Algérie

En véritable boss, Maâlem


En véritable boss, Maâlem
La drôlerie, ici, réside dans le fait qu'il s'agit de trois dealers jugés par une présidente nommée...Maâlem! Fallait l'signaler!
L'affaire de drogue (17 kg trouvés chez Demouche A.) s'est illustrée par deux côtés aisés à narrer: d'une part, la célérité du tribunal criminel d'Oran présidé par la réservée Chaffia Maâlem bien encadrée par mesdames les très charmantes et sympathiques Mansouria Belhadi et Trari-Tni Aïcha et surtout par le «mini-cafouillage» au tout début de la deuxième affaire car ce lundi, il y avait trois dossiers portant sur le trafic de drogue. Et le «mini-cafouillage» était dû à une petite confusion dans le cervelet de la juge qui avait, dès le départ, utilisé l'expression: «Procès-verbal de perquisition contenant la découverte dans le domicile de Djamel Houari, le deuxième accusé d'association de malfaiteurs allant dans le crime organisé, d'un couteau ayant servi à la découpe de morceaux de came en sachets en plastique ayant servi au transport de la drogue.»
Le pauvre détenu nia farouchement ces faits qui n'existaient pas du tout. Entre-temps, en vrais professionnels, Maître Akila Teldja-Drif, Maître Hassine le vigilant et Maître Faïza Belhaouari se concertèrent rapidement auprès de ce fameux procès-verbal concernant Djamel, avant que les deux conseils nommés ne se dirigent vers Maâlem pour attirer son attention sur l'inexistence d'un tel document enfonçant à la limite de l'arrêt cardiaque.
- «Ah, non! Maîtres, je sais que ce PV existe et j'en suis sûre car je ne peux inventer un tel concept...
- Excusez-moi, Madame la présidente, je suis constituée dans cette affaire depuis le début et je n'ai jamais vu un tel document» reprend, la voix cassée, Maître Teldja qui résistera au retour de la présidente sûre d'elle avant qu'elle ne lève la tête, les sourcils et les yeux vers Omar Bensouna, le procureur général qui, d'un mime propre aux gars du ministère public, lui signifie qu'il y a erreur sur le dossier. Oui, Maâlem s'est trompée car, et là, personne ne pourra lui en vouloir, car la pression de «trop de dossiers criminels et correctionnels» peut pousser nos braves magistrats à ces petits ratés, sauf que ce lundi, il y avait trois loups des barreaux pour attirer l'attention des trois magistrats et éviter à leur client une grave erreur judiciaire...
Ainsi, les travaux reprirent dans la sérénité. Ahmed Demouche est le premier accusé à s'avancer à la barre pour tout cracher sans dribble aucun.
«Expliquez-nous un peu pourquoi en votre qualité d'entrepreneur et à 54 ans vous vous êtes mis dans le bain du trafic de drogue' dit la présidente sans trop se faire d'illusion autour de la réponse.
- C'est que madame la présidente, j'avais besoin de fric. J'étais dans une situation délicate...
- On a trouvé chez vous 350 millions de centimes en liquide et vous prétendez être démuni», s'accroche Maâlem qui appelle le deuxième accusé, Houari Djamel, 36 ans, qui aura la facilité de rappeler cette moche histoire de couteau où des traces de came s'y trouvaient et ses deux avocats auront plus tard le loisir de plaider court et bien. D'ailleurs, encadrant leur client, Maître Hassine et Maître Teldja sont intervenus pour rétablir le déséquilibre tranchant qui a failli envoyer Houari pour 20 ans de réclusion comme demandé par le sec et discret Omar Besounna, le procureur général. Le dernier accusé, lui, Mohamed Attou a certifié qu'il avait effectivement purgé 12 ans de réclusion et qu'à la sortie, il était revenu pour deux ans pour consommation de came: «Que voulez-vous' Je suis drogué!», dit-il abattu, mi-rassuré, vu sa position ambiguë depuis le jour de son interpellation.
Sachant que c'était un super et racé-doué-drogué qui ne peut plus arrêter la chevauchée vers le néant qu'est le snif, il avait pensé qu'il allait faire quelques jours en taule et revenir chez lui, eh bien, non! On lui signifia la grave accusation de trafic de drogue alors qu'il n'en était rien. Oran a ses dealers plus ou moins connus, pour certains neutralisés, mais les «lieutenants», étaient fort nombreux. Malgré la célérité des services de police, il y avait encore et toujours des dealers. Et ce lundi, au box, sur les trois dealers ou supposés, il n'y en avait qu'un, Demouche, qui a vite fait de faciliter la tâche à cette merveilleuse Choffia Maâlem qui ne perd aucune seconde lorsqu'elle tient le bon bout. Modeste, efficace, elle pose toujours les bonnes questions quitte à ce qu'elle reçoive un silence retentissant qui la fixe ainsi que les conseillères et les jurés sur ce qui est vrai ou pas.
Le collectif d'avocats avait en main des cartes. Trois d'entre eux ont su les utiliser à bon escient. La belle blonde Maître Faïza Belhaouari, a été digne de son valeureux papa, le bâtonnier Mohammed Belhouari. Elle a vite pris le taureau par les cornes pour dire en clair et en direct que la personnalité de son client, fait qu'il avait purgé une lourde et longue peine de réclusion criminelle, qu'il était sorti pour revenir en taule pour une histoire de consommation (deux ans fermes). «Mohammed Atou a été pris grâce à la liste d'appels téléphoniques de Demouche. Mais en réalité, l'enquête a prouvé que cette puce n'était pas la sienne. Son nom n'existe ni dans le listing ni dans le contrat» avait-elle marmonné sous son regard bleu, aussi bleu que la mer d'à côté, ce lundi pluvieux.
Maître Hassine et Maître Teldja-Drifa, les deux défenseurs de Houari Djamel, ont plutôt eu la partie aisée. Ils ont certes été très vigilants et se sont même permis le luxe de donner un coup de main à une présidente qui s'est légèrement égarée dans les trois dossiers de came. Et «l'accident de la juge est légitime surtout qu'elle a su trancher au bout de moins d'une heure de délibérations».
«Mon client a un signe particulier! Il est rouquin!», avait clamé Maître Teldja Akila qui a reçu cinq/cinq le sourire franc de Maâlem qui a aussi suivi la démonstration de Maître Hassine qui a rappelé qu'on a présenté son client comme un trapu brun et donc les enquêteurs étaient loin du compte. A l'issue des délibérations, alors que Demouche a écopé de 12 ans de réclusion criminelle, Houari et Atou ont été acquittés purement et simplement...
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