En Compagnie de l’Élu Les Quraysh redoutaient beaucoup que le Prophète émigre à Yathrib. Les musulmans y étaient devenus tellement nombreux qu’ils commencaient à y avoir la main haute, notamment avec l’arrivée des émigrants de la Mecque. Si le Prophète les rejoignait, il n’était pas exclu que les musulmans attaquent la Mecque ou qu’ils coupent la route à son commerce caravanier vers la Syrie. Si les Quraysh le retenaient à la Mecque et l’empêchaient d’émigrer, les musulmans se révolteraient probablement et penseraient attaquer la Mecque en vue de libérer leur prophète. S’ils le tuaient, les Banou Hâshim et les Banou Al-Muttalib se soulèveraient et chercheraient à le venger, ce qui menace d’une guerre civile aux conséquences inconnues...Les chefs de la Mecque se réunirent donc à Dâr An-Nadwah pour discuter de cette affaire. Ils s’accordèrent unanimement sur l’idée de choisir un jeune homme robuste de chaque tribu à qui ils donneraient une épée tranchante. Tous ensemble ces jeunes élus frapperaient Muhammad comme un seul homme de manière à ce que la vengeance contre un grand nombre de tribus devienne impossible. Dans ce cas, les Banou Hâshim et les Banou Al-Muttalib n’auraient plus qu’à accepter le prix de sang. Les Quraysh pourraient enfin se reposer et la Mecque retrouverait son prestige et son unité. Par ailleurs, Abou Bakr s’apprêtait à émigrer lorsque le Prophète - paix et bénédictions sur lui - lui dit : « Patience ! J’espère avoir la permission [d’émigrer] prochainement. » Abou Bakr demanda : « L’espères-tu vraiment ? » Le Prophète répondit par l’affirmative. Abou Bakr reporta alors son voyage afin d’accompagner le Prophète - paix et bénédictions sur lui - . De même, il se chargea quatre mois durant de nourrir de feuilles d’acacia deux chamelles qu’il possédait. Allah informa Son Messager du complot que préparaient les Quraysh pour l’assassiner et lui donna l’autorisation d’émigrer. Aïcha raconte à cet effet: «Pas un jour ne passait sans que le Prophète ne vienne rendre visite à Abou Bakr à l’une des deux extrémités du jour. Quand il fut autorisé à émigrer, nous eûmes peur en le voyant arriver à midi. Quand Abou Bakr fut informé de la visite du Prophète, il dit : "Seule une affaire importante pousserait le Prophète à venir à cette heure." Aussitôt que le Prophète le vit, il lui dit : "Fais sortir les gens se trouvant chez toi !" Abou Bakr répondit: "Ô Messager d’Allah ! Il n’y a que mes deux filles." Le Prophète lui demanda: "As-tu su qu’il m’a été permis de sortir ?" Abou Bakr répondit: "La compagnie ô Messager d’Allah !" Le Prophète acquiesça : "La compagnie!" Abou Bakr dit: "Ô Messager d’Allah, j’ai préparé deux chamelles pour le voyage, prends-en une!" Le Prophète répondit : "Je la prends contre son prix..." » Le Prophète et Abou Bakr louèrent les services d’un guide chevronné des Banou Ad-Dîl. Sentant qu’ils pouvaient lui faire confiance, ils lui laissèrent leurs chamelles et lui donnèrent rendez-vous dans trois nuits, à la grotte de Thawr. Par ailleurs, le Prophète ordonna à ‘Alî Ibn Abî Tâlib de se coucher dans son lit et de se couvrir par son manteau. Il lui dit : "‘Alî, il ne t’arrivera aucun mal.". Puis, il lui commanda de rester à la Mecque trois jours après son départ afin de retourner en son nom les dépôts à qui de droit. ‘Alî se coucha donc dans le lit du Prophète et on rapporte à cet effet, qu’Allah dit à Gabriel et à Mikaël : «J’ai fait de vous des frères, et J’ai fait en sorte que la vie de l’un d’entre vous soit plus longue que celle de l’autre. Qui d’entre vous préfèrerait que la vie de son compagnon soit plus longue que la sienne?» Les deux choisirent la vie la plus longue. Allah leur révéla alors: N’aimeriez-vous pas être comme ‘Alî Ibn Abî Tâlib?! J’ai fait de lui et de Muhammad des frères, alors il s’est couché dans son lit, sacrifiant ainsi sa vie pour lui et le préférant à sa propre personne. Descendez donc sur terre et protégez-le». Gabriel et Mikaël descendirent alors protéger ‘Alî Ibn Abî Tâlib contre les mécréants de la Mecque. Pendant que celui-ci dormait sur le lit du Prophète, les gens regardaient par les fentes de la porte et croyaient que la personne dormant sur le lit était Mohamed Ibn Abdallah. Puis le moment venu, le Prophète - paix et bénédictions sur lui - sortit de chez lui, ramassa une poignée de terre et en versa sur la tête de chacun d’eux en récitant la Parole d’Allah : «et Nous mîmes une barrière devant eux et une barrière derrière eux ; Nous les recouvrîmes d’un voile et voilà qu’ils ne voient point. » Â A suivre ... Cheikh Yassin Rochdi
Posté Le : 18/01/2007
Posté par : sofiane
Source : www.voix-oranie.com