs allaient l'atteindre, quand on s'aperçut au camp mérinide de ce qui se passait. Aussitôt tout le monde monta à cheval; on s'élança au secours du prince par bandes et séparément. Ses fils Abou-Abd-Er-Rahmân et Abou-Màlik, les plus intrépides cavaliers, se mirent en selle et accoururent avec le reste des mérinides. De toute part, ces guerriers se précipitèrent en avant comme des faucons sur leur proie. Les troupes abd-el-wâdites sorties de Tlemcen prirent la fuite et tombèrent par mégarde dans un fossé où une foule de monde fut écrasée. Plus de guerriers y succombèrent que dans le conflit qu'ils voulaient éviter-31».
Bien en arrière de cet avant-mur se dressait l'enceinte même de la ville. Vers son centre, appuyé comme le castellum des cités romaines à une partie de l'enceinte principale, et pénétrant dans l'intérieur de Tlemcen, se trouvait le quadrilatère du Méchouar-32, Nous dirons plus loin (Grande Mosquée) dans quelles circonstances Yarmoràsen en jeta les premiers fondements. Ses successeurs y apportèrent de nombreux embellissements. La ceinture de hautes murailles, qui l'entoure aujourd'hui encore, fut, au témoignage d'El-Tenesi, l'œuvre d'Abou El-Abbàs Ahmed-33. Mais on n'en doit pas conclure qu'avant ce prince la résidence royale de Tlemcen fut dépourvue de fortifications. Dés 717, elle pouvait être, ainsi que le raconte Ibn-Khaldoun, en même temps qu'un palais, une sorte de prison ; Abou-Hammou I er y retint près de lui des otages pris aux rebelles de Médéah-34. Au XVI e siècle, Léon l'Africain le vit encore très florissant : « Du côté du midi est assis le palais royal ceint de hautes murailles en manière de forteresse, et par dedans embelli de plusieurs édifices et bâtiments avec beaux jardins et fontaines. Il a deux portes, dont l'une regarde vers la campagne, et l'autre — là où demeure le capitaine du château — du coté de la cité-35». Marmol en fait une description identique et donne, en outre, les noms des deux portes, la première se serait appelée Bâb Gied, et la seconde Bàb Gàdir-36. — Avec la domination turque, le Méchouar subit une profonde décadence. Les pavillons qui ornaient l'intérieur furent à peu près détruits lors de la révolte des Tlemceniens contre le bey Hasan-37, en 1670. Seule la haute enceinte subsista, dégradée, mais capable d'abriter encore efficacement les maitres de la citadelle. En cas de danger, toute la population qouloughli, d'origine turque, pouvait y trouver asile, et en même temps coopérer à sa défense. C'est ce qui arriva encore en 1832, quand le sultan du Maroc voulu s'emparer de Tlemcen, et, en 1830, lorsqu'Abd-el-Kader se fut rendu maitre du reste de la ville. Des maisons particulières occupaient toute la partie Nord du rectangle ; le palais, les jardins et la mosquée étaient situés dans les parties Sud et Est. En 1842, le génie militaire trouva l'intérieur du Méchouar encombré de ruines ; il déblaya, abattit des masures, rasa ce qui restait de l'ancien palais, et construisit à la place des bâtiments destinés à divers services de l'armée. Il conserva l'emplacement des deux portes, mais en élargit l'accès-38; il restaura sérieusement l'enceinte, fort endommagée. Aujourd'hui, crénelée à l'européenne, percée de meurtrières, munie d'échauguettes, elle n'offre plus grand chose d'intéressant à l'archéologue, qui étudie la fortification arabe du Maghreb.
Vers le Sud-est, l'enceinte principale prolongeant le mur extérieur du Méchouar, allait rejoindre l'enceinte avancée au lieu qu'on appelle aujourd'hui Bit-er-Rich. Elle a laissé, comme vestiges, trois tours en pisé situées à l'intérieur de la ville, à 40 mètres environ des nouveaux remparts, et des fragments de courtine dans les jardins qui s'étendent entre la muraille actuelle, la route de Bel-Abbès, et le chemin de Sidi Bou-Médiène. D'après nos conjectures, c'est à Bit-er-Rîch que devait être située anciennement une des portes méridionales de la ville, Bâb-el-Jiâd-39. Un groupe de tours et une épaisse muraille dont il reste d'importants fragments défendait là un pont jeté sur l'oued Metchkàna. D'autre part une tour placée à quelques mètres de l'oued Metchkàna, et à 100 mètres environ des nouveaux remparts (elle portait dans son dernier état le nom de Bordj-Qchâqech), faisait partie de l'enceinte avancée. Un chemin couvert, aujourd'hui à ciel ouvert, mais encore voûté au moment de l'entrée, à Tlemcen, des troupes françaises, mettait en communication cette tour avec l'enceinte principale située en arrière.
