Algérie

En librairie / Le sage d’Andalousie d’Amèle El Mahdi Un inventeur d’origine berbère



Publié le 19.09.2024 dans le Quotidien le soir d’Algérie

MERIEM GUEMACHE

Dans son nouveau roman Le Sage d’Andalousie paru aux Editions Dalimen, Amèle El Mahdi entraîne ses lecteurs sur les rives du fleuve Guadalquivir, à Cordoue, en Andalousie. L’écrivaine exhume la vie de Abbas Ibn Firnas (810-887), inventeur, ingénieur, chimiste et poète d’origine berbère.
Chute de Grenade en 1492. Moundhir ben Abderrahmane, un jeune musulman âgé de 20 ans, doit quitter, la mort dans l’âme, El-Andalus qui l’a vu naître. Avant de partir vers le Maghreb, il se voit remettre, par son ami Samuel Bensimoun, un manuscrit et lui recommande d’en prendre grand soin : «Ce manuscrit a déjà échappé aux flammes une première fois lorsqu’en l’an 979, le calife al-Mansour ordonna un autodafé des livres de philosophie ainsi que tous les livres anciens que contenait Beyt al-Hikma de Cordoue».
Cinq siècles plus tard, ce précieux legs réapparaît à Alger. A la mort de son père, le narrateur du roman d’Amèle El-Mahdi reçoit en héritage le vieux manuscrit. Ce précieux document a traversé plusieurs siècles et a été transmis de génération en génération. En le lui remettant, son frère insiste sur le côté sacré de ce legs. «Nous sommes chargés de le préserver de toute destruction sinon toute notre descendance sera frappée de malédiction», lui dit-il.
Doté d’un esprit cartésien et rationnel, le narrateur rit sous cape. Cette histoire de malédiction est cousue de fil blanc, pense-t-il. Embarrassé par l’encombrant héritage, il pense même le jeter avant son retour à Montréal, où il vit. Toutefois, il se ravise à la dernière minute. Youcef, son ancien ami du temps du lycée, était passionné d’histoire. Lui seul pourrait l’aider. Contacté, Youcef accepte d’effectuer des recherches autour de ce mystérieux manuscrit.
Avant de s’envoler vers Montréal, une série d’incidents se produisent dans la vie du narrateur. Ses enfants et sa femme ont des pépins et son chien Molos meurt subitement. L’héritier du manuscrit commence à croire sérieusement à la prédiction liée à ce legs. «Et si c’était vrai ? Si ce qui nous arrive à ma famille et à moi était dû à cette prétendue malédiction du manuscrit», pense-t-il. Après quelques semaines, Youcef le contacte pour lui demander de rentrer illico presto en Algérie. Le manuscrit a plus de onze siècles d’âge. Youcef a réussi à le traduire et à le numériser. Cet ouvrage millénaire a été écrit par le serviteur du célèbre inventeur Abbas Ibn Firnas. Né à Ronda (Andalousie) en 810, ce scientifique descend d’une famille d’origine berbère.
Dans ce manuscrit, toute sa vie est dévoilée. On y découvre ses inventions comme l’horloge à eau, le verre, le planétarium... Abbas Ibn Firnas, alias le sage d’Andalousie, a également tenter de voler en l’air en se fabriquant des ailes.
«Je savais que ce n’était guère sage pour un homme de mon âge, j’avais alors 75 ans ( ...) Debout sur le sommet de Djabal al-Arous, je regardai la foule agglutinée au pied de la montagne, les yeux rivés au ciel, guettant l’instant où je me jetterai dans le vide. J’avais invité des savants, des notables et autres personnes dignes de foi afin de témoigner de ce qu’ils auront vu lors de cette expérience sans précédent. Tout Cordoba est venu pour me voir planer aux côtés des aigles de la Sierra Morena.» Malheureusement, le vol se termine mal. L’intrépide inventeur aura les deux jambes cassées mais échappe miraculeusement à la Grande Faucheuse.
Dans le roman d’Amèle El Mahdi, cette histoire nous est transmise par Hassouna, le serviteur de Abbas Ibn Firnas. L’ayant recueilli très jeune, il lui apprend à lire et à écrire et se montre très généreux avec lui. Abbas Ibn El Firnas avait ses détracteurs. Accusé d’hérésie, son procès se tient à la grande mosquée de Cordoue. Des témoins l’accusent de pratiquer des expériences diaboliques relevant de la magie. Son fidèle ami, le poète Yahya al-Ghazal, prend sa défense. Après la disparition de son maître, Hassouna se lance dans l’écriture d’un manuscrit racontant sa vie. Il met également à l’abri les livres écrits à la main par son défunt maître. «En les feuilletant, j’ai vu qu’ils traitaient de mathématiques, d’astronomie, de chimie et autres sciences auxquelles s’intéressait Abbas Ibn Firnas. Un de ces ouvrages comportait des croquis sous différents angles de Thât el halaq.» Aujourd’hui, un pont porte le nom de cet inventeur d’origine berbère qui a vécu au 9e siècle. Le cratère lunaire Ibn Firnas a également été baptisé en son honneur. Par ailleurs, la Libye a produit un timbre à son effigie.
Ancienne professeur de mathématiques, Amèle El Mahdi est née à Blida. Elle est l’auteure de plusieurs romans : La belle et le poète, Tin Hinan, ma reine, Sous le pavillon des raïs, Une odyssée africaine et Quand les dunes chantaient Dâssine. Elle a également écrit des livres pour enfants.
Meriem Guemache

Le sage d’Andalousie. Amèle El Mahdi. éditions Dalimen. 2023. 158 p. 1000 DA.



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