Algérie

En attendant un autre ordre de mission



Après une année de vaches maigres, les parlementaires vont prendre, à partir d'aujourd'hui, leurs vacances. Les deux Chambres vont organiser, chacune de son côté, les cérémonies de clôture de la session annuelle. Mais les députés et sénateurs peuvent être rappelés à tout moment. Au sein des deux hémicycles du boulevard Zighoud-Youcef, députés et sénateurs vont assister, cette matinée, à la clôture de la session parlementaire de la saison 2019-2020. Ils vont écouter, comme d'habitude, les discours laudateurs de Slimane Chenine, président de l'APN, et de Salah Goudjil, le nonagénaire président du Conseil de la nation. La cérémonie se déroulera, en présence du Premier ministre et des membres du gouvernement. C'est la tradition.Les deux Chambres du Parlement, qui ne grouilleront pas forcément de monde puisque cela fait longtemps que la plupart des parlementaires ne viennent plus aux séances de leur institution, vont tenter de faire le bilan de leurs activités durant l'année écoulée. Ils ne trouveront pas grand-chose à défendre. De la loi de finances complémentaire 2020, de l'amendement apporté en urgence au code pénal pour réprimer davantage ceux qui s'expriment sur les réseaux sociaux, en passant par la loi sur les hydrocarbures et d'autres textes de moindre importance, le bilan est maigre.
Il l'est davantage concernant le rôle de force de proposition que doit jouer une assemblée des "représentants du peuple". Déconnectée de la réalité populaire, l'APN est aujourd'hui une institution isolée. Elle continue d'exister et de faire passer les propositions de lois émises par le pouvoir en place comme si le pays vivait dans la période d'avant le 22 février 2020.
Preuve en est que les manifestations organisées en décembre dernier n'ont pas empêché les parlementaires d'adopter la nouvelle loi sur les hydrocarbures pourtant controversée. Et les appels du mouvement populaire ainsi que ceux de la classe politique pour la dissolution de la Chambre basse du Parlement sont restés lettre morte. Malgré son rejet par des pans entiers de la population, le Parlement va continuer à servir l'agenda du pouvoir. Ses membres vont être appelés, probablement durant leurs vacances, pour adopter l'avant-projet de révision constitutionnelle, qui est actuellement en élaboration.
Le chef de l'Etat compte ainsi faire avancer son projet le plus cher, à savoir la révision de la Constitution, avant d'appeler à des élections législatives anticipées après l'adoption définitive de la nouvelle version de la loi fondamentale par référendum au plus tard à l'automne prochain. Comme pour les fois précédentes, il n'existe aucun doute sur l'issue du vote : le projet va être adopté. En attendant la fin de la législature actuelle (que soit par le biais d'élections anticipées ou dans le respect des délais actuels, donc en mai 2022), les partis majoritaires actuels, le FLN et le RND, se préparent déjà à l'Algérie "de demain".



Ali Boukhlef


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