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En ligne "IIs ont arrêté de fumer et ça a tout changé"

du mardi 13 avril au mercredi 13 octobre

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Retrouvés le souffle et la liberté ! Envolés le plaisir et le geste qui réconfortent ! Quand il n’y a plus d’écran de fumée entre soi et la réalité, la personnalité se transforme.



Culture & santé :



IIs ont arrêté de fumer et ça a tout changé



Retrouvés le souffle et la liberté ! Envolés le plaisir et le geste qui réconfortent ! Quand il n’y a plus d’écran de fumée entre soi et la réalité, la personnalité se transforme.



Géraldine ne fume plus depuis un an. "J’ai vraiment aimé fumer. La cigarette me manque tout le temps. Je m’interdis de replonger, car arrêter a été vraiment dur. Je pense que la cigarette me manquera toute ma vie. Je reste une fumeuse qui s’empêche et qui s’empêchera jusqu’à la mort."



"Un gros fumeur dépendant qui a arrêté reste un fumeur, confirme le professeur Gilbert Lagrue, qui dirige la consultation antitabac à l’hôpital Albert-Chenevier de Créteil. Il peut récidiver six mois ou quinze ans plus tard. La plupart d’entre eux conservent le souvenir du soulagement que procurait la cigarette, du plaisir. L’ancien fumeur vit le plus souvent dans la nostalgie du tabac."



Une guerre, un combat, une lutte sans merci… Tous les anciens fumeurs le disent : ils ont déployé un énorme effort de volonté pour arrêter la cigarette. Mais, une fois la victoire acquise, le sevrage accompli et le corps à nouveau éduqué à vivre sans tabac, la plupart constatent que leur personnalité s’est aussi réorganisée… autour du manque.

Résister à la tentation



Les ex-fumeurs reconnaissent tous leur fragilité face au tabac. Nostalgiques de leur ancien plaisir, tous ne s’imposent pas un arrêt absolu. Chez certains, il y a comme une ambivalence. Aucun ne possède plus ni cigarettes ni briquet, mais quelques-uns louvoient, composent, pour conserver un peu de la sensation prohibée. Olivier a arrêté depuis trois ans : "Je dirige un bar, je suis donc en permanence entouré de fumeurs. Parfois je tire une taffe, mais la tête me tourne. Alors je respire la fumée des autres. C’est un vrai plaisir. Aujourd’hui, je fume par procuration." Antoine est non-fumeur depuis un an : "J’ai envie d’une cigarette tous les jours. Maintenant, je ne fume plus que des choses exceptionnelles : cigares ou pétards. Du coup, dès que je vais dans une fête, je traque le moindre rouleur de joints, et dès que j’assiste à un mariage, je cours derrière tous les amateurs de barreaux de chaise."



D’autres, pour résister à la tentation, manifestent une intolérance absolue. Ils dressent un mur entre eux et les volutes bleues. Après vingt ans passés à fumer deux paquets par jour, Gérard ne supporte plus la fumée : "Elle m’empêche de respirer, m’étouffe." Au bureau, il a interdit aux fumeurs de se livrer à leur vice. Il reconnaît être très dur, "alors qu’autrefois, je fumais partout, tout le temps et je gênais les autres", sourit-il. C’est sans doute pour lui la seule attitude possible. "Ceux qui deviennent des ayatollahs de la vie sans tabac ne rechutent jamais, affirme Gilbert Lagrue. C’est un système de protection très efficace."



Pour d’autres encore, le tabac est tellement associé aux autres plaisirs que l’arrêt de la cigarette se double du renoncement à tout ce qui accompagnait cette addiction, de peur que les sensations ne s’appellent les unes les autres. "En arrêtant de fumer, explique Patricia, j’ai tout arrêté : l’alcool, les fêtes, et la bouffe, de peur de compenser et de grossir. En fait, j’ai arrêté de respirer." Une attitude qui signe un verrouillage complet, une mise sous contrôle absolu de sa vie. Tout bloquer pour ne pas se laisser aller. Car, finalement, tous partagent la même hantise : replonger. Et tous, ou presque, ont vécu l’échec à répétition et la reconnaissance implicite que le tabac était plus fort qu’eux. Il est en effet rarissime qu’un gros fumeur abandonne le tabac du premier coup. En général, c’est au bout de trois ou quatre tentatives avortées qu’il arrache son indépendance.

Apprendre à recomposer son temps



Pourquoi est-ce si difficile d’arrêter ? L’addiction est physiologique, donc notre organisme réclame sa dose. Mais cette explication ne suffit pas. Les experts sont formels : "Pour certains gros fumeurs, l’addiction au tabac relève d’une fragilité psychologique, explique Gilbert Lagrue. On prend sa dose de nicotine comme on a recours à une automédication, pour aller mieux."



"La cigarette est un “équilibrateur” formidable, un calmant, poursuit Odile Lesourne, psychanalyste. Supprimer le tabac ne revient pas à supprimer le problème. Quand on arrête de fumer, on se retrouve souvent face à un état dépressif que le tabac masquait."





C’est la raison pour laquelle la plupart des consultations antitabac proposent un soutien psychologique aux candidats au sevrage.



