Le rôle de la jeunesse et de la femme dans le vent de changement qu'a connu le monde arabe, les islamistes à l'épreuve de la démocratie ont été passés au crible par des sociologues, des historiens et des politologues, à l'occasion du colloque sur «le monde arabe en ébullition, révoltes ou révolutions '» ouvert mercredi dernier jusqu'à hier à la Bibliothèque Nationale d'Algérie Abd El Ghaffar Chokr, directeur adjoint du centre de recherche arabo-africain, s'est appesanti dans sa communication sur ''Le rôle particulier de la jeunesse et de la femme dans les processus politiques en cours dans le monde arabe. Pour mieux comprendre ce qui s'est produit en Egypte, il a rappelé les quatre étapes essentielles à l'origine du changement. La genèse du processus démocratique qu'a connu son pays, remonte, a-t-il dit, à l'an 2000, lorsque un groupe de jeunes avait mis en place une organisation de soutien au peuple palestinien. En 2003, a-t-il ajouté, une manifestation de soutien a été organisée dans la capitale égyptienne au lendemain de l'invasion du sol irakien par l'armée américaine. La réélection du président déchu a donné lieu à de violentes contestations sociales, ayant paralysé plusieurs secteurs d'activité. La goutte qui a fait déborder le vase, a-t-il précisé, aura été l'appel lancé en octobre dernier pour marcher le 25 janvier 2011. Dans la foulée, il a estimé qu'en grande partie, ce processus démocratique a été l'œuvre de cinq organisations associatives, toutes issues de couches sociales moyennes. Loin de toute idiologie politique, ces dernières se sont consacrées pleinement aux problèmes sociaux auxquels leur pays était confronté. Cette prise de conscience, a-t-il expliqué, «Â est le fruit d'une dizaine d'années de travail, à travers notamment les réseaux sociaux ». Une fois le changement advenu, il reste à le concrétiser sur le terrain. Concernant l'avenir du processus en question, a-t-il souligné, ça ne se saura que dans une quinzaine d'années. «On parlera de révolution, une fois que ce changement aura été concrétisé réellement», a-t-il observé. L'universitaire tunisien, Alaya Allani, a discouru, de son côté, sur islamistes à l'épreuve de la démocratie. Changement que connaît le monde arabe oblige, il dira que l'islamisme politique est tenu d'aller vers plus de modernité et de modération. M. Allani a mis, dans ce cadre, en exergue, l'acceptation du concept de la démocratie. En guise d'exemple, il a cité le modèle turc qui a su allier islamisme et laïcité. En outre, dans son décryptage de l'islamisme, l'orateur a noté que dans les pays arabes, la laïcité a souvent été assimilée à l'athéisme. Ce qui l'a amené à dire que la pensée démocratique n'est pas enracinée dans la tendance islamique qui la considère comme un concept importé de l'Occident. Pour étayer ses dire, il dira que les islamistes, qui tiennent un double langage, préfèrent parler de la choura que de démocratie. Le professeur Allani a souligné, par ailleurs, l'évolution enregistrée chez les islamistes. Durant les années 80-90, ceux-ci refusaient catégoriquement les valeurs occidentales, en particulier la démocratie. A l'en croire, ce changement de conception de la démocratie a été possible que grâce à l'exil. Les islamistes s'étant réfugiés en pays occidentaux, a-t-il indiqué, ont eu une autre idée de la démocratie. M. Allani a, en outre, cité l'exemple de la djaz'ara, prônée par le philosophe Malek Benabi. Celle-ci se démarque des frères musulmans ou de la chourakratie prônée par feu Nahnah. Ces dernières décennies, a-t-il indiqué, «la position des islamistes s'est rapprochée du concept démocratique, car les révoltes enregistrées dans certains pays arabes revendiquent celle-ci comme mode politique».
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Posté Le : 02/10/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Dj. O.
Source : www.horizons.com