Algérie

En toute liberté



En toute liberté
J'ai toujours été impressionné par la variété et la richesse de la déclinaison utilisée dans le langage diplomatique pour caractériser un état spécifique, souvent daté et variable, des relations économiques entre pays, régions et même entre continents. On passe ainsi de la simple commission mixte à la grande commission mixte puis à la commission stratégique pour terminer par le sommet économique. En vérité, dans tous les cas, il ne s'agit que d'espaces et de moments récurrents de négociations pour défendre et promouvoir les intérêts économiques nationaux des parties concernées.Un de ces moments a eu lieu le lundi 16 décembre 2013 ; il s'agit du Sommet économique algéro-français. Vu d'Alger que faut-il en penser et surtout que faut-il en attendre 'Au préalable je voudrais d'abord, par devoir de mémoire pour les plus jeunes de mes lecteurs, contextualiser historiquement nos échanges économiques internationaux et tenter de repérer quelques aspects fondamentaux qui les déterminent. Ces échanges n'ont pas toujours navigué sur un long fleuve tranquille. Rappel de quelques faits. D'abord la guerre de Libération a duré quatre années supplémentaires (1958-1962) pour maintenir l'intégrité territoriale du pays dont le Sud était convoité par le système colonial pour son pétrole.Au lendemain de l'indépendance, vingt ans de luttes intenses et multiformes (décennies 1960 et 1970) ont été nécessaires pour récupérer la totalité des ressources nationales afin de les mettre au service du développement (foncier agricole, actifs industriels, mines, hydrocarbures, etc.). Parallèlement, au plan politique et diplomatique multilatéral, l'Algérie s'était engagé, avec d'autres pays du tiers-monde, à promouvoir l'instauration d'un "nouvel ordre économique international" par notamment une plus juste rémunération des matières premières. Ces processus économiques nationaux ont évidemment concerné, en premier chef et quelquefois de façon conflictuelle, les relations économiques avec la France. Sans remonter à la gestion complexe et difficile du dossier pétrolier qui a abouti aux nationalisations des hydrocarbures le 24 février 1971, on peut rappeler la "coopération exemplaire" souhaitée et mise en ?uvre en 1981. Le contentieux gazier de l'époque s'était achevé par un compromis acceptable. Ce que le président Mitterrand considérait comme un "prix politique" du gaz était pour les Algériens un "juste prix" d'une ressource énergétique non renouvelable. À la veille d'une renégociation probable du contrat d'approvisionnement de la France en gaz algérien, il ne faudrait pas oublier qu'un bon compromis est un compromis qui satisfait les deux partenaires.À ceux qui s'intéressent à l'histoire des relations économiques algéro-françaises je recommande, bien que je ne partage pas certaines des conclusions, la lecture de l'article de Mélanie Morisse-Schilbach du département de science politique de la Sorbonne ( HYPERLINK "http://www.geopolitis.net" www.geopolitis.net). Cet article est intitulé : Algérie : Fondements de la politique algérienne de la France.Ceci pour l'histoire mais qu'en sera-t-il pour l'avenir ' Au plan politique, malgré notamment quelques différends de politique étrangère, le ciel est dégagé. Au-delà des nouveaux contrats de partenariat signés par les entrepreneurs et les institutions des deux pays et au-delà également de la résolution des problèmes qui bloquaient d'importants investissements industriels en Algérie (Renault, Lafarge, Alstom, etc.) le potentiel de partenariat reste encore élevé. Ce potentiel de business est encore élevé car l'Algérie ne fait que démarrer son processus de ré- industrialisation dans un certain nombre de secteurs (ISMMEE, agro-alimentaire, énergie, ciment, engrais, pétrochimie, pharmacie, etc.). Mais, pour sortir de la langue de bois et aller droit au but, deux conditions seront probablement à remplir pour accéder à ces segments. La première est celle de la compétitivité car l'Algérie est en économie ouverte et accueille de façon égale d'autres partenaires industriels et technologiques de premier plan (américains, allemands, anglais, italiens, espagnols, chinois, coréens, japonais). La deuxième condition n'est pas spécifique à l'Algérie, c'est celle de l'application d'un principe fondamental dans les échanges internationaux. Il s'agit de l'équilibre de la balance commerciale entre deux pays. En 2012, les exportations françaises vers l'Algérie ont été de 6,3 milliards d'euros contre 3,7 milliards d'euros d'importation en provenance d'Algérie soit un déficit pour l'Algérie de 2,6 milliards d'euros. Il faudra trouver et mettre en ?uvre toutes les formules industrielles et commerciales de nature à réduire puis à combler ce déficit.En conclusion, je reste optimiste quant à l'élargissement d'un partenariat profitable aux deux pays pour deux raisons. L'Algérie a la volonté de mettre à profit ses ressources financières pour en transformer une partie en capacités industrielles concurrentielles en substitution aux importations d'abord et pour l'exportation ensuite. Les élites et les ressources entrepreneuriales sont disponibles en Algérie et dans sa diaspora. Il suffit à la partie française d'en faire l'accompagnement. Je crois qu'elle est bien placée pour autant qu'elle accepte l'équilibre des intérêts. Et qu'elle mobilise ses élites. Elle aussi. En ces temps de crise, l'exercice en vaut la chandelle.M. M.mustaphamekideche@ymail.comNomAdresse email




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