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En Espagne, la réforme bancaire a un coût: 25.000 emplois en moins



Alors que les banques espagnoles concentrent les inquiétudes des marchés, les syndicats alertent, eux, sur la lourde facture sociale déjà payée par le secteur, pour réduire sa taille: en trois ans, plus de 25.000 emplois ont été détruits, dans un pays au chômage record.
Les chiffres de la Banque d'Espagne sont sans appel: en 2011, le secteur employait 243.041 personnes, bien loin des 270.855 salariés de 2008. Le nombre d'agences bancaires est passé de 45.662 à 39.843.
"La situation est grave", commente José Miguel Villa, secrétaire général de la fédération services du syndicat UGT. Et "surtout, ce qui nous préoccupe, c'est que le processus n'est pas terminé, avec les nouvelles opérations de fusions qui menacent à nouveau des milliers d'emplois".
Dernière nouvelle en ce sens, tombée le 24 mai: la suppression, via des départs volontaires, de 1.500 postes chez Banca Civica, soit 20% du personnel, pour permettre son intégration dans la banque catalane CaixaBank.
Avant elle, 1.300 emplois ont notamment disparu avec le rachat d'Unnim par BBVA et plus de 4.000 chez Bankia, née de l'union de sept caisses et qui va faire l'objet du sauvetage public le plus cher de l'histoire du pays (23,5 milliards d'euros).
Les banques espagnoles vivent depuis trois ans une vaste restructuration qui s'est traduite par de nombreux rachats et la réduction du nombre de caisses d'épargne, entités considérées comme les plus fragiles, de 45 à une dizaine.
Cette vague de fusions vise à réduire la taille d'un secteur bancaire jugé disproportionné en Espagne.
"Il s'est beaucoup surdimensionné avec la bulle immobilière", alors que "l'activité immobilière telle qu'on l'a connue ne va pas revenir", estime José Maria Martinez Lopez, secrétaire général de la fédération services financiers du syndicat CCOO.
La situation actuelle "est le produit de la crise, de l'excès d'investissement dans la brique dans notre pays", renchérit José Miguel Villa. Emportée par une frénésie de construction, l'Espagne a bâti, à partir de 2000, environ 700.000 logements par an, autant que la France, l'Allemagne et l'Angleterre réunies, jusqu'à l'engorgement de 2008, au moment même où démarrait la crise financière.
Et le secteur bancaire, qui a prêté à tout-va, aux promoteurs comme aux ménages, a désormais sur les bras 184 milliards d'euros de crédits problématiques et d'immeubles et terrains saisis ce qui le fragilise et le place en ligne de mire des investisseurs.
Tout en assainissant son bilan, il doit encore diminuer de taille, estiment les analystes: "le système financier espagnol souffre d'un excès de capacité qui n'a été corrigé que partiellement", notent Santiago Fernandez de Lis et Jorge Sicilia, économistes en chef du service d'études de BBVA, dans un récent article.
"Il faudrait fermer encore 8.000 agences" et "cela suppose de réduire le personnel d'environ 35.000 personnes", estiment-ils.
Une autre étude, de l'Institut d'études boursières (IEB), est plus sévère encore: selon lui, le secteur devrait fermer dix agences par jour dans les trois prochaines années et se séparer de plus de 41.000 salariés.
La perspective glace les syndicats, alors que le pays affiche déjà le taux de chômage le plus élevé du monde industrialisé, 24,44%.
"Jusqu'à présent, l'ajustement n'a pas été si traumatisant, parce que nous avons été capables de nous mettre d'accord (avec la direction) sur les conditions de sortie du personnel", avec surtout des départs volontaires ou en pré-retraite, raconte José Maria Martinez Lopez.
Mais "le risque est que maintenant, dans cette deuxième phase, ces accords ne soient pas possibles parce que la situation des banques est pire et qu'il n'y ait pas assez d'argent pour prendre des mesures le moins traumatisantes possible".




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