Algérie

En toute indépendance Edito : les autres articles



En toute indépendance                                    Edito : les autres articles
Les festivités du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie devront s'étaler sur toute l'année, si l'on s'en tient aux annonces du ministère de la Culture. Les manifestations culturelles seront en effet multiples et ' bien que les polémiques sur les passe-droits et les soupçons de corruption y ont fait intrusion ' devront animer la scène nationale jusqu'à juillet 2013. Tant mieux donc pour l'effort qui consiste à perpétuer la mémoire nationale et à flatter l'héroïsme de tout un peuple qui a consenti des sacrifices suprêmes pour se libérer du joug colonial. Néanmoins, une question mérite d'être posée alors que les activités, mais aussi les attentes des Algériens, semblent particulièrement remarquables cette année. Qu'y a-t-il en effet de si singulier à vouloir marquer plus que les précédentes ou les prochaines cette date '
La charge symbolique du chiffre rond est-elle à ce point si puissante pour qu'elle soit la seule explication à ce dynamisme qui a gagné les uns et les autres ' L'émotion paraît d'ailleurs tellement forte pour ce cinquantenaire que même du côté français, l'on semble avoir perdu tout sens de la mesure, lorsque l'ex-ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé, a eu l'indécence d'appeler l'Algérie à «la modération» pour ces festivités.
Il est vrai, en effet, que 50 ans sont une étape importante dans la vie d'une nation. Et en Algérie, tant du point de vue de ses affaires internes que par rapport à l'ex-colonisateur, les attentes, faut-il le mentionner, sont d'autant plus pressantes qu'elles sont encore sources de frustration aiguë pour tout le peuple algérien. Avec la France, il s'agit, en effet, de savoir si 50 ans après, comme on n'a de cesse de le répéter depuis des décennies, certaines archives conservées hermétiquement dans le secret seront enfin libérées pour être accessibles au public comme aux historiens. D'aucuns pensent qu'une partie de la mémoire algérienne reste encore otage de cette règle qui fait du seuil des 50 ans un obstacle à l'accès aux archives. Ceci d'une part, d'autre part, l'Algérie, en interne, a subi en tant d'années une métamorphose de sa physionomie. Le pays est passé, dans l'intervalle, de 9 millions à 37 millions d'habitants. Ses besoins économiques ont explosé et ses exigences politiques restent contrariées, alors que les défis sont de plus en plus multiples face aux menaces d'un monde qui change à la vitesse V.
Il faut peut-être souligner aussi qu'un bref survol historique permet de rappeler que durant ces cinq décennies, le pays a connu un coup d'Etat (trois ans après un été sanglant au bord de la guerre civile) qui a mis l'Algérie à l'ombre de toute légalité jusqu'à cette charte nationale de 1976, les émeutes de 1988 qui ont mis fin au parti unique et permis l'ouverture de l'économie, une décennie noire avec 200 000 morts, l'assassinat du chef de l'Etat Boudiaf. Nombre d'opposants au système politique en place ont été contraints à l'exil quand ils ne furent carrément pas éliminés. Ainsi, le 50e anniversaire de l'indépendance, et pour que la fête soit totale, a besoin, au-delà de la symbolique, d'un contenu à la hauteur du sacrifice des chouhada pour lequel ils se sont eux-mêmes battus : la souveraineté au peuple en toute indépendance.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)