Algérie

En l'honneur de Messaoud Babadji



À l'initiative des associations Femmes algériennes revendiquant leurs droits (Fard) et SOS femmes en détresse, des ateliers sur les droits de la personne humaine et les droits des femmes ont été tenus le week-end passé à Oran.Ces journées ont été organisées dans le cadre de "Haoua", projet réalisé sur l'Algérie et le Mali, s'inscrivant dans la promotion et la protection des droits de l'Homme (notamment des défenseurs des droits de l'homme et des droits des femmes).
Le projet se base sur une approche participative, ainsi que sur la mise en réseau de différents acteurs pour permettre la diffusion des droits des femmes et la reconnaissance du statut de défenseurs des droits humains.
Ces ateliers ont également été l'occasion pour des universitaires et juristes d'Oran, de Sidi Bel-Abbès, de Boumerdès et de Tizi Ouzou de rendre un vibrant hommage à Babadji Messaoud, enseignant universitaire et défenseur des droits de l'Homme, décédé fin septembre 2020.
Le défunt, qui s'est beaucoup investi dans le droit des femmes et la promotion de la condition féminine, occupe une place particulière au sein des associations féminines. "Messaoud nous a beaucoup accompagnées dans le travail de sensibilisation que nous menons depuis de longues années. Il a pris part à des ateliers et animé plusieurs conférences sur la dignité humaine et les droits de l'Homme. Pour lui, le respect de la dignité humaine est à la base des droits de l'Homme", a indiqué Fatma Boufenik, de l'association Fard, qui se rappelle un atelier sur les droits des migrants durant lequel le défunt a affirmé que le "statut de clandestin n'interdisait pas l'accès des migrants à la santé et à l'éducation".
Hakim Saheb, avocat du barreau de Tizi Ouzou et ami du défunt, a également apporté son témoignage sur "l'homme de c?ur et de conviction" que fut Messaoud Babadji et qu'il avait rencontré dans les années 1990. "Bien qu'il se sût menacé ? certains de ses intimes furent assassinés ?, Messaoud ne fléchissait point et montrait une sérénité et une opiniâtreté sans pareille.
Il avait comme viatique la détermination et l'esprit de résilience de nos ancêtres, mais aussi de l'humour âcre et sûr qui dulcifie les sentiments et nourrit la force de l'âme. Il est allé jusqu'à faire fi des nombreuses sollicitudes de ses proches qui le priaient de quitter la ville d'Oran pour un ciel plus clément et moins sombre, notamment après le lâche assassinat de ses proches, l'universitaire Fardeddheb et du dramaturge Alloula", a-t-il déclaré devant l'assistance.
D'autres participants ont témoigné de l'engagement du défunt jamais démenti dans la lutte pour la démocratie, les droits humains, la promotion de la condition féminine, le vivre-ensemble...
Les ateliers se sont articulés autour de deux thèmes centraux : "Les mécanismes internationaux sur les droits humains et des droits de la femme et leur impact sur l'ordre juridique national" et "Le cadre législatif algérien et institutionnel (code de la famille et amendements du code pénal à l'issue de la loi 15-19 du 30 décembre 2015) : portée et limites".
Au terme des échanges et débats qui ont notamment fait le constat des insuffisances de la législation algérienne en termes de défense des droits humains et des violations qui continuent d'être enregistrées, les intervenants ont convenu de continuer à travailler en réseaux d'acteurs sur la défense des droits humains et de multiplier les cycles de formation en direction des secteurs de la santé, de l'enseignement et de la justice.
Ces ateliers ont, par ailleurs, été sanctionnés par une proposition de création d'un événement biannuel intitulé "Journées scientifiques sur les droits de l'homme et droits des femmes-Babadji Messaoud".

S. OULD ALI


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