A 135 jours de la fin du mandat de George W Bush, Condoleeza Rice a entamé, hier vendredi, une tournée au Maghreb. L'étape libyenne est, à juste titre, celle qui intéresse le plus les médias américains et les officiels américains.
La tournée «maghrébine» de Mme Condoleeza Rice n'a en effet de sens que par les «noces libyennes». Le porte-parole du département d'Etat avait fait état de la réjouissance de la secrétaire d'Etat pour le caractère exceptionnel de cette visite historique. Le mot «historique» n'est sans doute pas déplacé pour ce qui concerne l'étape libyenne. Tout le contraire des étapes tunisienne, algérienne, marocaine, marquées par une forme de routine politique et d'expédition des affaires courantes en attendant l'arrivée de la prochaine équipe à la maison blanche. Condoleeza Rice a beau ne pas être venue auparavant dans les autres pays du Maghreb, seule la halte libyenne prend du relief dans les médias américains. C'est qu'à Tripoli, Condoleeza Rice ne va pas seulement consacrer la normalisation définitive des rapports avec la Libye pétrolière, elle va y célébrer ce que l'administration Bush considère comme son meilleur succès diplomatique: l'abandon par la Libye de tout programme nucléaire et chimique avec, à la clé, la livraison d'informations aux Américains dont les répliques se sont ressenties jusqu'au Pakistan. Le militarisme exacerbé et les guerres bushiennes n'ont aucun effet sérieux ailleurs et ils les ont même aggravées. Mais il y a eu la Libye où la crainte d'un sort à la Saddam Hussein a poussé le guide, sur influence de son fils Seïf Al Islam, à montrer pattes blanches. Ce succès, l'administration Bush - dont le bilan est absolument désastreux partout dans le monde - entend bien le mettre en valeur et surtout l'offrir en «modèle» pour l'Iran.
On fait savoir ainsi à Téhéran que les Etats-Unis n'ont pas «d'ennemi éternel» et qu'il suffit de plier et de renoncer pour changer de case. Le règlement des contentieux sur les indemnisations des victimes des attentats imputés à la Libye et aux victimes libyennes des bombardements américains couronnent en définitive le tournant ou le «retournement» libyen. La secrétaire d'Etat américaine ouvre une nouvelle étape des relations avec un pays riche en pétrole et gaz. Les entreprises pétrolières américaines sont très actives et veulent être très présentes dans un pays où les réserves sont très importantes. Que reste-t-il après les «noces libyennes» de la tournée maghrébine de Condoleeza Rice ? On évoquera, peut-être, le projet de la zone de libre-échange que les Américains ont évoqué avec l'initiative Éreintât. Mais à l'évidence, ce seront les questions sécuritaires qui prendront le dessus. Dans l'équipe, qui accompagne Mme Rice, se trouve un des principaux responsables de l'Africom, ce nouveau commandement militaire pour le continent africain qui a suscité de très fortes réserves à Alger et dans de nombreux pays africains. Mme Rice, dans une tradition désormais établie, fera sûrement l'éloge de la coopération de l'Algérie dans le domaine du terrorisme, mais cela ne devrait pas masquer l'existence d'une certaine distance pour ne pas dire un certain froid. Le fait que les Etats-Unis, après des années de position officielle équidistante dans le dossier du Sahara Occidental, soutiennent la position marocaine, en a été le signe. Les Américains sont désormais ouvertement contre l'exercice du droit à l'autodétermination des Sahraouis. Même si face à la puissance américaine on n'étale pas ses rancoeurs à Alger, il est clair que cette divergence constitue un obstacle. Elle est, en tout cas, un indicateur de la «hiérarchie» des amis telle qu'établie par les Américains. Cette courte visite de Condoleeza Rice à quatre pays maghrébins - et sans doute la dernière - ne risque cependant pas de bouleverser la donne géopolitique dans la région.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 06/09/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : M Saâdoune
Source : www.lequotidien-oran.com