Algérie

En difficulté bien avant l'après-pétrole


Depuis que les prix des hydrocarbures ont pris leur envolée à partir du début des années 2000, le gouvernement et ses institutions spécialisées nous bombardent de chiffres, taux et ratios censés démontrer la bonne santé financière du pays et le bon usage fait par les pouvoirs publics du pactole qui entre dans les caisses de l'Etat. C'est une bonne chose, évidemment, que nos dirigeants se contraignent à cet exercice de transparence. Le commun des citoyens sait au moins approximativement, en prenant connaissance de ces informations, où en est le pays financièrement. La balance commerciale de l'Algérie dégage depuis quelques années un excédent financier qui a permis à nos dirigeants des initiatives, dont certaines méritent d'être soulignées. Ainsi, ils ont pratiquement épongé la dette extérieure nationale et ont, en parallèle, engagé des chantiers pharaoniques dont la nécessité et l'utilité ne sont pas contestables. Le reliquat d'argent qui s'accumule est placé dans des fonds auxquels l'Etat recourt quand les nécessités l'imposent. Financièrement donc et à en croire les chiffres fournis par les pouvoirs publics, tout irait bien dans le meilleur des mondes pour le pays, au moins au plan financier. Sauf que, et les autorités sont muettes sur ce point, l'année 2007 fait apparaître une érosion qui va s'amplifiant des rentrées financières et des économies réalisées. Les causes directes en sont la baisse du dollar et le surenchérissement consécutif de l'euro, ainsi qu'une diminution du volume des exportations des hydrocarbures. Nos exportations d'hydrocarbures étant libellées en dollars et une part substantielle de nos importations en euros, il est inévitable que notre excédent financier se rétrécisse. D'autant plus que les produits qui consomment la part la plus conséquente de l'enveloppe des importations sont sujets à une envolée des prix flambante sur le marché mondial. Certains experts économistes avancent que cette situation se traduit par la diminution d'un tiers des réserves annuelles du pays. Et tout comme ils ont prédit que le prix des hydrocarbures se maintiendra longtemps dans les hauteurs, ils soutiennent également que les causes qui érodent les rentrées financières du pays sont elles aussi appelées à durer dans le temps, voire que leurs effets négatifs sur celles-ci vont s'amplifier. Cela nous amène à avancer la crainte que notre pays risque de retomber dans les difficultés financières avant «l'après-pétrole». Comment ne pas nourrir une pareille crainte quand nos gouvernants se contentent de déplorer l'évaporation substantielle des rentrées financières, sans pour autant prendre des dispositions pour au moins en diminuer l'ampleur. Quand ils se contentent de revenir au réflexe de la «traite de la vache à lait» pour faire face à ses retombées négatives au plan intérieur. Rien de conséquent n'est fait pour préparer le pays à cet «après-pétrole». Il semble au contraire que la relative aisance financière dont dispose le pays fait perdre à ses dirigeants le sens de la gravité de la situation qui sera celle du pays à cette échéance. Tout ce qu'ils ont fait en presque une décennie n'a pas réduit d'un cran la dépendance de l'Algérie à ses ressources en hydrocarbures, ni celle alimentaire à l'égard de l'étranger. Ils nous ont bien promis la mise en oeuvre d'une stratégie industrielle censée, de leur point de vue, sortir le pays de cette impasse. Le rideau tombé sur la grande kermesse qu'ont été les assises ayant encensé cette intention, le gouvernement est retourné à sa politique, celle qui consiste à subir et à distribuer, sans vision globale, l'argent qui malgré tout continue (jusqu'à quand ?) à entrer dans les caisses de l'Etat.
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)