De notre correspondant à Constantine
A. Lemili
Affirmer que l'action culturelle, ou encore que les activités culturelles, n'existent pas à Constantine serait faire preuve de courte vue, sinon le procès d'intention systématique à l'endroit d'un directeur de wilaya de la culture qui, jusque-là, n'a ménagé aucun effort, depuis sa désignation, redonnant quelque peu du dynamisme à un secteur malheureusement déconnecté du temps. Par conséquent, au regard des efforts incessants, le revers de la médaille, pour ledit cadre de la culture, n'en devient, inversement à son investissement, que plus injuste, dans la mesure où les efforts, la débauche d'énergie et le «génie» que met celui-ci, à tour de bras, à distribuer la culture, n'accrochent, finalement, pas grand monde et n'intéressent que ceux qui adhèrent aux programmes proposés, dont la particularité est de mettre encore plus à la périphérie une majorité de la population qui, depuis longtemps, a rompu les amarres avec la culture telle qu'elle se conçoit aujourd'hui. Exception faite, évidemment, pour des activités dont les acteurs ont su rester dans la modernité et l'universalité. Nous donnons pour exemple d'actions, toutes proportions gardée, répulsives ces soporifiques semaines culturelles d'une wilaya donnée, pour lesquelles, étrangement, tout se ressemble ou, autrement dit, rien ne différencie l'une de l'autre, qu'elle se situe à l'extrême-est ou ouest, tant la ressemblance entre des produits dits du terroir, des coutumes, des vêtements est confondante. En plus clair, habits, bijoux traditionnels, poterie, céramique, l'art de faire du pain maison, la manière dont est fait le couscous ne déparent en rien les uns des autres.En somme, la justification de dépenses faramineuses, dont les récapitulations sont connues pour donner de la consistance aux rapports mensuels, les bilans annuels, ont pour résultat de pérenniser au mieux encore la médiocrité générale. Quant au peu d'authenticité des articles exposés, il y a un fossé, que toute personne avertie franchira allègrement. La grande majorité des articles, réputés faits main, sont, en réalité, usinés et en partie importés de deux pays voisins. Autant dire que le bizness en question est de notoriété publique, sauf que tout le monde regarde ailleurs. Par voie de conséquence, si on élague l'activité générale de celle évoquée ci-dessus, et qui vaut quand même son pesant d'or, compte tenu du carrousel de 47 wilayate qui occupent la scène presque toute l'année, autant dire que le reste a peu de chances d'être consistant, en l'absence de concerts réguliers de musique, moderne (est-il besoin de le souligner), de projections de films (aucune salle ne fonctionne), de représentations théâtrales régulières, en raison de l'inexistence de textes, un tarissement imputé, pour faire bien, à une panne intellectuelle, pour ne pas dire à une crampe de l'écrivain des rares metteurs en scène. Quant aux autres artistes, entre plasticiens et peintres qui parviennent à arracher un vernissage, s'il est organisé, l'évènement ne sert, en fait, qu'à assurer l'ordinaire de l'artiste concerné. Donc, question mise en valeur de son art, c'est plutôt «circulez, y a rien à voir».Bien entendu, il ne saurait être question, comme évoqué précédemment, de marteler la réalité d'un désert culturel à Constantine, les rapports et comptesrendus, officiels évoqués également, contrediraient superbement cette assertion. Sauf qu'il faudrait également souligner que quantité n'est pas qualité. Conclusion : dans la ville des ponts, le nivellement culturel par le bas s'installe irrémédiablement et le plus sérieux des contrecoups de cet état de fait serait que l'indigence générale constatée tout au long de ces vingt dernières années ne s'installe durablement, jusqu'à gommer les vraies références artistiques pour inverser, presque naturellement, tout ce qui est propre à l'homme de l'art : créativité, sensibilité, spontanéité, générosité. Tout ce qui peut le rendre universel et, donc, lui permettre d'échapper à l'enfermement dans le carcan auquel les instances culturelles nationales semblent vouer les potentialités authentiques régionales, en faisant d'une expression naturelle de tout individu, qui était déjà à l'origine, jusqu'à l'homo-sapiens, un acte mécaniquement réglé par l'administration et des personnes réputées veiller à la préservation du patrimoine.
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Posté Le : 20/06/2012
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : A L
Source : www.latribune-online.com