De Bit-er-Rich, l'enceinte traversait la route actuelle de Bel-Abbès. Elle passait par des terrains maintenant occupés par la gare; des fragments importants, incorporés dans les habitations européennes voisines, le long de l'oued Metchkàna, en sont encore visibles. Elle fermait Agadir, en allant rejoindre le périmètre oriental au-dessous du cimetière de Sidi-Yaqoub. C'est là que, selon nos conjectures, était située l'ancienne porte de Wahb. L'enceinte Sud-est d'Agadir était-elle double? Les vestiges subsistant ne permettent pas de l'affirmer. Le voisinage immédiat de l'escarpement de l'oued Metchkàna rendait d'ailleurs difficile l'établissement d'un avant-mur. Cependant les traces de deux enceintes sont encore visibles à Sidi Yaqoub : l'une, en avant, contourne le plateau de ce cimetière en suivant l'oued ; l'autre, à l'Ouest, en arrière, parsème de ses débris une petite crête, aujourd'hui couverte de jardins.
Au début de la dynastie Abd-el-Wâdite, Agadir était encore fort peuplée-40. Elle déclina rapidement dans la suite, au fur et à mesure que Tagrârt augmentait. A l'époque des derniers zeiyânides, les textes nous en parlent comme d'un quartier solitaire, et à peu près abandonné-41. Dévastée encore au cours des guerres sanglantes qui précédèrent l'occupation des Turcs, Agadir cessa d'être habitée. Sous la domination des successeurs d'Aroudj, ses habitants rentrèrent dans Tagrârt ou se retirèrent au Maroc. Peu à peu les cultures maraîchères remplirent les intervalles des ruines. Seule la mosquée avec son minaret, et une partie de l'enceinte orientale et septentrionale subsista; mais on cessa d'y réparer les brèches que le temps y ouvrait chaque jour. La Tagrârt primitive devint tout Tlemcen-42.
Au moment de l'entrée à Tlemcen des troupes françaises, l'enceinte occupait sensiblement l'emplacement que couvre aujourd'hui le rempart en pierres de taille, commencé parle génie militaire en 1852-43. Les avant-murs, les ouvrages extérieurs étaient à peu de chose près aussi ruinés qu'ils le sont maintenant, et nul n'y prêtait plus attention. A l'Est, un mur isolait la ville du quartier ruiné d'Agadir; à quelques 50 mètres de lui, une ligne de décombres courait parallèlement; peut-être représentait-elle les restes de l'enceinte occidentale primitive d'Agadir-44, celle où, avant la fondation de Tagrârt, s'ouvrait la porte d'Abî-Qorra. Sur la face septentrionale, trois portes s'ouvraient; la première, Bàb-Sidi El-Halwi, ou Bâb-ez-Zàwiya dominait le petit village de Sidi El-Halwi ; une autre plus petite, Bâb-Sour-el-Hammàm était située un peu au couchant de la porte du Nord actuelle; enfin, Bâb-el-Qertmâdîn, dont nous avons parlé plus haut, occupait l'angle Nord-Ouest de la cité; des casernes de yoldâch l'avoisinaient. Sur la face occidentale, on trouvait deux portes : l'une Bâb-es-Sâqa, était placée à droite de la porte d'Oran actuelle; l'autre était la vieille Bàb-Kechchout; elle portait aussi le nom de Bâb-Sidi- Boudjemâ ou encore le nom pittoresque de Bab-el-.Jorlila, porte de la Balançoire ; ce dernier lui venait des cadavres de malfaiteurs, qui, victimes de la justice sommaire des gouverneurs turcs, s'y balançaient souvent. Deux saillants la flanquaient, où étaient installées des batteries turques (tobbâna). Sur la face méridionale, on rencontrait successivement le bordj Zafrani (nous en avons fait la tour Safranet!) et le bordj Sidi Bou-Izâr; ils sont encore debout; puis Bâb-el-Hadid, un peu à gauche de la porte actuelle des Carrières. Enfin, une petite poterne ombragée d'un mûrier, et qui en recevait le nom de Bàb-et-Tsouitsa (porte du Mûrier) donnait un accès étroit et tortueux dans le Méchouar-45. La face orientale était percée de quatre portes: Bâb-Taqarqârêt, était située ii l'angle Sud-est de l'enceinte actuelle, à 100 mètres de l'oued Metchkàna; et en face du bordj el-Qchaqech : Bâb-el-Jiàd reportée bien au Nord-est de son emplacement primitif, s'ouvrait un peu à gauche de la porte actuelle de Sidi Bou-Médiène-46; enfin, successivement, Bâb-er-Rebeut (entre les portes actuelles de Sidi Bou-Médine et de l'Abattoir), Bâb-es-Souîqa ,sur l'emplacement de la porte de l'Abattoir) et Bâb-Zîr (à la hauteur du village de Sidi Lahsen) donnaient accès dans la ville à travers la longue ligne du rempart oriental.

