Algérie

En Tunisie, la Troïka fait bloc face aux appels à la désobéissance civile



L'identité du tueur présumé de Mohamed Brahmi a été révélée par les autorités dans une volonté de faire vite et de conjurer les appels à la désobéissance lancés par les organisations de gauche.Les autorités tunisiennes ont livré, vendredi, le nom de l'assassin présumé de Mohamed Brahmi qui aurait utilisé la même arme utilisée dans le meurtre de Chokri Belaïd, le 6 février dernier. Il s'agit, selon le ministre de l'intérieur tunisien, M. Lotfi Ben Jeddou, de Boubaker Hakim, un salafiste "extrémiste". L'assassinat de Mohamed Brahmi a mis le pays en état de choc et relancé des appels venant de la gauche à la dissolution du gouvernement et de l'assemblée nationale constituante. Une grève générale a été organisée aujourd'hui ainsi que des manifestations anti-Ennahdha. Les autorités tunisiennes ont décidé de passer outre le principe du secret de l'instruction en donnant des informations sur l'assassin présumé de Mohamed Brahmi. Une liste de 14 djihadistes présumés certains membres d'Ansar Al Charia, principale organisation salafiste en Tunisie qui seraient impliqués dans les deux meurtres, a été rendue publique. "Mais nous ne savons pas encore s'il s'agit d'une cellule isolée qui a agi toute seule, ou si c'est l'organisation.". Quatre ont été arrêtées, huit sont en fuite, dont Boubaker Hakim, présenté comme le principal suspect, et deux sont en liberté conditionnelle, selon le ministre de l'Intérieur. Selon le ministre de l'intérieur, Lotfi Ben Jeddou, Boubaker Hakim, 30 ans, est "un élément terroriste parmi les plus dangereux, objet de recherches au niveau international". «L'arme utilisée pour abattre Mohamed Brahmi est la même qui a servi à tuer Chokri Belaïd" a indiqué le ministre.
Ben Fadhel : une faillite politique et morale
Les partis d'oppositions tirent à boulets rouges contre le gouvernement et la troïka et appellent à la dissolution de l'Assemblée nationale constituante. Hama Hammami, porte-parole du Front Populaire a accusé le gouvernement et Ennahda d'être complices des assassinats et a appelé à la désobéissance. Il s'est dit en possession d'informations sur un retour de la « sécurité parallèle ». Riad Ben Fadhel, Coordinateur du Pôle démocratique moderniste, est sur la même ligne. Dénonçant une « faillite politique, morale et éthique », il a appelé « à la constitution d'un gouvernement de salut public, à la dissolution de l'ANC et à une remise en cause de ce processus de confiscation de la révolution, qui n'a fait que trop de victimes, et qui a permis aux partis de la troika, et tout particulièrement Ennahda, de gérer notre pays sur la base d'agendas partisans et non nationaux ».Nidaa Tounes, qui fait figure de principal parti d'opposition a rendu le gouvernement responsable de l'assassinat. Le bureau politique du parti l'Initiative (Al Moubadara) a décidé de retirer ces 5 députés de l'Assemblée Nationale Constituante et a réclamé la dissolution du gouvernement et de l'ANC. La troïka fait bloc et estime que l'opposition lui fait un mauvais procès. Le président Moncef Marzouki a estimé qu'il ne faut pas « donner raison à ceux qui veulent mettre la Tunisie à feu et à sang ». Il a estimé que « l'émotion et légitime. Les débordements, eux, sont illégitimes ». Il a affirmé dans un entretien au journal Le Monde que l'élaboration de la Constitution est sur le point de finir et la date des élections législatives et présidentielle bientôt annoncée.
Marzouki : le dernier quart d'heure de la période intérimaire
« On vit le dernier quart d'heure de la période intérimaire. Ce n'est donc pas un hasard, je vous le répète, si cet assassinat a eu lieu aujourd'hui. Il est important pour certaines personnes de montrer que le printemps arabe est en panne partout, alors que justement en Tunisie, le consensus national est extrêmement fort et que règne la paix civile. C'est tout cela qu'on veut détruire ». Moncef Marzouki s'est dit convaincu qu'un scénario égyptien n'est pas de mise en Tunisie. « L'agressivité politique est restée canalisée dans les institutions ou dans les médias, à l'inverse de ce qui se passe ailleurs. La Tunisie est déterminée à achever sa transition démocratique, et je pense qu'elle y réussira ». Le leader d'un Ennahda, Rached Ghannouchi, très pris à parti par les opposants a appelé à la mise « en place d'une coalition nationale contre la violence". "C'est un meurtre contre l'Etat tunisien et la démocratie. On cherche à travers ça à mettre la Tunisie dans l'instabilité et pousser les Tunisiens à s'accuser les uns et les autres. La révolution tunisienne était pacifique, on cherche à la rendre sanguinaire alors que nous sommes en train de finir la Constitution et de mettre en place les institutions qui vont mener le pays vers des élections libres." Mustapha Ben Jaâfar, président de l'assemblée constituante a affirmé la détermination des tunisiens à « poursuivre sur ce même chemin sinueux jusqu'à parvenir à réaliser les objectifs pour lesquels les révolutionnaires de la Tunisie sont morts : la liberté, la dignité, la justice sociale. Nous terminerons d'écrire la Constitution dans les plus bref délais avec le plus large consensus. Nous entamerons, aussi, les préparatifs pour les élections en plus de l'élection de l'ISIE». Il a appelé à l'unité nationale et à ne pas « aux commanditaires de ce meurtre la chance de réussir à entrainer le pays dans de nouvelles tensions, menaçant sa stabilité ».


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