Malgré les menaces du pouvoir, les pro-Morsi restent dans la rue (reuters)Bien qu'il ait proclamé mercredi l'échec de la médiation internationale tentée pour trouver une issue pacifique à la crise en Egypte, le nouveau pouvoir mis en place par les militaires s'est pour l'instant abstenu de mettre à exécution sa menace d'un démantèlement par la force des rassemblements organisés par les Frères musulmans, dont est issu Mohamed Morsi. Les diplomates américains et européens dépêchés sur place pour tenter cette médiation ont quitté Le Caire mercredi. Une personne impliquée dans ces efforts diplomatiques a toutefois déclaré que le blocage n'était pas encore définitif. Le nouveau pouvoir et les Frères musulmans pourraient encore éviter la confrontation et prendre chacun de leur côté des initiatives susceptibles d'établir un climat de confiance mutuelle afin de parvenir à une solution négociée par le biais de discussions directes ou indirectes. "Ce n'est pas encore fini", a dit ce diplomate. "Cela pourrait marcher mais nous n'avons aucune garantie. Tout est très fragile."
Une « sortie honorable » pour Morsi
Pour les diplomates, le règlement de la crise passe par une sortie honorable accordée à Mohamed Morsi, détenu par l'armée, par l'acceptation par les Frères musulmans du nouvel ordre politique mis en place par les militaires, par la libération de tous les prisonniers politiques arrêtés depuis la destitution du président et par un rôle politique laissé aux Frères musulmans à l'avenir. Des sources au sein du gouvernement et de l'armée disent aussi que les discussions ne sont pas totalement rompues mais gelées le temps de calmer la colère populaire à l'égard de ce qui est perçu comme une ingérence étrangère dans les affaires du pays. Il s'agit aussi de faire accepter ce que certains considèrent comme un revirement des autorités, prêtes à discuter avec les Frères après les avoir diabolisés pendant des mois.
ElBaradeï caution « libérale » de l'armée
Selon une source militaire, les autorités s'abstiennent aussi d'employer la force contre les rassemblements des Frères musulmans de crainte de voir Mohamed ElBaradeï démissionner de son poste de vice-président le cas échéant, ce qui priverait le nouveau pouvoir mis en place par l'armée d'une importante caution libérale. Le Premier ministre par intérim, Hazem el Beblaoui, s'est rendu en compagnie du ministre de l'Intérieur auprès des Forces de la sécurité centrale, l'un des principaux corps chargés du maintien de l'ordre en Egypte, dans le souci apparent d'apaiser les ardeurs des plus impatients d'en découdre avec les islamistes. "Il leur a garanti que le gouvernement plaçait la sécurité en tête de ses priorités et qu'il ne saurait y avoir de stabilité dans la société sans une sécurité fondée sur le droit et qui préserve la souveraineté de l'Etat et la vie et les biens de ses citoyens", déclarent les services du chef du gouvernement dans un communiqué.
Ambiance festive
Des milliers de manifestants ont convergé dans une ambiance festive vers un campement des Frères musulmans dans le nord-est du Caire afin d'y participer à des prières et à un rassemblement au premier jour de l'Aïd el Fitr, fête marquant la fin du mois sacré du ramadan pour les musulmans. "Je suis ici car je veux contribuer à faire une petite différence", a dit Ghada Idriss, une femme de 35 ans venue en voiture de la province rurale de Minya avec son mari, ses deux jeunes fils et sa fille de deux mois, Lougine. "En m'asseyant pacifiquement ici, ils comprendront et sauront que nous refusons un retour au système d'Hosni (Moubarak)", a-t-elle ajouté.
APAISEMENT
Les organisations laïques et de gauche ont aussi appelé à de grands rassemblements ce jeudi à travers l'Egypte pour soutenir ce qu'elles qualifient de révolution populaire ayant abouti à la destitution par l'armée du président démocratiquement élu à peine un peu plus d'un an auparavant. Dans un apparent geste d'apaisement, le parquet a abandonné mercredi la principale charge retenue contre le chef de la branche politique des Frères musulmans, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), Saad el Katatni, ce qui pourrait entraîner une libération prochaine. La confrérie islamiste a pour sa part autorisé une organisation de défense des droits de l'homme et une délégation du parlement européen à se rendre dans son principal campement près de la mosquée Rabaa al Adaouia, où les médias hostiles aux Frères musulmans affirment qu'ils y amassent des armes. Plusieurs responsables de la confrérie ayant échappé au coup de filet dans les rangs islamistes après la destitution de Mohamed Morsi le 3 juillet se trouvent dans ce campement. Parmi eux figurent le guide du mouvement, Mohamed Badie, d'anciens ministres et des responsables parlementaires. Les violences en Egypte depuis le renversement de Mohamed Morsi ont fait près de 300 morts, dont au moins 80 manifestants islamistes pour la seule journée du 27 juillet, et le blocage actuel fait craindre aux Etats-Unis et à l'Union européenne un nouveau bain de sang.
Reuters
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Posté Le : 08/08/2013
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Maggie Fick Yasmine Saleh
Source : www.maghrebemergent.info