En marches !

Dézédie ! Hausse du cours du?
? vinaigre !
Comment se fait-il qu'un Grand Corps Malade que l'on disait cloué sur son siège se mette soudain à marcher ' Quel est ce processus incroyable qu'un corps qualifié d'inerte par tous les spécialistes des Corps et Matières Associés puisse à nouveau se mouvoir, et pas qu'un peu ' Qu'il se lève. Qu'il ne prenne même pas la peine de tapoter son survêtement de la poussière qui s'y est accumulée. Qu'il ne daigne pas enfiler des baskets pourtant à proximité et qu'il quitte la moiteur de son antre pour sortir marcher ' Et pas que pour sortir ! Car il aurait pu juste sortir quelques mètres et s'adosser au mur de sa maison de Grand Corps Malade. Non ! Il sort et il marche. Il marche comme s'il n'avait jamais été malade. Il sort comme s'il n'avait jamais été cloué au lit. Et il marche comme s'il n'avait jamais été aussi longtemps immobilisé. Les médecins en sont là dans leur perplexité. Ils se sont consultés entre eux. Ils ont consulté. Ils ont été consultés. Et? rien ! Ils ne trouvent pas d'explications logiques, scientifiques à ce réveil, à cette sortie d'un immobilisme qui ressemblait plus à une hibernation qu'à une crampe aux mollets. En même temps, le Grand Corps Malade s'en fout un peu des interrogations des médecins. Lui est dehors. Il marche ! Il marche ! Il marche comme un dératé. Quand t'as pas marché pendant vingt ans, c'est sûr que t'as qu'une seule envie, bouffer du bitume pour rattraper le temps perdu, cloué à ta chaise. Va-t-il pouvoir marcher encore, une fois par semaine ' Va-t-il accélérer le rythme de sa marche en rajoutant un jour à son programme de marche intensive ' Ou alors, soudain rattrapé par son mal d'antan, va-t-il revenir à la maison et se rasseoir vingt autres années sur son fauteuil ' Je ne sais pas ! Je ne suis pas médecin. Juste amateur de randonnées pédestres. Et c'est beau, tous ces Grands Corps Malades qui retrouvent enfin l'usage de leurs jambes. Je fume du thé et je reste éveillé, le cauchemar continue.
H. L.