Algérie

En visite depuis hier à Alger



Sarkozy espère un soutien franc à sa candidature Le ministre de l’Intérieur français, Nicolas Sarkozy, arrivé hier à Alger vers 14h30, a été accueilli à sa descente d’avion par son homologue algérien, Yazid Zerhouni. Le ministre français a entamé sa visite par un re-cueillement au cimetière français de Bab El-Oued avant de se diriger à la basilique de Notre Dame d’Afrique. Il a eu ensuite des entretiens en tête-à-tête avec son homologue algérien en attendant qu’il soit reçu, aujourd’hui, dans la matinée, successivement par le président Bouteflika et le Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem. Il donnera ensuite une conférence de presse conjointe à Djenane El Mithak en compagnie de Yazid Zerhouni. Il faut dire que cette visite de travail de deux jours n’est pas ordinaire, et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, elle est la quatrième du genre dans la capitale algérienne depuis 2002, alors que Sarkozy n’était encore qu’un simple député-maire de Neuilly. La seconde et la troisième visites sont intervenues en 2004 sous la casquette de ministre des Finances lorsqu’il était venu proposer la signature d’un aide-mémoire économique. Cette quatrième visite intervient, elle, dans une conjoncture politique défavorable pour les deux pays puisqu’elle est marquée par la traditionnelle polémique sur la guerre d’Algérie et le renvoi aux calendes grecques de la signature du Traité d’amitié que les deux présidents, Chirac et Bouteflika, tenaient tant à faire conclure. Mais le caractère spécial de la visite à Alger de Sarkozy donne à celle-ci un cachet officiel puisque l’hôte de l’Algérie est précédé d’une réputation à la mesure de son personnage, tout cela alliée à une ambition sans faille du candidat à la présidentielle française. C’est dire que cette visite est politique au plus haut point. Il y a quelques jours encore, le Chef du gouvernement, Abdelaziz Belkhadem, rappelait aux responsables français leur obligation de reconnaître les crimes commis contre le peuple algérien et leur demandait de présenter des «excuses officielles» avant toute idée de signature du Traité d’amitié. Sur ce Sarkozy répond, diplomatiquement, qu’il faut «voir l’avenir en commun. Il faut faire un signe, des gestes. Il n’y a pas de douleur d’un seul côté. Il y a de la douleur des deux côtés», a-t-il souligné en référence à la demande algérienne. Toujours est-il, l’hôte officiel de l’Algérie, qui aura des entretiens au plus niveau de l’Etat, sera reçu, aujourd’hui, par le président Bouteflika qui ne ratera pas l’occasion de lui rappeler que la France doit prendre ses responsabilités en présentant ses excuses officielles si elle veut réellement tourner la page de la guerre. Mais le candidat de l’UMP, le parti majoritaire en France, n’est pas venu à Alger avec dans sa valise des mesures visant à faciliter la délivrance des visas Schengen, mais de proposer des solutions concrètes pour dégeler les relations algéro-françaises qui connaissent depuis quelques mois des zones de turbulence. Depuis 1995, et sur insistance de la France, les pays européens de l’espace Schengen doivent être consultés avant que l’un d’eux n’accorde un visa pour l’entrée d’un Algérien sur ce territoire. L’Algérie est même le seul pays du Maghreb concerné par cette mesure jugée «discriminatoire». C’est en ce sens que, selon son entourage, Nicolas Sarkozy s’est beaucoup mobilisé auprès de ses partenaires sur ce sujet. «Je suis en train de travailler à la suppression» de cette obligation, a-t-il déclaré, à l’hebdomadaire Jeune Afrique, paru dimanche dernier. Une telle annonce pourrait placer son entretien avec le président Bouteflika sous des auspices favorables au réchauffement franco-algérien, après des relations marquées depuis des années par une tension qu’a accentuée la loi de 2005 assortie de l’article, abrogé depuis, célébrant les bienfaits de la colonisation française. Dans son entretien à Jeune Afrique, Sarkozy a estimé que «l’amitié n’avait pas besoin d’être gravée dans le marbre d’un traité», soulignant que le rapprochement, la réconciliation, «appellent un effort réciproque pour dépasser les souvenirs». Le président de l’UMP aura également des entretiens en tête-à-tête avec son homologue algérien, Noureddine Yazid Zerhouni, entretiens qui se focaliseront essentiellement sur les sujets liés à l’émigration clandestine, un fléau qui prend de plus en plus de l’ampleur ces trois dernières années, ainsi que le problème du terrorisme qui préoccupe la place Beauvau. Enfin, la dernière raison de cette visite, convenue de longue date avec son homologue algérien qui lui a d’ailleurs rendu visite plusieurs fois, est éminemment politique puisqu’elle intervient à six mois de l’échéance présidentielle française. Nicolas Sarkozy qui brigue un mandat présidentiel et qui reste l’un des favoris des derniers sondages, ne cracherait pas sur la soupe s’il obtenait un soutien direct et franc d’Alger. Sa principale rivale du PS, Ségolène Royal, aurait également l’intention de faire un saut à Alger à la fin du mois de novembre. C’est dire que la destination d’Alger est plus que nécessaire si un candidat veut mettre tous les atouts de son côté.


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