Deux diplomates Algériens enlevés Deux diplomates algériens en poste à Baghdad, Ali Belaroussi et Azzedine Belkadi, ont été enlevés, jeudi dernier, dans la capitale irakienne, par huit hommes armés. Le kidnapping s?est produit dans le quartier de Mansour, à quelque 100 m de l?ambassade algérienne. L?annonce du rapt a été faite par le ministère irakien de l?Intérieur. Sitôt la nouvelle confirmée, les autorités algériennes - qui étaient hier encore sans nouvelles des deux diplomates - ont mis en place une cellule de crise au siège du ministère des Affaires étrangères (MAE). Une source du MAE a indiqué que « cette annonce de l?enlèvement a été vécue avec stupeur » eu égard au « rôle tout symbolique » de l?ambassade d?Algérie à Baghdad et du statut purement administratif des deux personnes enlevées. La « stupeur » suscitée par l?enlèvement des deux diplomates se justifie, explique-t-on, d?autant plus que la position de l?Algérie, depuis les origines du conflit irakien, n?a jamais changé d?un iota qu?il s?agisse du refus ferme de toute implication dans la coalition, du rejet de l?embargo ou de la demande incessante pour le respect de la souveraineté, de l?unité et de l?intégrité territoriale de l?Irak. A rappeler que l?Algérie préside actuellement la Ligue arabe. De son côté, Abdelaziz Belkhadem, représentant personnel du président Bouteflika, a « sévèrement » condamné, jeudi dernier, le rapt et a fait part de son étonnement face au douloureux événement. « On ne trouve aucune explication, rien n?explique cet enlèvement, d?autant plus que nous avons des liens de fraternité avec le peuple irakien (...) », a-t-il déclaré sur les ondes de la radio nationale. Hier, le chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, a lui aussi condamné « vigoureusement » l?enlèvement des deux diplomates et « exigé » leur libération. Il a appelé « toutes les forces à s?unir autour de l?Etat algérien » car, a-t-il dit, « la vie de deux compatriotes est en danger ». M. Ouyahia a recommandé de « se passer de commentaires et de ne pas surenchérir, mais de laisser se faire le travail qui doit se faire ». Plus d?une journée après l?enlèvement, aucune revendication n?a été faite. Les services du MAE, qui se disent « mobilisés », mentionnent que « tant qu?il n?y a pas de revendication, on ne peut pas spéculer » sur les raisons de l?enlèvement. Les deux diplomates, Ali Belaroussi, 62 ans, marié et père de quatre enfants, et Azzedine Belkadi, 47 ans, célibataire, étaient notamment chargés du suivi des besoins administratifs de la petite communauté algérienne présente en Irak. En poste à Baghdad depuis deux ans, M. Belaroussi, le chargé d?affaires de l?ambassade, devait bientôt prendre sa retraite. M. Belkadi était, quant à lui, nouvellement affecté à Baghdad. Il n?avait pas encore bouclé un mois en Irak. Simple et serviable à souhait, Ali Belaroussi, qui résidait à Baghdad avec sa famille, était apprécié des habitants du quartier Al Mansour qu?il a secourus à de nombreuses reprises. Le kidnapping a eu lieu en milieu de journée, près du restaurant al-Sa?a (l?heure), quand ces deux diplomates venaient de quitter l?ambassade pour rejoindre leur résidence, située également dans le quartier de Mansour. Leur véhicule, une Land Cruiser, a été stoppé par deux autres véhicules d?où surgirent plusieurs hommes qui les extirpèrent pour les engouffrer chacun dans un véhicule avant de prendre une direction inconnue. Les ravisseurs attendaient leurs victimes à bord de deux véhicules. A signaler que les deux Algériens circulaient sans protection dans le centre de Baghdad. « Il était 14h10, lorsque j?ai vu, de l?autre côté du boulevard, la voiture conduite par le chargé d?affaires Ali Belaroussi avec, à son côté, le diplomate Azzedine Belkadi, arrêtée », a raconté à l?AFP un fonctionnaire de la chancellerie algérienne, Abdelwahab Fellah. « J?ai cru qu?ils avaient eu un accident, mais le collègue qui se trouvait avec moi dans la voiture m?a crié : ??Non, ils sont en train de se faire enlever??. Comme je n?avais pas d?armes, je suis sorti et j?ai couru une centaine de mètres pour prévenir la police qui garde la chancellerie », a-t-il ajouté. « Cela a pris peut-être 40 secondes, mais quand les policiers sont arrivés sur les lieux, il était trop tard. La voiture avait disparu. Je suis sûr que les ravisseurs les attendaient. Il n?y a pas eu de coups de feu », a-t-il assuré. « Nous devions tous aller déjeuner chez le chargé d?affaires. Aucun de nous n?a de garde du corps, car l?Algérie est aimée dans tout le monde arabe », précise Abdelwahab Fellah. Les ravisseurs, selon des témoins oculaires, ont enfermé les deux diplomates dans le coffre de chacune de leurs voitures, immatriculées dans la province sunnite rebelle d?Al Anbar, dans l?ouest du pays. Ces kidnappings pourraient être le fait de la guérilla irakienne. Celle-ci aurait commencé, depuis début juillet, soutiennent les spécialistes du dossier, à prendre pour cibles les diplomates à Baghdad. Son but : isoler le gouvernement sur le plan international. Le premier pays à faire les frais de cette stratégie meurtrière est l?Egypte. Le chef de la mission diplomatique égyptienne à Baghdad a été assassiné récemment. Son homologue bahreïni a été blessé, quant à lui, lors d?une tentative d?enlèvement. Le convoi de l?ambassadeur du Pakistan a été également attaqué. Si les rapts de journalistes et de diplomates sont devenus aussi un business qui marche bien en Irak, il est utile de signaler que les « violences » n?épargnent personne. Pas même les anciens grands alliés de Baghdad. C?est ainsi que la voiture de l?ambassadeur de Russie a été criblée de balles il y a quelques jours. Devant cette dégradation, le Premier ministre irakien, Ibrahim Jaafari, a redemandé jeudi aux diplomates en poste à Baghdad de « respecter les règles de sécurité » et a assuré que les forces spéciales allaient « accroître le niveau des mesures de protection envers les diplomates ». Près de 45 ambassades et représentations diplomatiques sont en activité en Irak, selon le ministère des affaires étrangères. A signaler que la première capitale à réagir à l?enlèvement des diplomates algériens est Washington. Les Etats-Unis ont condamné, jeudi dernier, le rapt et proposé leur aide au gouvernement algérien pour tenter d?obtenir la libération des deux Algériens. Hier, le Quai d?Orsay a aussi « assuré les autorités algériennes de son entière sympathie et de sa solidarité ».
Posté Le : 23/07/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Zine Cherfaoui
Source : www.elwatan.com