Salam Ouessant est un roman autobiographique teinté d'amour, de tendresse et de nostalgie. Après un divorce houleux avec sa femme, le juge des affaires familiales autorise enfin Azouz Begag à jouir de ses droits en tant que père.
Heureux comme un enfant à qui l'on vient d'acheter un cadeau, l'ex-ministre décide d'offrir une semaine de vacances à ses deux filles Sofia et Zola, en juillet. C'est l'occasion tant attendue d'avoir ses deux gamines pour lui tout seul et leur prouver son incommensurable affection.
Via internet, il loue une maison sur l'île d'Ouessant, en Bretagne, et chaud devant ! Seulement voilà, lorsque le bateau Le Fromveuraccoste sur l'île, les petites pestes ne sont pas satisfaites de la destination choisie par leur papa. Et pour cause, la météo est d'une humeur grincheuse. C'est l'été mais Madame Météo déverse des trombes d'eau, souffle des vents puissants et badigeonne le ciel de gris. Sofia et Zola font la moue et reprochent à leur papa de ne pas les avoir emmenées sous le soleil d'Algérie, son pays d'origine dont il leur a souvent parlé. «Sur le coup, pris de court, j'ai failli monter sur mes grands chevaux et crier à tue-tête pour défendre mon choix d'Ouessant. Quoi ' L'Algérie ' Mais tu ne sais pas de quoi tu parles, ma fille ! Dans la fournaise de l'été africain, les températures dépassent les quarante degrés et on ne peut pas mettre le nez dehors entre neuf heures et dix-sept heures, la chaleur accable, les rayons du soleil fusillent à bout portant tous les audacieux qui posent le pied sur un trottoir de la ville…» (P. 8). Les souvenirs du bateau le Ville d'Alger qu'il prenait à Marseille avec ses parents et sa nombreuse fratrie remontent à la surface. Chaque été, les Azouz quittaient alors Lyon pour passer les grandes vacances à Sétif. Les images et les odeurs sont toujours vivantes dans son esprit «… des vendeurs ambulants poussent leurs carrioles montées sur des roues de camion en louant les qualités de leurs tomatiche, batata, loubia… les lambretta à trois roues, débordant de marchandises… des voitures Bijou 203, 403 et 404…»(P.145). Azouz Begag déploie des trésors d'imagination pour faire plaisir à ses deux princesses. Vélo, cheval, longues balades… les activités en plein air sont au menu. Le soir, lorsque ses filles s'endorment, les souvenirs anciens se fraient un chemin dans sa mémoire. Le désamour avec sa femme, son divorce, la mort de son frère Malik, son enfance à Lyon et la haine raciale dont il a souvent fait les frais. Avec beaucoup d'humour, l'auteur du Gone du chaâbapartage avec ses lecteurs des tas d'anecdotes. Comme le jour, où l'un de ses camarades de classe lui a démoli le portrait, l'accusant de «manger le pain des Arabes». En arrivant à la maison, le petit Azouz a annoncé à sa mère que désormais il ne mangera plus que du khobz ed'ddar( P42). Un roman autobiographique drôle, sympa et touchant. Lors de son passage samedi à l'Institut français d'Alger, Azouz Begag a annoncé qu'il préparait actuellement une bande dessinée consacrée à l'Emir Abdelkader. Bon vent !
Sabrinal
Salam Ouesant, de Azouz Begag, Editions Sedia, 2012, 600 DA, 162 P.
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 06/10/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Soir d'Algérie
Source : www.lesoirdalgerie.com