En rupture de ban, ils s'en vont !

Ils se fichent pas mal que les frontières soient fermées puisqu'elles l'ont toujours été pour eux. Covid, hiver, mer démontée et temps humide et glacial, rien ne dissuade les candidats à l'exil. On arrête des passeurs clandestins sur une plage, ils remettent ça ailleurs. Quand leur abandon aux imams en herbe ne fait plus recette et ne leur apporte plus l'apaisement espéré, ils s'en vont voir ce qui se passe de l'autre côté de la mer. Il arrive que ça marche, mais aussi que ça mène au désastre.En rupture de ban, ils s'en vont par la mer naviguer vers d'autres cieux, en dehors des circuits conventionnels, histoire d'échapper à l'emprise du conservatisme ambiant. Celui qui travaille pour un système qui le nourrit et détourne leur intérêt de ce qui aide à vivre autrement. Même si l'idée d'aller de l'avant diffère de l'un à l'autre parce qu'elle est fonction des aspirations de chacun. Se démarquer de cette mainmise sur tout ce qui évoque le temps investi dans la guerre faite à l'ennemi pour se libérer, enfin, de son emprise.Leur ouvrir le Club-des-Pins et remettre à leur disposition les petites criques privatisées n'a pas calmé leur envie d'aller voir ailleurs ! Pour ceux qui auront choisi la mer, il y a eu la mer et ses profondeurs voraces et les centres de rétention destinés aux harragas en tous genres, venus de pays dont ils ne supportaient plus le rejet. L'Algérie aussi a son lot de réfugiés. Les harragas qui ont déserté des pays africains voisins n'ont jamais été aussi visibles. Ils n'ont rien de particulier par rapport aux nôtres. Lorsque quelqu'un se détourne de la terre qui l'a vu naître, il le fait, certes, pour des raisons personnelles, mais ce qui ne le différencie pas de l'autre, c'est le malaise qu'il ressent avant de rompre les amarres. Pas la nature du malaise mais le sentiment qui émane de l'impuissance à en supporter davantage ou à renoncer aux rêves nouvellement construits. Là où, d'autorité, on anéantit vos espoirs. S'en aller, déterminé, armé de ses peines et ses échecs, mais attiré par ce qui attend au bout. Comme la certitude d'accéder aux moyens d'exorciser son monde des démons qui le hantent.
M. B.