Algérie

En finir avec la culture des préjugés



Le dialogue interculturel se révèle une nécessité. Il s'avère indispensable pour pallier à tout ce qui est créé d'insupportable et inédit dans cette expérimentation aveugle des cultures les unes par rapport aux autres. Il s'avère aussi comme une nécessité de mise à l'épreuve de la capacité de chaque culture à se proposer comme une forme de vie assumable par tout ce qui y participe. Il se révèle nécessaire aussi, dans la mesure où, ce sont des ensembles de préjugés qui se confrontent et s'entrechoquent. Il faut pouvoir les juger, soit comme des conditions de vie, soit comme des barrières qui empêchent de vivre en commun deux cultures qui existent.

 Le dialogue interculturel d'une certaine manière est une notion idéologique. Car, les cultures sont liées à des conglomérats économiques et politiques, qui sont légitimés eux-mêmes dans la conglomération par les cultures qui les abritent. Donc, on ne peu dissocier les mondialisations culturelles du phénomène de la mondialisation économique. La diversité culturelle est le lieu du dialogue interculturel. C'est aussi le lieu où la culture ne se soumet pas aux impératifs économiques. Malgré cela, en 2007 un rapport sur la diversité culturelle a été adopté au conseil de l'Unesco par 49 voix sur 51, représentant les états nations qui refusent d'homogénéiser culture et économie. Il s'est avéré par la suite que c'était une victoire à la pirus, puisque les états nations, qui ont signé ce refus au sein de l'Unesco, reconnaissant la nécessité du dialogue interculturel, ont signé dans des contrats bilatéraux, en partenariats directs avec les États-Unis. Il s'agit d'états qui dépendaient économiquement et directement des États-Unis, il y a là, donc, un contournement du consensus mondial. Ce rapport est publié sur le site de l'Unesco mondialisations.org, sous la rubrique diversité culturelle.

Pour s'affirmer une culture doit faire le trie entre ce qui est objectif et ce qui ne l'est pas, ce qu'elle ne peut pas continuer à soutenir, et prendre une conscience critique de ses limites dans la compréhension même qu'elle a des autres cultures. C'est François Lyotard qui a eu en premier cette intuition à la fin des années 1970 en parlant de « paganisme » et de « rudiments payens » dans sa description de ce qui se passe aux limites des cultures. C'est dans les limites des cultures que la pensée postcoloniale situe aujourd'hui le territoire de sa recherche. Il est nécessaire de soumettre la culture à la critique dans le cadre de ce phénomène anthropologique d'expérimentation interculturelle. Car, les marges des cultures sont à la fois des frontières, et c'est aussi des barrières. Cette position critique est rejetée par une vision républicaine de la vie. Critiquer les limites des cultures s'est s'en prendre aux cultures elles-mêmes comme mode d'existence. Par conséquent, c'est un mode d'irrespect immoral, parce qu'elles sont légitimées par leur propre consensus. La démocratie républicaine et la démocratie libérale ne peuvent pas s'attaquer aux problèmes des cultures, parce qu'elles les abritent comme des républiques culturelles en elles. C'est ça la définition du cosmopolitisme au niveau de l'intégration des cultures dans une nation, et c'est ça aussi ce que cela veut dire lorsque ça se mondialise. Cette incapacité des démocraties néo-libérales à juger et à critiquer les limites des cultures se traduit par une attitude d'ethnocentrisme des cultures. Les cultures apparaissent comme des sortes de données anthropologiques qu'il faut sauvegarder, comme on sauvegarde l'existence même de ces cultures. L'ethnocentrisme des cultures est validé par le consensus, qui est une sorte de paravent arbitraire. C'est ce consensus aveugle qui empêche la critique de se produire. Devant ce paravent, la culture ne connaît ses limites que par la connaissance qu'elle a des autres cultures.

 Les démocraties et les républiques parce qu'elles doivent défendre l'autarcie des cultures comme elles doivent défendre l'autarcie des individus et des groupes, elles forcent à reconnaître les cultures comme valides d'elles-mêmes du seul faite qu'elles existent.

