En pleine crise identitaire, Louisa quitte Mar- seille pour l'Algérie ; bac à Tizi-Ouzou et études universitaires à Alger. Elle nous livre son regard sur «les années Boumediène», «les années Chadli Bendjedid» puis la montée de l'intégrisme.
Terre rouge du jardin aux mille oliviers est un récit autobiographique. Fille d'émigrés algériens née à Marseille, Louisa Timhadjelt déroule l'histoire de sa vie. Fuyant la misère, ses parents quittent leur Kabylie un matin d'hiver 1952. Direction la cité phocéenne où son père travaillera comme ouvrier. A sa mère, gardienne de la morale et des traditions, Fatma, alias Louisette, opposera une haine farouche. «Il s'agissait de me transformer en une fille de bonne famille sachant récurer les casseroles, nettoyer les fameux coins de la maison, servir ses frères et garder intact son hymen. La première femelle en terre d'exil devait servir de cobaye à l'exercice de l'autorité virile des mâles engendrés et gérés par sa toute puissante férule. Je n'ai adhéré à aucun des points du programme annoncé et suis entrée en résistance». P. 80. A une mère castratrice qui élève ses fils au rang de demi-Dieu, Louisa mène la guerre, soutenue par son père qui lui a appris à ne jamais baisser les yeux devant un homme. «Le dimanche, j'étais intouchable, car papa était à la maison, et je trônais royalement sur cette ‘'cour de gueux où régnait d'ordinaire maman et son martinet. Papa était mon seul allié, il tournait en dérision toutes les «leçons de choses» de maman, ce qui l'exacerbait et me vouait à de terribles vengeance». P. 81. En pleine crise identitaire, Louisa quitte Marseille pour l'Algérie ; bac à Tizi Ouzou et études universitaires à Alger. Elle nous livre son regard sur «les années Boumediène », «les années Chadli Bendjedid» puis la montée de l'intégrisme : «Les mosquées fleurissaient comme des bourgeons et les ‘'barbus se firent de plus en plus puissants, arrogants. Les prières du vendredi, dans un pays où l'expression libre était interdite, devenaient le théâtre de prêches incendiaires qui fustigeaient l'Etat, les femmes, l'Occident. » P. 95 Un récit également sur la perte d'êtres chers comme ses frères Smaïn (Maïne), Arezki (Fred) et ses parents, partis l'un après l'autre et dont l'auteure demeure inconsolable.
Sabrinal
Terre rouge du jardin aux mille oliviers de Louisa Timhadjelt, Edition Dar Khettab, 2012, 300 DA, 159 P.
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Posté Le : 18/04/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Soir d'Algérie
Source : www.lesoirdalgerie.com