Publié le 30.12.2023 dans le Quotidien l’Expression
Ce sont onze nouvelles qui se lisent d’une traite. Ca aurait pu être tout aussi un roman tant l’histoire est une et indissociable…
Mais l’auteur a préféré la décliner en plusieurs chapitres. C’est l’histoire de Abledhadi, qui se remémore, à travers ces 88 pages, son passé, partant de son enfance, depuis ses sept ans, dans les années 1980, à son adolescence jusqu’à devenir adulte, 30 ans après. Un livre qui se lit comme un journal intime, tant il est truffé de petites scénettes anecdotiques, des plus touchantes les unes des autres. Sensible et rêveur, réservé et naïf, Abdelhadi, originaire de la ville d’Oran, dépoussière ses souvenirs d’enfant, « en dépit du temps », comme l’indique le titre de ce recueil de nouvelles. Dans ce récit d’une bouleversante authenticité, Mehdi Messaoudi invite le lecteur à faire connaissance avec des personnages et une époque où Abdelhadi cherchait un coin d’amour dans un espace bien trop grand pour lui. Pour se construire il trouvera de l’affection chez ses grands –parents qu’il adorait, son chat gris qu’il voulait sauver, ses cousins qu’il disputait, le citronnier du jardin qu’il vénérait, ses copains de classe qu’il n’a jamais oubliés et même le terrifiant chien Rex qu’il défiait. Onze moments clés de sa vie et onze nouvelles qui ponctuent cet ouvrage où le narrateur dira « ma tranquillité n’a jamais cessé d’être taquinée. Et malgré ces diverses nuisances endurées...
Jamais je ne sus perdre mon sourire » dans la nouvelle chambrette. « Nas le petit vieux », « vingt-quatrième », «Rex la terreur », « le gris », « les coulisses de la villa n° 13 », « triple tannées », « Sidi Boumedienne », « la chambrette », « le citronnier » et enfin « A mes amis perdus » sont les titres de ces nouvelles qui nous plongent dans le passé ou présent de Abdelhadi.
De réminiscence et d’émotion
Et de se rappeler la première fois où il est rentré en classe et son attachement à sa camarade, belle comme un ange, le jour ou il vomira chez la dentiste car elle se moquait de lui, de ses notes de classe à l’école et le harcèlement qu’il subissait de la part de sa sœur, Kahina, de dix ans son aînée, le chien Rex, mais aussi Lola, qui un jour brisera les pattes du petit chat gris dont il a fallu s’en séparer provoquant en lui une profonde déchirure dans l’âme…
Abdehadi s’adresse aussi à sa mère, une fois devenu grand en lui rappelant la férocité des trois gifles qu’elle lui avait asséné un jour, alors qu’il voulait juste voir son assiette aussi bien remplie que celle de ses cousins…
Il se rappellera aussi la bonté indéfectible de son grand père qui lui pardonnait tout et la tendresse de sa grand-mère, qui une fois décédée, héritera de sa chambre donnant pourtant sur la maison d’un voisin des plus calamiteux et irresponsable… jusqu’à évoquer son départ d’Oran mais aussi le souvenir indélible de ses camarades et amis de classe. Mehdi Messaoudi utilise le premier présent du singulier.
Introspection enfantine
Le « je », mais l’imparfait du singulier aussi bien sûr, qui vient nous introduire déreshef dans le quotidien de ce jeune garçon pétri d’innocence et de malice. Mehdi Messaoudi écrit onze nouvelles pétries de tendresses dont certaines fonctionnent véritablement comme des madeleines de Proust, tant ses scènes cocasses ne sont pas sans nous rappeler certains moments phares de notre enfance.
La littérature de Mehdi Messaoudi est si descriptive qu’elle nous immerge d’emblée dans la réalité de cette petite famille, entre vacarme, amour et dispute, la complexité du quotidien en somme, fait de bruit, de petites guerres et chamailleries entre les membres de la famille et puis de réconciliations, qui loin d’être désunis respirent la joie de vivre et la quiétude surannée du temps qui passe.
Un petit livre qui se laisse lire comme un bon croissant chaud à déguster avec un chocolat chaud en ce temps hivernal.
Un livre facile à lire, pendant cette période de vacances. Un livre publié aux Édition Apic et disponible dans toutes les bonnes librairies, au prix de 600 Da. À lire vivement. Vous ne verrez assurément pas le temps passer ! Né à Oran, en 1984, Mehdi Messaoudi est l’auteur, pour info, de deux romans : « De l’autre côté » (2021) et Pétri d’amertume (2018) et d’une nouvelle, Au milieu de champ de lavande (2017).
O. HIND
| 30-12-2023
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 01/01/2024
Posté par : rachids