Algérie

En quête d'une politique concertée et durable d'emploi des jeunes



En quête d'une politique concertée et durable d'emploi des jeunes
Des décisions annoncées par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en Conseil des ministres, le 22 février 2001, portant sur le renforcement des dispositifs d'insertion professionnelle des jeunes et l'aide à la création d'emplois, relayé par ses ministres et les représentants de l'administration publique et du secteur économique, les candidats au scrutin législatif du 10 mai prochain n'en parlent pas.
Les dispositifs inefficaces
Les Algériens sont presque harcelés par des appels à une participation massive au vote mais pas de débat sincère, profond et fructueux sur la question de l'emploi. Juste des généralités, des promesses d'atteindre tel ou tel chiffre en matière de postes et d'entreprises créatrices d'emplois mais sans une politique ou stratégie de travail véritable, bien étudiée et bien élaborée, suscitant l'intérêt et le soutien des concernés. «C'est une mascarade, cette campagne électorale. Nous n'avons pas à attendre grand-chose de ceux-là qui seront nos représentants à la chambre basse du Parlement», lance, offusqué, un jeune d'une trentaine d'années. Et ce dernier de poursuivre, à regret: «Pourtant, à l'annonce des réformes par le président Bouteflika, j'ai cru, vraiment, en un changement porteur de perspectives pour tous' Ce serait un leurre de croire que les choses vont changer après l'élection qualifiée de décisive». Les jeunes Algériens se cherchent toujours des moyens et des possibilités de sortir de leur situation de détresse, engendrée par le chômage ou par l'exercice d'une activité précaire du fait d'un salaire dérisoire ou d'un environnement de travail qui ne permet pas l'épanouissement espéré. En vérité, les deux à la fois comme un fait exprès pour tuer la créativité, l'engagement, le sens des responsabilités' en somme, l'esprit d'entrepreneuriat chez cette jeunesse qui perd forcément ses repères et ses espoirs. Même ceux qui s'engagent dans les projets de l'Ansej, de l'Angem'et autres, n'y croient pas beaucoup en raison d'un environnement économique complexe et mal organisé et d'une bureaucratie arrogante. Quant aux autres dispositifs d'insertion des jeunes diplômés universitaires, des diplômés des instituts de formation professionnelle, auxquels ont été ajoutés les chômeurs «sans niveau», c'est juste du bricolage, des mesures «trompe-l''il» qui, à leur tour, finiront par disparaître pour inefficacité. Pour dire vrai, depuis juin 2008, lorsque le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Tayeb Louh, a annoncé la création de nouveaux dispositifs pour améliorer ceux existants jusque-là et qui ont montré leurs limites, les jeunes demandeurs ne s'y intéressent pas beaucoup. Qu'il s'agisse du Dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (Daip) ou de celui du Contrat de travail aidé (CTA), la motivation est faible. «C'est toujours limité dans le temps et ce sont toujours les proches et les amis qui en profitent», dénoncent des jeunes ayant entrepris les démarches nécessaires mais qui butent continuellement sur des obstacles de tous ordres. «Ça ne sert à rien de créer des dispositifs, d'augmenter les rémunérations, d'accorder des crédits' et autres, sans accompagner cela par d'autres mesures garantissant la transparence et la justice dans leur application sur le terrain» soutiennent-ils.

Chômage, précarité'malaise général
Rares sont les jeunes, hommes et femmes, qui ont réussi à évoluer dans le monde du travail grâce à ces dispositifs mis en place par les pouvoirs publics même si ces derniers persistent à prétendre la réussite. Des chiffres, toujours des chiffres, sortis d'un calcul mathématique qu'eux seuls maîtrisent, perfectionnent. Les ministres les sortent, sans embarras, dans leurs rencontres médiatiques et autres pour dire l'aboutissement des programmes du gouvernement pour lesquels de grandes sommes d'argent sont injectées. Des sommes jamais utilisées, de manière officielle, jusque-là' mais pour des résultats médiocres, en deçà des attentes et des déclarations officielles. Autrement, rien ne justifierait les émeutes de janvier 2011 qui ont failli se propager de manière à atteindre toutes les régions du pays et toutes les couches de la société et créer un désordre général. Une menace réelle d'un désordre bruyant qui a amené le gouvernement à agir de façon à corriger certains points dans son plan de travail. Malheureusement, dans la forme, pas dans le fond.
Les mouvements de protestation se poursuivent partout dans le pays pour dénoncer la fragilité, voire l'inefficacité des programmes du gouvernement. Les populations s'élèvent contre la malvie, contre l'absence d'un minimum de commodités, contre l'indifférence et le mépris des administrateurs et des «patrons»' contre la précarité et la médiocrité. Le malaise est général et il est ressenti à tous les niveaux. Quand les représentants des partis politiques affirment dans leurs discours et dans leurs programmes qu'ils accordent une grande place aux jeunes, voire qu'ils les privilégient en tout, c'est uniquement parce qu'ils ont besoin de leurs voix et de leurs services, le temps que la période des élections s'achève et que les nouveaux députés prennent place dans leurs sièges confortables au Parlement. Dans les universités de tout le pays, dans les instituts et les centres de formation professionnelle, dans les établissements scolaires, sportifs' et autres, les jeunes Algériens affichent des appréhensions. Ils affirment ne croire en rien et craignent beaucoup pour leur avenir (études, travail et vie privée). Ils demandent à mieux comprendre les décisions les concernant, à être impliqués directement dans les débats et les processus de leur exécution, à être associés dans tous les changements annoncés ça et là pour leur développement et le développement du pays. Malheureusement pour eux, ils ne sont sollicités que les jours du vote ou en de rares occasions. Les plus motivés pensent que la voie du salut réside dans leur propre engagement et leur détermination à créer eux-mêmes le changement. Ils doivent donc se mobiliser et se solidariser autour des mêmes objectifs et d'un même idéal. Là aussi, à la moindre tentative, le groupe est destabilisé, divisé, phagocyté. Le champ politique verrouillé malgré les réformes, l'économie hors hydrocarbures peine à décoller dans un environnement hostile' et les jeunes continuent d'être ballottés entre les guichets de l'administration publique sans porte de sortie.

De l'écoute, SVP!
La société civile est appelée à jouer un rôle fondamental pour rapprocher les jeunes de leurs objectifs et faire renaître en eux la motivation et la créativité. Canaliser les énergies dont ils regorgent et les accompagner dans leurs projets sans doute prometteurs et productifs. Ce n'est pas de l'assistanat que les jeunes Algériens demandent, encore moins d'être exploités pendant des heures, des mois et des années, pour des salaires à la limite de la provocation. C'est de l'écoute, de la considération et des encouragements qu'ils réclament pour aller de l'avant. Ce n'est pas trop demander'
K. M.




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