Algérie

"En politique, l'adhésion des jeunes est stratégique"


H'midet Arezki trépigne sur sa chaise. La terrasse d'un café à la place Audin à Alger semble stresser cet habitué des salles combles et des conclaves organiques. « J'ai adhéré au FLN très jeune, dans mon quartier à Saoula (ouest d'Alger), militant de houma, je ne faisais pas grand-chose, mais les choses ont changé à l'université. » Il parle vite ce beau gosse de 35 ans, membre du bureau national de l'UNJA (Union générale de la jeunesse algérienne, organisation satellite du FLN). Il fume cigarette sur cigarette, comme nos grands tabacomanes, de Boumediène à Ouyahia. « Il y a quinze ans, en entrant à la fac de droit, je devais choisir ma famille politique, parce que pour moi, l'université ce n'est pas que les études, c'est l'engagement futur' je me définissais ' et encore aujourd'hui ' nationaliste boumediéniste, c'est donc automatiquement que j'ai tout de suite adhéré à l'UNJA, c'était comme ma famille naturelle. » Il a terminé ses études et effectue aujourd'hui un stage d'avocat dans sa ville. Avec sourire, il parle des engagements des uns et des autres : « Certains rejoignaient notre organisation à la fac pour les loisirs : les excursions, les tournois de football, les galas à l''il, etc., mais d'autres étaient convaincus de l'action militante, persuadés qu'il fallait avoir une voix dans la gestion de la fac ou de la cité universitaire. » Sorti de la fac, c'est le terrain, la machine électorale. « En politique, l'adhésion des jeunes est stratégique : durant les campagnes électorales, ce ne sont pas les grands discours qui drainent les électeurs, mais c'est plutôt le jeune militant qui partage un café avec ses copains du quartier en leur disant : "Vote pour mon parti, vote âla wedjhi ana (pour me faire plaisir)", ça marche mieux ainsi en mobilisant les relations personnelles, la famille, les amis, ouled el houma' » « Mais, nuance H'midet, tout ce qu'on fait en tant que jeunes militants devrait avoir une contrepartie : par exemple inscrire un maximum de jeunes sur les listes de candidatures, placer des jeunes dans des postes de responsabilité. » Ce qui n'est pas automatiquement le cas, regrette-t-il. Pense-t-il qu'une nouvelle dynamique s'est enclenchée avec les nouvelles organisations de jeunes lancées par des partis ' « Franchement, je ne le crois pas. Car rattacher organiquement des organisations de jeunes à des partis handicape ces dernières en les rendant otages des positions du parti ou, pire, des problèmes de dissidence par exemple. » A côté de H'midet, un élu FLN de l'APC de Saoula, s'impatiente : « Les jeunes ont perdu espoir, c'est ou le maquis ou la harga, ils ne croient plus à la politique, sauf pour tenter d'avoir des postes' Moi, je suis un élu du peuple mais je suis otage de la wilaya'Ils ont cassé la représentation politique dans ce pays ! » Alors pourquoi faire de la politique ' « Pour le changement, tranche énergiquement H'midet. C'est inévitable, l'étape Bouteflika n'est que transitoire, on sera obligés à l'avenir de faire de vraies élections, car on n'est plus seuls au monde, c'est fini le temps des conclaves secrets des gradés' Regardez en Afghanistan ou en Iran : un soupçon sur la fraude des présidentielles et le monde entier réagit' On doit se préparer pour ces changements-là chez nous ! »
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)