NOTES:
1- Nous l'avons souvent entendu citer; Walsin-Esterhazy le donne comme provenant «d'une chronique arabe» (?)(Cf. De la Domination turque dans l'ancienne régence d'Alger, p, 103. Le fondateur delà dynastie abd-el-'wàdite aurait lui-même conseillé à son fils de fortifier sa capitale et de se fier à la valeur de ses murs, plutôt que de se risquer en rase campagne (Cf. Histoire des Berbères, III, p. 369.
2- CF. Suprâ, p. 13.
3- CF. Dozy, supplément aux dictionnaires, 1. P. 171 ; M.Mondas nous écrit d’autre part qu’à Kairouan, Bab El Khoukha est un passage fort étroit, accessible à un seul homme de front, et pratiqué dans l’épaisseur des murs de la ville, suivant un tracé sinueux reproduisant la figure d’un Z ; qu’il se rappelle avoir passé par un chemin analogue à travers les remparts de l’ancienne Alger, à l’entrée actuelle de la rue de Lyre ; ces poternes, ajoute-t-il, sont généralement placées entre deux portes de la ville, éloignée l’une de l’autre ; c’est un raccourci pour les piétons seuls. CF. Infrâ, p. 124, note 1.
4- CF. Suprâ, p. 11.
5- CF. Suprâ, p. 14 et 15.
6- CF. Complément de l’histoire Beni Zeiyan, p. 9.
7- Histoire des Berbères, III, p. 333.
8- CF.Bargès. Complément de l’histoire des Beni Zeiyan, p. 516.
9- CF. Abou El Fedda : Traduct, Reinaud, p. 189 ; Tlemcen ancienne capitale, ete, p. 198.
10- De fait, les textes citent fréquemment d’autres portes ; d’abord Bab Zir, qui existait encore à l’entrée à Tlemcen des troupes françaises, et était percée dans le rempart oriental de Tlemcen, donnant une sortie vers Agadir ; puis Bab El Bonoud, Bab Es Carl, Bab Ilan, qui pouvaient être des poternes ou des portes de quartiers (Cf. Histoire des Beni Zeiyan, LXX, LXXI), Bab Ali, également citée par Tenesi pour l’époque de Yarmoracen (Cf. Histoire des Beni Zeiyan, p. 13) doit vraisemblablement être identifiée avec la porte de Sidi El Halwi : elle prit le nom de ce personnage, après qu’il eut été enterré auprès d’elle (Cf. Tlemcen ancienne capitale, p. 118) ; les textes lui donnent encore le nom de Bab Ez Zaouiya. Bab El Hadid, qui dans le dernier état des remparts arabes, était une des grandes portes de Tlemcen, est déjà citée par des textes contemporains de Yahia Ben Khaldoun (Complément de l’histoire des Beni Zeiyan, p. 53- Revue Africaine, Aout 1859, p. 415) _ Léon l’africain donne encore cinq portes à Tlemcen, qui, à son époque, n’était plus que Tagrart (Cf. Supra ; p. 8).
11- Comp. El Abderi, ap. Revue Africaine et coloniale, Avril 1860, p. 288.
12- Cf. histoire des berbères, III, p. 345
13- Rappelons qu’au témoignage de Qartas les Almoravides chassés purent encore se maintenir quatre ans dans Agadir (Cf.Roudh-El-Qartas, p. 267).
14- Cf. Van Berchem, Notes d’archéologie. I, p. 61.
15- Cf. Rey. Etude sur les monuments de l’architecture militaire des croisés, introd, p. 14.
16- A Séville, les merlons sont encore percés de trois en trois, à la base d’une meurtrière.
17- Comp. Van Berchem. Notes d’archéologie, I, p. 56, 57, 66.
18- Cf. El Yaqoubi (Edit de Goeje), texte p, 17 ; traduction p. 116, 117.
