Algérie

en Europe de l'Est, on oblige la réalisation d'un gîte pour les chauves-sourisMourad Ahmim. Enseignant-chercheur à l'université de Béjaïa



en Europe de l'Est, on oblige la réalisation d'un gîte pour les chauves-sourisMourad Ahmim. Enseignant-chercheur à l'université de Béjaïa
-Où sont localisées les chauves-souris en Algérie 'Selon les biotopes qu'ils occupent, les chiroptères d'Algérie se répartissent en quatre grands groupes. Le plus grand, qui comprend 14 espèces, est constitué par les troglophiles qui sont celles qui hivernent dans les grottes et cavités artificielles. En été, période de reproduction, elles recherchent des abris plus chauds comme les combles, les toits de maison, les ruines et crevasses rocheuses superficielles. Les espèces lithophiles, qui vivent dans les crevasses rocheuses et les fissures des murs, sont au nombre de quatre. On compte également quelques espèces phytophiles qui vivent dans les feuillages des arbres, écorces des troncs et branches, forêts et milieux boisés, et des espèces anthropophiles qui vivent sous les toits et les murs internes des habitations humaines, sous les ponts des agglomérations, et qui chassent autour des poteaux électriques. 68% du patrimoine chiroptérologique algérien se trouvent dans la zone littorale, 53,84 % et 50% des espèces dans l'Atlas saharien et l'Atlas tellien et 38,46% et 34,61% respectivement dans les Hauts-Plateaux et hautes plaines et au Sahara. Nous n'avons aucune donnée sur le nombre d'individus que cela représente, comme par ailleurs nous ne sommes pas tout fait fixés sur le nombre d'espèces. Beaucoup de chercheurs pensent que ce dernier pourrait être bien supérieur à 25.
-Y a-t-il des perspectives pour les chauves-souris en Algérie '
Oui et non. D'abord, il y a du positif, car depuis l'année dernière, le décret 235-12 protège toutes nos chauves-souris, malheureusement on ne voit rien sur le terrain. L'Algérie a entrepris de nombreux grands chantiers, surtout routiers, et beaucoup de cavités et de grottes ont été remblayées ou carrément détruites. Les travaux publics devraient être informés de l'ampleur des dégâts causés avec la destruction des colonies de chiroptères. Il y a de surcroît peu de travaux scientifiques sur le sujet. Les derniers en date sont de Kowalski en 1991. Les connaissances que nous avons actuellement proviennent des travaux de Anciaux de Faveaux (1976), et de Gaisler (1983, 1984 et 1986). La chiroptérologie est certes une spécialité qui demande beaucoup d'efforts ? grimper, faire de la spéléologie, travail crépusculaire, etc. ? mais cela n'empêche pas que quelques étudiants se sont lancés dans cette spécialité à Tlemcen, Annaba, Alger et Béjaïa.
-Quel avantage aurait l'Algérie à protéger scrupuleusement les chauves-souris '
Je vais répondre par un exemple probant qui devrait nous concerner tout particulièrement au regard des invasions de moustiques dont se plaignent nos concitoyens. Dans certains pays d'Europe de l'Est (Pologne, Roumanie, Tchéquie), les gens étaient empêchés de dormir tant il y avait de moustiques. Une solution pratique et écologique a été trouvée et les gens ont retrouvé le sommeil. On a simplement introduit une clause dans le permis de construire obligeant la réalisation d'un petit gîte à chiroptères pour permettre aux chauves-souris de s'installer. Du coup, on a éliminé les moustiques et on a fait des économies d'insecticides. Nous espérons dans un avenir proche travailler avec la direction générale des forêts et le ministère de l'Environnement à la mise en place d'un réseau de suivi des chauves-souris. Il y a aussi l'idée d'un Algerian Bat Group qui a été lancée et nous espérons va aboutir.




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