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En berne, les manoeuvres dilatoires



Les chefs d'Etat et de gouvernement africains ont reçu, pour la première fois également, un «rapport exclusif et séparé» sur le dossier du Sahara occidental, de la part du président de la Commission de l'UA, Moussa Mahamat Faki.En inscrivant la question du Sahara Occidental, pour la première fois, comme un «point à part et séparé» des autres questions de l'ordre du jour du 31ème sommet de l'UA, les dirigeants africains ont une fois de plus signifié, de manière claire et édifiante, leur attachement aux résolutions de l'organisation panafricaine ainsi qu'à celles de l'ONU. Mais le fait n'est pas aussi banal qu'il y paraît, tant il apparaît que l'UA a envoyé un ultime message au royaume marocain, revenu en son giron pour appliquer ses statuts et respecter tous ses engagements en la matière, que la question sahraouie ne sera plus débattue dans le cadre «général et global des conflits» mais qu'elle devient, compte tenu des faux-fuyants et des courses désespérées contre la montre du gouvernement marocain un dossier crucial de la décolonisation totale et définitive en Afrique.
Ce n'est donc pas par hasard que les chefs d'Etat et de gouvernements ont reçu, pour la première fois également, un «rapport exclusif et séparé» sur ce dossier, de la part du président de la Commission de l'UA, Moussa Mahamat Faki qui a oeuvré à sa préparation de la manière la plus objective et la plus méthodique qui soit. Ce faisant, il donne suite à la résolution du sommet précédent de l'UA, en janvier dernier, à Addis-Abeba, appelant la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et le Maroc à engager sans délai des négociations sérieuses afin de résoudre ce conflit. Pour qui connaît l'art consommé des manoeuvres dilatoires du royaume marocain, il était évidemment peu probable que Rabat consente enfin à se départir de sa stratégie du lobbying stérile et de l'immobilisme à n'importe quel prix. Il est d'ailleurs à relever que le sommet se tient alors que le pays hôte accueille également le président français Emmanuel Macron dont nul n'ignore qu'il soutient à bout de bras le Maroc, envers et contre toute la communauté internationale, dans cette question. Officiellement, il s'agit pour lui de focaliser davantage l'attention sur les enjeux au Sahel, à la faveur d'une réunion du G5 convoquée deux jours après un attentat suicide perpétré vendredi au Mali contre le QG de la force conjointe du G5 Sahel, lancée en 2017, attentat qui a fait trois morts, dont deux militaires de cette force. Mais rien n'interdit de penser qu'il sera fait appel, à l'occasion de cette messe sahélienne, à une union sacrée autour du Maroc pour lui permettre d'échapper une fois de plus, mais une fois de trop doit-on espérer, à la revendication légitime du référendum sur l'autodétermination du peuple sahraoui, un référendum auquel il s'était pourtant engagé voici des décennies. Comme dit l'adage, il n'est pire aveugle que celui qui ne veut rien voir. Le drapeau de la RASD a flotté pour la première fois à Nouakchott, à l'occasion de la tenue du 31ème sommet de l'organisation panafricaine. Et cette image constitue, bon gré mal gré, la promesse que le même drapeau finira, tôt ou tard, par flotter librement sur le territoire aujourd'hui occupé illégalement par le royaume marocain. Le courage et la lucidité politique voudraient que, conscient de cette inéluctabilité, le Maroc s'affranchisse des basses oeuvres et des rendez-vous manqués pour entamer des négociations véritables avec le Polisario en vue de rendre à la région maghrébine ainsi qu'au continent africain tout entier leurs espérances et leurs aspirations légitimes.


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