19- Nous somme redevables de cette observation à M. Lemaire, capitaine du génie à Tlemcen, qui, pour toute cette partie de notre étude, nous a fourni d’utiles renseignement._L’occupation sur une grande longueur du ravin de l’oued Metchkana, parait avoir été le principal souci des maitres de Tlemcen, pour ce qui concerne la fortification de l’Est de la place : les remparts dominaient son cours sur près de 2 kilomètres, et, comme on le verra, deux pointes avancées l’accompagnent encore au Sud et au Nord-est où l’enceinte le quittait.
20- Dans les derniers temps, cette porte était plus généralement appelée Bab Sidi Daoudi, d’après le nom du vieux saint Tlemcenien dont elle avoisinait le tombeau (Cf, sa description, ap, Bargès. Tlemcen, ancienne capitale, ete, p. 167) ; il en existe des photographies dans les collections des Monuments Historiques et de l’Ecole des Beaux-arts. De Lorral en donne un dessin exécuté d’après une photographie (Tour du Monde, 1875, p. 314).
21- Nous croyons avoir là un exemple très reconnaissable de poterne « Khoukha ». Cf. Supra, p. 113, note 2 : l’accès en été coudé, suivant un principe qui s’est conservé jusqu’à nos jours, dans la construction des entrées de demeures arabes, et qui a inspiré, en Egypte et en Syrie, la disposition de la « Bachoura » cf. Van Berchem. Notes d’archéologie, I, p. 42, 43 notes.
22- 1. A côté de Bâb-el-Qermâdîn, i|iii est la leçon la plus courante dans murs. de la Baghyal-er-Rouhal que nous avons consulté, on trouve encore Bâb el Qermddi, ou Bab El-maqerrnadïn cf. histoire des Berbères, III, p. 353 ; Ël-qermadin ap., Piesse et Canal, 80; de Lorral l'appelle «la forteresse de Toubiana » ; il a vraisemblablement pris le mot «Tobbâna », nom générique du bastion muni d'artillerie, qui lui était fourni par un informateur, pour le nom même de l'ouvrage dont nous nous occupons ici (cf. Tour du Monde, 1875, p. 336 - — Cette porte, située en dehors de 1 angle Nord-Ouest des murs actuels, est prise, dans notre photographie, de la route qui mène au cimetière Israélite.
23- On trouve dans les textes les leçons « Kechchout, Gechchout et R'ech- chouta » : la première est la plus fréquente, et c'est celle que nous avons entendue de la bouche même de vieux Tlemceniens. Le nom de cette porte est expliqué populairement par une curieuse légende de sacrifice de construction ; I’ un de nous la donnera ailleurs. C'est par Bàb Kechchout que les Mérinides entrèrent à Tlemcen, en 13S7. « Le passage, dit lbn-Khaldoun, qui donne entrée dans la ville du côté du couchant, et qui avait une porte à chaque extrémité. semplit de cadavres à tel point qu'à peine pouvait-on passer sous la voûte» (Histoire des Berbères, IV. 222; III. 4 1 u. C'est auprès d'elle encore que fut mis à mort le sultan Abou-Abdallah Mohammed, en 1430 (cf. Complément de l'histoire des Beni-Zeiyân, p. 288. Sur notre plan, elle est désignée par son dernier nom de Bàb-Sidi-Boudjemà.
24- Excursion archéologique d'Oran à Tlemcen, p. 11.
25- Cf. Tlemcen, ancienne capitale, etc., p. 350, 356; c'était déjà l'explication qu’en donnait la tradition populaire à l'époque où Shaw visita Tlemcen (Voyage dans la Régence d'Alger, traduction Mac-Carthy, p. 243.
26- Cf. Inscripciones arabes de Granada,p, 180. nota.
27- Généralement appelé «Sahridj er-Rebeut » cf. Tlemcen, ancienne capitale, p. 153.
28- Cf. Tlemcen, ancienne capitale, ete, p 337; — Brosselard, Tombeaux des émirs Beni-Zeiyân, p. 127, 128.
29- Cf. Histoire des Berbères, IV. p, 130 in princ; — Imama est à environ 1300 mètres au Nord-ouest de Tlemcen.
30- Il a été réparé par le génie militaire en 1842. Outre qu'elle occupe une position importante, cette tour protège les moulins échelonnés sur la côte d El-Qala : elle permit d’assurer aux premiers temps de l’occupation française l'approvisionnement en farine de la ville. Les rapports du génie militaire la désignent généralement sous le nom de tour des Moulins (communication de M. le capitaine Lemaire. La cote d’El-Qala parait de tout temps avoir été considérée comme un point stratégique important. Son nom est peut-être l'abréviation de celui de « qala il Ibn-Jàhil », cité par El-Bekri : « Au sud de Tlemcen se trouve la qala d'Ibn-Jàhil, fortifiée, riche en eau et en fruits, et en fruits et contiguë à la montagne de Terni. » Édition de Slane, p, 77. Mais il faut se garder de suivre Barges lorsqu’il veut placer à El-Qala la citadelle de Temzezdekt où l'Almohade Es-Said assiégea Yarmoràsen (Tlemcen, ancienne capitale, p. 171. Note 2. Temzezdeckl est, suivant lbn-Khaldoun, située dans la montagne au Sud d'Oujda Histoire des Berbères, III. p. 348 ; elle est décrite par Léon l'Africain et Marmol (Léon I Africain. III. p. 8; — Marmol, II, 322.