Certaines associent la méthode du patch, par exemple, à la prise d’antidépresseurs. Les premiers mois sont souvent les plus douloureux. Le vide peut paraître abyssal. Plus d’écran de fumée entre soi et la réalité. Sans tabac, reste à affronter la vie telle qu’elle est, avec ses vides et ses pleins, sans plus de ressources que celles que l’on possède soi-même. La fin du tabac sonne un peu comme la fin des illusions. "J’ai arrêté parce que j’avais peur de mourir, confie Géraldine. Mais j’ai perdu une béquille. Je me suis retrouvée confrontée à mes peurs en général. J’avais l’impression de tout devoir gérer sans aucun secours, de tout prendre de plein fouet. L’arrêt a précipité mon travail sur moi-même et j’ai entamé une analyse à ce moment-là. J’avais 35 ans. Pour moi, c’était l’heure du bilan, celle de m’interroger sur ma place. Arrêter le tabac participait à un processus de changement général dans ma vie. C’était le moyen le plus symbolique de signifier une rupture."





Un soutien, une béquille, une aide…



La cigarette, c’est un geste qui réconforte, une activité – prendre son paquet, la sortir, l’allumer – dans l’activité. La cigarette donne comme un rythme à la vie. Sans tabac, il faut recomposer son temps. "Aujourd’hui, je rêvasse moins, insiste Antoine. Privé des pauses cigarettes – bien connues de tous les fumeurs –, je m’occupe davantage, mon temps est plus linéaire. Et je fuis un peu la vacuité qui me renvoie à l’envie de fumer."



"La cigarette m’aidait à penser, à travailler, continue Antoine… Sans elle, je suis devenu plus “laborieux”. Je travaille plus sérieusement, plus rigoureusement, je me documente davantage, je creuse… et je n’attends plus l’illumination."



Découvrir d’autres bouffées de plaisirs



Irène et Gérard ont arrêté ensemble. Lui fumait deux paquets par jour, elle était une fumeuse tardive, qui grillait son paquet quotidien. Gérard était saturé de cigarettes, c’est ce qui a forgé sa détermination. Irène a tenu bon pour que Gérard ne recommence pas. Et puis, une petite pointe d’orgueil les poussait, chacun de leur côté, à ne pas craquer devant l’autre. Alors ils ont trouvé des substituts. "Pendant plusieurs années, nous avons couru, nagé, racontent-ils. On avait besoin de se défouler." Gérard, surtout, a remplacé la cigarette par des activités physiques : marche, jardinage, etc. Irène, elle, a compensé par la nourriture.



Un syndrome classique : la plupart des anciens fumeurs déclarent manger et boire plus, comme s’il fallait avoir recours à d’autres formes de plaisir, de douceur, ou simplement trouver d’autres moyens de se rassurer ou de se calmer. "Avant, quand je sentais que j’allais sortir de mes gonds, j’allumais une cigarette, confie Géraldine. Aujourd’hui, quand l’exaspération me gagne, je respire profondément. C’est en quittant la pièce physiquement, comme quand je partais chercher mon paquet de cigarettes, que j’arrive à reprendre mes esprits. Je reproduis un mouvement, mais il est sans but. C’est beaucoup moins efficace. Du coup, j’ai découvert que j’étais colérique."



Souvent, les ex-fumeurs constatent que certains traits de leur caractère se sont modifiés.



"La vie sans tabac m’a rendue plus sérieuse, moins ludique, moins gaie, affirme Patricia. J’ai perdu un peu de mon insouciance. Mais j’ai gagné en assurance. Je n’ai plus besoin d’une cigarette pour aller vers les gens, calmer mes nerfs, affronter les difficultés." De son côté, Catherine reconnaît que l’abstinence l’a menée sur un versant plus affirmé de sa personnalité : "La cigarette me permettait d’encaisser l’agressivité des autres, les mauvais coups du sort. Je m’opposais peu tout en me sentant continuellement fébrile. Aujourd’hui, je me sens bien plus calme, plus détendue, mais aussi plus déterminée. Pas de faux-fuyants." Et elle ajoute : "Curieusement, j’ai découvert que certains plaisirs que je croyais liés à la cigarette, comme écouter de la musique ou partager un repas entre amis, ne l’étaient pas du tout. Au contraire. Ma vie “sensitive” a pris davantage de relief et de saveur, peut-être parce que je m’y sens plus libre."





Une certitude, le souvenir du tabac s’estompe avec le temps.



La vie se réorganise et on savoure sa victoire. Aucun ancien fumeur ne songe délibérément à reprendre la cigarette et à subir à nouveau cette dépendance. "Arrêter de fumer, m’a rapprochée des autres, souligne Géraldine. Avant, je m’éloignais tous les quarts d’heure de mes enfants pour aller fumer ma cigarette. Même chose pour les discussions de fin de dîner qui se prolongent. Aujourd’hui, je n’ai plus besoin de les écourter parce que l’envie de tabac me tenaille." Le tabac sépare les fumeurs des non-fumeurs. Et ces derniers sont de plus en plus nombreux…

Fumeurs : quatre bonnes raisons d’arrêter de fumer

La vie à pleins poumons



Tous les anciens fumeurs sont d’accord : l’arrêt du tabac, c’est dur, mais on y gagne vraiment.



Débarrassés de la cigarette, la plupart sont horrifiés par l’odeur de tabac froid qui se dégage des fumeurs, de leur haleine, de leurs vêtements, de leurs cendriers…



En revanche, tous s’extasient sur leur goût et leur odorat retrouvés.



L’arrêt du tabac éclaircit le teint et rend les cheveux plus brillants, plus toniques.



Oublié l’essoufflement après avoir monté les escaliers ! Au bout de quelques semaines, les anciens fumeurs retrouvent un véritable tonus physique. Du coup, ils reprennent souvent une activité sportive.



par Isabelle Brockman, PSYCHOLOGIES

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