 Il y a la nécessité de sortir le dialogue interculturel d'un pur rapport de compréhension et d'enregistrement, donc, d'une compréhension réciproque ou incompréhension réciproque. C'est là le lieu de validation interne de la culture, de remplacer les notions de connaissances par des notions de compréhension. Il y a la nécessité de sortir le dialogue interculturel d'un pur rapport de communication et d'enregistrement d'une compréhension ou d'une incompréhension réciproque. Il faut créer la possibilité de discerner en quoi les rapports nécessaires de complémentarité culturelle dévoilent des constantes anthropologiques, qui ne peuvent être reconnues comme telles, qu'en étant adoptés par les partenaires des diverses cultures impliquées. Ce qui est en question, c'est de porter un jugement sur ce que les autres cultures font montrer comme limites, mais en même temps, ce qui dans ces autres cultures est essentiel à la notre pour subsister. Dans ce cas, le discours critique, ce n'est pas seulement un discours critique des limites de sa propre culture. Ce n'est pas simplement quelque chose qui va contre l'ethnocentrisme, contre le consensus ethnocentré nécessairement, puisqu'il ne considère pas ce consensus ethnocentré comme une autorité et, ce discours est politiquement et moralement incorrect, mais il doit se produire comme tel, et c'est ce discernement critique qui rend possible le dialogue transculturel. Il y a une distinction entre dialogue interculturel où l'on considère que les cultures sont là comme des personnes, et en même temps, entre ce qui brise cette légitimité à priori des cultures, où il s'agit de voir les limites de sa propre culture et en même temps de voir ce qui dans les autres cultures est essentiel a la notre pour se développer.

 Le dialogue transculturel se fonde sur des constantes anthropologiques qui sont disséminées dans diverses cultures et qui sont la plupart du temps stigmatisés sous l'aspect d'exagérations insupportables. C'est dans le discours critique, que les frontières propres aux diverses cultures peuvent être repérées, et qui peuvent comporter des données, dont ont à soi-même besoin pour vivre dans sa propre culture. On ne peut le savoir, si l'on fait seulement une étude descriptive de ces cultures. Mais si on fait ce que les moralistes ou les économistes appellent une lecture évaluative, ici, une lecture critique des conditions de vie que donne une culture et que ne donnent pas les autres.

Car, le respect des cultures dans le dialogue interculturel ne peut pas se limiter à une attitude formelle de reconnaissance d'une autre culture, à la façon dont le droit nous oblige à respecter le droit à l'existence d'une autre personne. Même au niveau juridique, on est en droit de critiquer la culture du droit dans laquelle on est. On peut proposer comme loi, par exemple, des transformations du droit concernant les femmes, la laïcité, etc., parce qu'il faut pouvoir neutraliser ce qui produit une mentalité qui d'avance rend taboue toute parole. Il faut reconnaître la culture comme le lieu ou l'institution politique est le modèle de la culture elle-même. Pouvoir donc maîtriser la totalité de ce qui se passe, et par conséquent ne pas pouvoir reconnaître des erreurs graves dans le traitement de conditions de minorités, tels, les non jeûneurs, les femmes isolées, etc., comme manquement aux rapports culturels de base pas de compréhension et de reconnaissance à proprement parler.

Le dialogue interculturel ne peut pas reconnaître seulement la culture comme une autre personne, comme une personne morale. C'est la façon dont le droit nous oblige à reconnaître les cultures, et les missions des diversités culturelles à limiter d'avance le dialogue interculturel en le neutralisant complètement, tout en considérant que la morale est une partie de l'humanité et, par conséquent, il faut être moralement juste à l'égard des cultures, et puis, aseptiser le rapport aux autres cultures, comme si d'avance on fût moralement incorrecte d'analyser son bien-fondé. La culture et le régime politique, dans lequel on est empêché d'avance à cela, ne produisent pas seulement de l'injustice, mais des actes de barbarie, par exemple, les manifestations d'intolérance contre les femmes isolées, la destruction des biens d'autrui du seul faite qu'ils fonctionnent comme des lieux de liberté, le lynchage et la pénalisation de non jeûneurs, etc., qui se produisent régulièrement au sein de notre autarcie culturelle.

 Le dialogue interculturel ne peut rester tout simplement cosmopolitique. Car, rester dans ces relations cosmopolitiques, c'est valider une égalité formelle entre cultures analogues à celles que le droit veut promouvoir entre citoyens autonomes. Donc, les conceptions de la mondialisation alternative qui veulent établir des citoyennetés du monde, elles sont encore balisées par cette idéologie de la morale du dialogue interculturel, comme si ce fût un dialogue entre personnes. Il doit être un respect exercé dans l'acte même de critique par lequel une culture reconnaît devoir intégrer ce qui lui manque et qui a servi de base avec la culture avec laquelle elle est en dialogue. Le manque de la culture, c'est le consensus qui apparaît purement formel, qui prétend être l'émanation des lois du monde, parce que les lois des hommes sont considérées ici, comme si elles étaient des lois du monde. Mais ces lois ne sont que des règles, et, par conséquent, ce sont des règles établies par consensus. Et le dialogue interculturel se m'eut selon ces règles, justement dans les limites du dialogue libéral, et ses limites, ne sont que les limites de la bulle du consensus économico politico culturel.










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