31- Histoire des Berbères, IV. p. 222; 111. p. 411.
32- «Méchouar», qui signifiait à l'origine «salle du conseil », désignait en Andalousie et dans le Maghreb un palais-citadelle Cf. Dozy, Supplément aux Dictionnaires arabes, I, p. 800). Dans le sens de salle du conseil, le mot ne parait pas inconnu aux dialectes orientaux (Cf. Van Berchem, Matériaux pour un corpus,p. 585, note 3).
33- Cf. suprà, p. 26.
34- Cf. Histoire des Berbères. III. p. 397.
35- Cf. Léon l'Africain, 111. p. 25. — Tout le chapitre XVI de Tlemcen, capitale, etc., est consacré à la description du Méchouar et à l’énumération des merveilles qu'il contenait.
36- Cf. Marmol, III, 330; ces noms nous paraissent impossibles à identifier, ou plutôt nous croirions volontiers à une confusion de Marmol avec deux portes de l'enceinte : Bàb-el-Jiàd et Bàb-Agàdir (la porte de la Montée portait parfois ce dernier nom).
37- Cf. Tlemcen, ancienne capitale, p. 383.
38- Dans leur dernier état, celle qui donne sur la ville portait le nom Bàb-el- Méchouar, et celle qui donne sur la campagne de Bàb-et-Tsouitsa : la tour actuelle qui surmonte la première fut bâtie par le génie militaire, en 1843; elle ne date pas de l'époque arabe, comme le veut de Lorral Tlemcen, p. 362.
39- Cf. Une explication du nom de Bit-er-Rieh. ap. de Lorral, Tour du Monde, 1815, p. 32. Elle ne nous a pas été confirmée personnellement; mais elle parait fort plausible, de ce fait que des rites sacrificiels analogues à ceux décrits par de Lorral se célèbrent encore couramment dans certains sanctuaires tlemceniens. D'autre part, des textes nous parlent des cimetières d'Ain- Wânzouta et d'El-Merdj en dehors et à côté de Bâb-el-Jiâd (Bostân, notre manusc , ps. 70, 170, 248, 471); or ces cimetières sont bien connus aujourd'hui encore; ils sont situés à 150 mètres environ au Sud-Est de Bil-er- Rich. Il semble, d'après la description qu'en donne Mohamed-ben-Yousef-el- Qaisi dans une pièce de vers en l'honneur de Tlemcen, qu'on aboutissait à Bàb-el-Jiàd par des rues tortueuses [Complément de /'Histoire des Beni-Zeiyan, p. 548.
40- Rappelons que Yarmoràsen jugea utile d'élever un minaret à sa mosquée (Cf. suprà, p. 19).
41- «Le chikh Sidi Lahsen (1433) alla s'établir dans le quartier solitaire d'Agadir» (Complément de l'Histoire des Beni-Zeiyân, p. 323); au XVII e siècle, l'auteur du Bostàn, parlant d'un personnage enterré auprès de Bàb-Zîr, qui faisait communiquer Tlemcen avec Agadir, dit : « Sa tombe est à l'intérieur de Tlemcen, c'est-à-dire « de la ville» (Bostân, notre manuscrit, p. 476) ; c'est donc qu'Agadir n'est plus qu'une banlieue.
42- Cf. Tlemcen, ancienne capitale, etc., p. 119, 180; Ez-Ziàni, ap. Complément de l'histoire des Beni-Zeiyân, p. 537.
43- Nous avons personnellement consulté de vieux tlemceniens; en outre M. le capitaine Lemaire nous a communiqué divers renseignements puisés par lui dans les archives du génie.
44- Comp. Tlemcen, ancienne capitale, etc., p. 153.
45- Cf. suprà, 131.
46- Le quartier qui avoisine la porte actuelle de Sidi Bou-Médiène porte encore le nom de Houma Bàb-el-Jiàd, on trouvera un dessin représentant Bàb-el-Jiàd dans son dernier état ap. Piesse et Canal, Tlemcen. p. 14.





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