Algérie

«En l'absence d'une cohésion, il serait difficile de concrétiser un quelconque partenariat»



Quelle lecture faites-vous de la charte sur le partenariat public-privé. Quelle différence avec ce qui se fait dans d'autres pays 'Le partenariat public?privé dont il est question revêt un sens différent de celui que l'on a l'habitude d'utiliser dans la littérature économique, à savoir le management de projets ayant un caractère de service public, mais dont le financement et la prise de risques sont partagés entre opérateurs du secteur privé et les pouvoirs publics.
L'exemple type est le BOT (Build, Operate and Transfert), consistant en des modalités optimales de réalisation de projets structurants et s'accompagnant souvent d'un degré de concession dans l'exploitation.
La charte sur le partenariat public-privé, signée entre le gouvernement, les organisations patronales et le syndicat UGTA, constitue essentiellement une sorte de feu vert donné aux entreprises publiques économiques (EPE), mais également aux établissements publics à caractère industriel et commercial (EPIC), ainsi que des entités du secteur agricole à tisser des alliances stratégiques avec des entreprises privées, qu'elles soient résidentes ou non résidentes.
Une limite juridique est cependant tracée et relative à la part dans le capital social de l'entreprise en partenariat : pas moins de 34% avec des partenaires résidents et ne peut être inférieure à 51% avec des tiers non résidents.
Comme on le constate, cette charte exclut le partenariat ne nécessitant pas des opérations sur le capital social.
L'objectif visé est de permettre aux partenaires d'exploiter les synergies existantes et ne pas se limiter à la dimension strictement commerciale ou conjoncturelle. C'est aussi l'invitation donnée aux gestionnaires du secteur public à aller au-delà des craintes liées à la prise de risque en matière de management et en même temps dépasser la démarche jusque-là adoptée et qui s'avère inefficace.
Comment faire pour que les PPP ouvrent de nouvelles perspectives d'investissement pour les entreprises publiques '
Le partenariat public-privé dont il est question s'adosse surtout sur la création de nouvelles entités avec différentes formules. Cela peut être des co-entreprises (joint ventures) ou des opérations d'ouverture du capital social d'entreprises publiques ou encore de prises de participation dans le capital social d'entreprises déjà existantes. Ces différentes formules supposent déjà des plans d'investissements visant certains objectifs stratégiques pour chaque partenaire.
S'agissant de l' entreprise publique, l'investissement devient pour elle intéressant pour combler un écart technologique, diminuer les coûts de production, partager des coûts de R&D, s'implanter sur des marchés étrangers, partager le risque financier, etc. Autant d'objectifs qui peuvent justifier le partenariat.
La question du financement est dans ce cas primordiale. La formule arrêtée du partenariat pourrait donner lieu à la mobilisation de ressources propres, ou recourir aux banques ainsi que l'appel public à l'épargne (emprunts obligataires). Le financement extérieur étant soumis dans cette perspective à l'autorisation du gouvernement, mais l'option elle-même reste ouverte à la volonté du partenaire.
Comment réussir les PPP, connaissant le système managérial public, d'un côté, et le manque de transparence chez le privé, de l'autre côté '
Déjà en amont, les entreprises publiques candidates au partenariat public-privé sont soumises à une procédure plus ou moins complexe et nécessitant du temps pour pouvoir identifier et choisir le ou les partenaires. Cela peut constituer déjà un handicap s'il n'y a pas maîtrise managériale (élaboration d'un avis d'appel à manifestations d'intérêt, cahier des charges, protocole d'accord, business plan, pacte d'actionnaires, négociations).
Ensuite il y a le nombre d'intervenants dans le processus de partenariat qui sont : le Conseil des participations de l'Etat (CPE), le secrétariat du CPE, le ministère sectoriel chargé de la supervision, d'une part, et l'entreprise publique et son conseil d'administration ainsi que le partenaire social, d'autre part.
En l'absence d'une cohésion de ces partenaires, il serait difficile de concrétiser un quelconque partenariat. Si l'option «ouverture du capital» est privilégiée, l'entreprise publique doit faire l'objet d'une évaluation afin de déterminer le prix de cession des actions de l'entreprise.
Dans ce cas précis, il est préconisé deux méthodes d'évaluation d'entreprises couramment utilisées : la méthode patrimoniale et celle des cash flows actualisés, nécessitant une expertise en engineering financière. Par ailleurs, s'agissant des partenaires privés (résidents ou non résidents), de par la flexibilité financière et managériale dont ils disposent, l'opportunisme sera de mise.
A votre avis, quels sont les secteurs où il y a lieu de développer les PPP '
Le partenariat public-privé peut offrir beaucoup d'opportunités pour différentes filières industrielles en croissance, telles que l'agroalimentaire, la mécanique, la pharmacie, les matériaux de construction, l'électronique , l'électroménager, etc. Les motifs du partenariat sont susceptibles de porter sur l'obtention des économies d'échelle et la réduction des coûts, l'approvisionnement en matières premières, la prospection et la pénétration de marchés étrangers, la technologie, etc.
Le secteur des services est aussi concerné (tourisme, services informatiques, logistique, maintenance industrielle, etc.). Il en est de même pour le BTP et l'hydraulique, ainsi que les énergies renouvelables. Enfin, l'agriculture est accessoirement bénéficiaire de ce partenariat dans le cadre de l'optimisation dans l'agroalimentaire et surtout par rapport à son potentiel à l'exportation.
Quid de la préservation des droits des travailleurs '
L'argument fort des initiateurs de la charte sur le partenariat public-privé est celui de la sauvegarde des emplois. Il peut arriver des situations où il y aurait des pertes d'emplois, car des entreprises publiques sont en quasi- faillite. Mais globalement, plus il y a d'entreprises nouvelles, plus des postes de travail seront créés.
A cela s'ajoute l'augmentation des cotisations à la sécurité sociale. Sinon, la question du pouvoir d'achat est du ressort des pouvoirs publics. Ceci reste valable évidemment en l'absence d'intentions inavouées.


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