Parfums, shampoings, dentifrices, crèmes de soins corporels et
capillaires, les produits contrefaits envahissent nos marchés. Les prix
affichés varient entre 400 dinars et... 10 DA pour certains articles, comme les
traces lèvres et les crayons pour les yeux, attirent de plus en plus une
clientèle en quête de bonnes occasions. Mais derrière ces tarifs alléchants, se
cache la grande arnaque et les dangers.
Le consommateur ne se rend pas toujours compte des séquelles que peuvent
causer ces produits, notamment ceux appliqués sur les parties les plus
sensibles du corps, à savoir la tête et le visage. Dans la plupart des cas, les
femmes sont les plus exposées au danger, pour usage excessif de ces produits.
De nombreux produits cosmétiques importés, notamment de Chine, sont de
composition douteuse et peuvent provoquer des problèmes de peau, allant de
simples gratouilles jusqu'aux eczémas et allergies, voire au cancer de la peau.
Les spécialistes indiquent que les 20 dernières années, ce type d'allergie est
devenu deux fois plus fréquent. «Il est très possible de voir une marchandise
contenir des produits chimiques extrêmement dangereux pour la santé des
utilisateurs. Un risque permanent et très difficile à «gérer», du fait de
l'absence de toute traçabilité pour ce genre de produits qui sont soit
fabriqués localement de manière clandestine, soit frauduleusement importés»,
dira M. Adlane, propriétaire de la marque Nataloé représentée par la société
Adlane et Cie Pharm Sarl spécialisée dans la fabrication de produits de soin du
visage à base de produits naturels, présente au Salon de la forme et de la
beauté de l'Oranie, Jouvenç'Or. Au marché de M'dina Jdida comme au marché de la
Bastille à Oran et dans la plupart des grandes villes du pays, les femmes se
pressent auprès des vendeurs de produits de beauté exposés sur des étalages de
fortune, à même le sol, ou sur les trottoirs. Pour les vendeurs de ces produits
estampillés grandes marques internationales, les affaires marchent bien. «Même
dans les boutiques les plus chics, on risque de trouver ces produits douteux,
c'est juste le prix qui diffère. Alors, pourquoi acheter plus cher ?»,
s'interroge Fatiha, 22 ans, étudiante.
M. Adlane, qui a qualifié le phénomène de «crime contre le consommateur»,
appelle à plus de vigilance pour faire face à ce phénomène. «Pour éviter de
tomber dans le piège, les consommateurs doivent acheter les produits
cosmétiques dans des lieux sûrs, à l'instar des pharmacies et des boutiques de
parfumerie qui font l'objet d'un contrôle rigoureux».
«En plus des conséquences sur la santé, la contrefaçon a des conséquences
négatives sur l'économie du pays, puisqu'il s'agit d'un secteur qui échappe à
tout contrôle, notamment le fisc, portant préjudice au Trésor public».
Produit d'origine ou contrefait, quelle différence ?
Ces produits cosmétiques contrefaits vendus en Algérie sont soigneusement
estampillés aux marques internationales. Leurs équivalents, à la griffe
authentique, se vendent dans des boutiques spécialisées à leur juste prix qui
peut atteindre cinq, voire quinze fois plus.
Pour M. Brahim Djoudi, représentant de la marque turque Maxxel
spécialisée dans les produits de soin du visage et soin capillaire, présente
également à Jouvenç'Or qui se tient à la Médiathèque d'Oran, «il est très
difficile de faire la différence entre les deux, surtout ces dernières années
où la technologie a joué un important rôle dans la propagation de ce phénomène.
Les contrefacteurs utilisent des machines et des techniques d'emballage très
sophistiqués ce qui rend la détection difficile, surtout pour les consommateurs
qui ne sont pas adeptes de la marque et ce n'est qu'après l'utilisation du
produit que les conséquences se font ressentir». Néanmoins, certains détails
sur l'emballage, absence du cellophane, le numéro de lot et les bas prix sont
des facteurs d'avertissements, affirme-t-il. Notre interlocuteur ajoute que les
produits qui ont fait leurs preuves, notamment les plus chers, sont les plus
exposés à ce phénomène. Un avis partagé par M. Chaouch, directeur général de
Krizalid communication, organisateur de Jouvenc'Or. «Pour lutter contre la
contrefaçon, il faut adopter une politique du prix». «En général, ce sont les
produits très chers et très commercialisés qui attirent les contrefacteurs»,
a-t-il précisé. D'autre part, la représentante de Colgate et Palmolive
spécialisé dans l'hygiène corporelle évoque un autre problème lié à
l'étiquetage des produits importés et qui doit comporter obligatoirement les
notions en langue arabe, selon les réglementations en vigueur. «Pour certains
consommateurs, le fait que les notions sont en langue arabe est une preuve que
le produit n'est pas d'origine. Ce qui est entièrement faux. Nous profitons de
ce salon Jouvenç'Or pour sensibiliser le public à ce sujet», a-t-elle signalé.
Commercialisés en Algérie sans le moindre contrôle, les produits cosmétiques et
hygiéniques contrefaits constituent une menace sérieuse pour la santé des
citoyens. Selon une enquête établie par le ministère du Commerce, un taux
d'infraction qui s'élève à 40 % dans les produits cosmétiques a été récemment
enregistré dans notre pays. Les fraudeurs proposent généralement ces produits
contrefaits à des prix très bas, ce qui leur permet, d'ailleurs, d'en écouler
une grande quantité. La contrefaçon gangrène toujours le marché algérien.
Uniquement pour l'année 2008, un total de 1,5 million d'articles contrefaits
importés frauduleusement ont été saisis par les douanes, contre 2,27 millions
en 2007.
En classant les produits par catégorie, les cosmétiques occupent la
première place avec 86,21 % des articles saisis en 2008 contre 30,86 % en 2007.
Les mêmes marques de produits cosmétiques sont saisies chaque année.
L'administration douanière arrive parfois à déjouer les tentatives de
contrefaçon grâce aux alertes données par les propriétaires des marques. Les
produits contrefaits n'ont pu être interceptés qu'après dépôt de plaintes de la
part de détenteurs de marques d'origine. Ceux dont la marque n'est pas
représentée en Algérie ou n'est pas couverte par un brevet ne peuvent déposer
plainte et laissent ainsi libre cours aux contrefacteurs d'introduire sur le
marché algérien toutes sortes de produits dangereux pour les consommateurs.
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Posté Le : 17/06/2009
Posté par : sofiane
Ecrit par : J Boukraâ
Source : www.lequotidien-oran.com