Après de longues et douloureuses années à la tête de l?archevêché d?Alger, monseigneur Henri Teissier, 79 ans, quitte son poste. Le pape Benoît XVI a accepté sa démission et a nommé, samedi dernier, le prêtre Ghaleb Moussa Abdallah Bader comme nouvel archevêque d?Alger. Un poste que Mgr Teissier a occupé depuis 1988, en remplacement de l?une des figures majeures de l?Eglise d?Algérie, Mgr Léon-Etienne Duval, décédé en 1996. Comme Léon-Etienne Duval, Henri Teissier s?est confirmé, lui aussi, comme une figure importante de l?Eglise catholique d?Algérie. Son histoire est étroitement liée à celle de ce pays, dont il obtient la nationalité en 1966. Il a toujours porté l?Algérie dans son c?ur et a ?uvré, comme il le dit, à l?instauration des relations de grande amitié entre la société algérienne et la communauté chrétienne d?Algérie. Né le 21 juillet 1929 à Lyon (France), Henri Teissier a fait des études en diverses spécialités, dont la littérature, la philosophie, la théologie et il a obtenu plusieurs diplômes, dont celui de docteur honoris causa de l?Institut catholique de Paris en 2000. Fortement attaché à l?Algérie, Henri Teissier n?a raté aucune occasion pour y retourner et y rester. Ordonné prêtre en 1955, il a exercé plusieurs responsabilités après l?indépendance de l?Algérie : secrétaire général des ?uvres et des mouvements du diocèse d?Alger (1962-1966), directeur du Centre d?études diocésain d?Alger (1966-1972), évêque d?Oran (1972-1981), archevêque coadjuteur du cardinal Duval à Alger (1981-1988) et archevêque d?Alger depuis 1988. Mais la période la plus dure pour lui était celle de 1988-2008. Face à des événements douloureux qu?a connus l?Algérie durant les années 1990 et qui ont mis l?Eglise à rude épreuve, Henri Teissier a décidé de rester et de lutter avec ses compatriotes, les Algériens. « Les musulmans et les chrétiens sont victimes de la même violence », affirmait-il à l?époque. Ni les assassinats des moines de Tibhirine en 1993 ni les pressions qu?a subies l?Eglise n?ont réussi à lui faire changer d?avis. Ses positions étaient toujours courageuses. Pour lui, il n?est pas question de partir. Alors, il s?est consacré à sa mission première : être au service des siens, les Algériens et de la communauté chrétienne d?Algérie pour l?aider à bâtir des relations de confiance et d?amitié avec la société algérienne. Une mission qu?il a réussie. Au moment où il s?apprête à partir, les chrétiens d?Algérie subissent à nouveau une pression. Ils sont accusés, regrette-t-il, de mener une campagne d?évangélisation en Algérie. Une action que l?Eglise catholique, précise-t-il, n?a pas menée. « Ce n?est pas nous qui avons mené cette campagne d?évangélisation et elle ne répond pas à notre conception de la relation entre chrétiens et musulmans », lance-t-il avec beaucoup d?amertume. Après un long et riche parcours, Henri Teissier quitte l?Archevêché d?Alger, mais pas l?Algérie qu?il a chérie et servie avec beaucoup d?humilité et d?humanisme.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 26/05/2008
Posté par : sofiane
Ecrit par : Madjid Makedhi
Source : www.elwatan.com