Algérie

En quête de changement!



En quête de changement!
Comment doit-on analyser les derniers développements induits par le scrutin législatif du 10 mai 2012 et les accusations de fraude de la Commission nationale indépendante de surveillance des élections (Cnisel)' Nous ne nous prononcerons pas sur le contenu du rapport tant que celui-ci n'a pas été rendu public par ses auteurs. Il n'en demeure pas moins que, quelque part, l'Algérie a encore perdu une occasion de replacer les choses à l'endroit et repartir dans le sens de l'histoire et du progrès. En fait, le fourvoiement du pays remonte à loin, plus précisément à la crise de l'été 1962, amorcée à Tripoli par l'imbroglio du Cnra (Conseil national de la Révolution algérienne) et l'arrivée, dans les conditions que l'on sait, de Ben Bella au pouvoir. Cette donne allait imprégner pour le long terme la conduite des affaires en Algérie. En 1962, déjà, - cause de l'échec de la réunion du Cnra - il était question d'hommes. Un problème de leadership qui constituera tout au long des années le noeud gordien du pouvoir politique en Algérie. De fait, ce qui était vrai en 1962, l'est toujours en 2012, 50 ans après. Et ce n'est pas le faux pluralisme instauré depuis deux décennies qui nous démentira. Chacun crie au loup, alors qu'aucun des crieurs n'aspire qu'à devenir lui-même un loup. En effet, cela n'a pas de sens de ressasser les accusations de fraude - aucun des scrutins de ces dernières années (on ne parle pas de l'époque du parti unique) n'a été en fait légitime - quand aucune assise politique n'existe pour prévenir de telles impostures par la présence dans l'espace politique de vrais partis politiques et des hommes de convictions capables d'assumer leurs idées, les transmettre, les faire partager, se battre pour les faire triompher. Cette solidarité politique, qui vous fait vous battre pour un idéal partagé, n'existe pas ou est diluée par des compromissions conjoncturelles qui auront ajourné l'avènement d'une véritable classe politique capable d'assumer la relève des affaires du pays. Cette immaturité politique est parfaitement illustrée par le départ «massif» d'élus (neuf députés sur neuf) sous l'étiquette d'un parti politique pour d'autres horizons. Ce retournement fâcheux n'a rien à voir avec la migration politique. En fait, la course au pouvoir et aux places de responsabilité a estompé, voire dénaturé les raisons mêmes pour lesquelles on postule à la responsabilité politique. En fait, dans cette course à l'abime, seule la soif d'autorité a du vrai. En fait, la dérive est ancienne et est la résultante d'une usurpation tout aussi ancienne, dont la «cooptation» en a été le vecteur de ralliement. Et ce «choix mutuel», des dirigeants du pays, - qui n'ont pas de compte à rendre au peuple si ce n'est à ceux qui les ont «coopté» - a été quasiment institutionnalisé au lendemain de l'instauration du Conseil national de la révolution (Cnr) issu du coup d'Etat du 19 juin 1965. Expliquant la crise de l'été 1962 et l'échec du Cnra, Mohamed Boudiaf, affirma que «certains d'entre nous sont entrés dans la course au pouvoir». Cette logique de la «course au pouvoir» lancée à Tripoli, a fini par dénaturer la spontanéité de l'élan révolutionnaire, voire l'innocence, -c'est-à-dire le don de soi-, de l'acte révolutionnaire, déviant ainsi la Révolution de ses objectifs. De fait, une trop longue déviance se transforme souvent en réalité lorsque n'existe pas de contre-courant, ou contre-pouvoir, à même de rétablir l'équilibre nécessaire pour préserver le crédit de l'Etat. Certes, la «cooptation» n'est plus le critère, du moins le seul, pour désigner les «futurs» responsables du pays (députés, APC, APW...) dès lors que d'autres moyens existent de s'assurer l'allégeance de ces «élus».
Aussi, la fraude électorale, même pratiquée à grande échelle, n'est que l'un de ces moyens. En fait, la vraie question est de savoir par quel processus il faudra passer pour repenser le système politique du pays - voire sa refondation totale - pour redonner légitimité et prérogatives aux institutions de l'Etat.
A commencer par l'APN. Parler de la révision de la Constitution devient dérisoire lorsque le vrai changement n'est pas opéré ou n'est pas à l'ordre du jour.




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