EN RAISON D’OPÉRATIONS DE RAVALEMENT: Alerte au saccage de nids de cigognes à Biskra

Profitant de la fermeture des mosquées pour cause de prévention contre la propagation du coronavirus, la direction des affaires religieuses et des wakfs de la wilaya de Biskra a initié des opérations de stérilisation des salles de prières, de nettoyage et de désinfection des alentours, de ravalement et de blanchiment des locaux attenants et de renouvellement de la peinture des minarets et des dômes de ces édifices cultuels.

Eu égard à la ferveur des entreprises choisies et des membres de plusieurs associations intervenant bénévolement pour sauvegarder le lustre et la beauté de ces lieux de prières, cette opération se déroule dans de bonnes conditions à la grande satisfaction des citoyens, relève -t -on.

Seul bémol signalé par des écologistes de tous acabits, des nids de cigognes. ayant élu domicile aux faîtes des minarets depuis des décennies, sont saccagés par des manutentionnaires indélicats procédant au nettoyage et à la rénovation de ces constructions longitudinales et élevées où ces échassiers migrateurs reviennent chaque année pour la nidification et la ponte d’œufs avant d’entamer un long périple aérien pour regagner le sud et les régions septentrionales de l’Europe pour y passer l’été et revenir en hiver retrouver leurs nids à Biskra.

Alertés par des riverains de la mosquée El Badr, située près de la cité HLM du centre-ville de Biskra, qui ont vu des maçons et des peintres tenter de saccager des nids de cigognes pour nettoyer le point culminant du minaret, des agents de la Conservation des forêts sont intervenus pour arrêter ce carnage écologique.

Aussi pour expliquer aux maîtres d’ouvrage la meilleure méthode pour préserver les nids et les oeufs de ces cigognes faisant partie du paysage de la Reine des Ziban et qu’ «il serait dommageable et regrettable de perdre», ont-ils souligné.

«Ce sont des échassiers protégés par la loi. Avant de toucher à leurs nids, il faut prendre toutes les précautions possibles. Les cigognes sont des oiseaux migrateurs revenant chaque année vers leurs nids qu’elles renforcent et consolident avec des brindilles et d’autres matières collectées dans les champs et les palmeraies. Dans certains pays, on installe des ossatures et des plateformes en haut des clochers, des poteaux électriques et des tours afin de sauvegarder l’habitat de cette espèce trouvant à Biskra des conditions d’hivernage et de reproduction idéales mais dont le nombre diminue à cause de plusieurs facteurs liés à l’urbanisation effrénée et à la destruction des nids. Il y a moins de couples nicheurs et bientôt on ne verra plus ces oiseaux à Biskra», déplore Hamoudi Hayouni, président de l’ «Association Biskra la verte» (ABV) qui préconise de sensibiliser et de former les peintres et les ouvriers chargés de la réfection des minarets pour éviter de détruire les nids des cigognes.

Outre le fait qu’elles embellissent de leur présence les lieux où elles nichent, ces volatiles constituent un bio-indicateur de la salubrité des milieux naturels d’où elles tirent leur nourriture composée d’un large éventail de proies animales tels que les insectes, mollusques, poissons, amphibiens, reptiles, petits mammifères et petits oiseaux qu’elles glanent au sol dans la végétation basse et dans les étangs et les mares peu profonde.

Après la couvaison et la naissance des cigogneaux, le couple nicheurs s’emploient à uniquement nourrir ses petits que la femelle gardent jalousement tandis que le mâle s’occupe à ramener de la nourriture pour la couvée.

Ces ciconiidés construisent des nids pour la vie. Ceux-ci sont placés en hauteur et peuvent avoir un diamètre allant de 0,80 à 1,40 m pour un poids variant de 100 à 500 kg.

«La meilleure façon de protéger ces oiseaux migrateurs est tout simplement de ne pas déranger leur quiétude en cette période cruciale pour leur reproduction… et d’attendre qu’ils aient quitté leurs nids vers les mois de juin et juillet pour procéder au nettoyage des minarets sans toucher à leurs nids vers lesquels ils reviendront l’hiver prochain», ajoute le président de l’ABV en ornithologue amoureux de ces échassiers, mais aussi soucieux de préserver la biodiversité, la faune, la flore et les jardins historiques de Biskra.



Photo: Ces cigognes ont élu domicile aux faîtes des minarets depuis des décennies (PHOTO:EL WATAN)

Hafedh Moussaoui